Réanimation cardiorespiratoire

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Réanimation cardiorespiratoire (RCR)
Procédure

Procédure
Système Cardiaque
Informations
Autres noms Réanimation cardiopulmonaire
Wikidata ID Q185325
Spécialités Médecine d'urgence, anesthésiologie

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La réanimation cardiorespiratoire (RCR) est un ensemble d'interventions effectuées pour assurer l'oxygénation et la circulation du corps pendant un arrêt cardiaque. Cette technique permet d'alimenter en oxygène le cerveau et les autres organes vitaux jusqu'à l'arrivée d'intervenants médicaux avancés.

Pour la réanimation en milieu hospitalier, voir ACLS.

Les directives les plus largement acceptées en Amérique du Nord sont celles produites par l'American Heart Association (AHA) [1][2].

Indications

Les indications de la RCR :

Contre-indications

Les contre-indications de la RCR :

  • La réanimation pose un risque pour la victime ou pour la personne venant en aide (préférable d'appeler les SMU et d'attendre leur arrivée avant d'intervenir)
  • Tous peuvent tenter la RCR, mais il est recommandé de suivre une formation auprès d'un organisme reconnu afin d'effectuer les manoeuvres plus efficacement.

Évaluation

L'évaluation comporte deux étapes [3] :

  1. La vérification des lieux
  2. L'évaluation de l'état de la personne
Lieux S'assurer rapidement que le lieu est sécuritaire pour la personne venant en aide, les témoins et les personnes blessées.

Rester attentif aux possibles dangers, tels les fuites de gaz ou de produits chimiques, l'approche de véhicules, la présence d'un courant électrique, etc.

Si le lieu est jugé dangereux, le 9-1-1 doit être signalé et tous doivent rester à l'écart. Notez bien que l'état des lieux est dynamique et nécessite d'être réévalué en tout temps, puisqu'un lieu jugé sécuritaire pourrait ne plus l'être à tout moment, et vice-versa.

État de la personne État de conscience Vérifier rapidement la réaction de la personne à notre approche et lorsqu'on lui parle : est-ce que la victime répond, bouge, gémit, ouvre les yeux ? Il est possible de légèrement pincer les trapèzes de la victime afin d'observer si celle-ci réagit.

Si aucune réaction n'est observée : La victime est inconsciente et il faut procéder à l'ABC.

ABC Voies respiratoires
Ouverture des voies respiratoires
S'assurer que les voies respiratoires sont ouvertes. Basculer la tête de la victime vers l'arrière : Placer une main sur le front de la victime, placer les doigts de l'autre main sous le menton, soulever doucement le menton jusqu'à ce qu'il pointe vers le haut. Ceci permet de dégager la langue et d'ouvrir l'épiglotte pour faire passer l'air aux poumons.
Respiration Vérifier si la victime respire pendant quelques secondes. Approcher son visage de celui de la victime afin d'entendre ou sentir une respiration. Observer si le thorax se soulève.[note 1]
Circulation Une respiration normale signifie que le coeur bat toujours. Vérifier la victime de la tête aux pieds afin d'observer des signes d'hémorragie externe à contrôler avant d'effectuer les compressions thoraciques.

Anatomie

Anatomie de surface du coeur

Le coeur est situé entre le 2e et 5e espace intercostal sur la ligne médiane (vis-a-vis le sternum). Il est entouré des poumons de chaque côté et du diaphragme dans le bas. Les compressions thoraciques seront effectués au niveau du sternum, afin de comprimer le coeur et de propulser le sang aux organes vitaux.

Préparation

Avant de débuter la RCR [3]:

  1. Contacter les SMU/9-1-1.
  2. Aller chercher un DEA (défibrillateur externe automatisé) et une trousse de premiers soins (demander à un témoin ou y aller soi-même). L'application DEA-Québec permet de localiser les DEA à proximité.
  3. Placer la victime sur le dos, les bras le long du corps.
  4. Mettre la valve anti-retour dans l'embout du masque de poche, déposer celui-ci à proximité.

Une anomalie dans l'ABC est une indication d'appeler les secours : si l'état de conscience de la victime est atteinte, si elle ne respire pas ou anormalement, ou s'il y a signe d'hémorragie. Appeler avec un téléphone cellulaire que vous pourriez mettre sur main-libre si possible. Si aucun appareil sans fil n'est disponible, demander à un témoin (si présent) d'appeler à un téléphone à proximité. Si seul, rendez-vous le plus rapidement possible à une téléphone afin de contacter les services d'urgence et revenir auprès de la victime par la suite.

Technique

Positionnement des mains pour les compressions thoraciques

La technique de RCR comprend 2 étapes[note 2] :

  1. Les compressions thoraciques
  2. Les insufflations
RCR[3]
Compressions thoraciques
  1. Placer les mains l'une par-dessus l'autre et se centrer par rapport au thorax de la victime, au niveau du corps du sternum (voir l'image ci-contre).
  2. Comprimer le thorax d'environ 5 cm (2 pouces) et le laisser se décomprimer par la suite.
  3. Faire 30 compressions à un rythme régulier (100-120 compressions/min).
Insufflationss secours[note 3][4][5]
  1. Déposer le masque de poche sur le visage de la victime afin de couvrir la bouche et le nez.
  2. Sceller le masque au niveau du nez avec une main et le pincer au niveau du menton avec l'autre.
  3. Basculer la tête vers l'arrière pour dégager les voies respiratoires (en supposant qu'il n'y a pas de suspicion de lé

irconstances atténuantes empêchent un professionnel de la santé en milieu extrahospitalier de pratiquer la respiration artificielle sans dispositif de barrière, une RCR par compression uniquement doit être pratiquée jusqu'à l'arrivée des secours.

Le cycle de compressions-insufflations peut être interrompu par l'arrivée du DEA, par un changement dans l'état de la victime ou encore l'arrivée des SMU:

  • DEA
    • Appliquer les électrodes à l'avant et à l'arrière du patient.
    • Écouter les instructions verbalisées par le DEA.
    • Si le DEA conseille un choc, arrêter les compressions thoraciques et rester à l'écart du patient jusqu'à ce que la défibrillation soit terminée.
    • Une fois la défibrillation terminée, ou si aucun choc n'est conseillé, reprendre immédiatement les cycles de compressions thoraciques et de respirations de secours jusqu'à ce qu'une aide supplémentaire arrive.[1]
  • Changement d'état
    • Observer tous changements d'état de la victime (ex : vomissement, mouvement, convulsions, reprise de conscience, etc).
    • Réévaluer la victime à l'aide de l'ABC.
    • Si la victime à un pouls ou respire, la placer dans une position latérale de sécurité et attendre les SMU.
    • Si la victime est toujours en arrêt cardiorespiratoire, poursuivre la RCR.

Complications

Les principales complications durant la RCR sont :

  1. vomissement
  2. fracture de côtes et du sternum
  3. décès

Vomissement

Si la tête n'est pas assez basculée vers l'arrière ou que trop d'air est soufflé dans la bouche, le risque est de pousser l'air dans l'estomac et de provoquer un vomissement. Le danger ici est que la personne non réactive aspire le contenu de l'estomac dans ses poumons, ce qui diminue les chances de reprendre conscience[3].

Si la victime vomit[3] :

  • Tourner la personne sur le coté face à nous.
  • Nettoyer la bouche de la victime avec nos doigts.
  • Replacer la personne sur le dos.
  • Réévaluer rapidement l'ABC.
  • Si la personne ne respire toujours plus et n'a pas de pouls, poursuivre la RCR.

Fractures côtes-sternum

Les compressions thoraciques lorsqu'elles sont exécutées correctement peuvent provoquer des fractures des côtes, qui peuvent être compliquées par un pneumothorax.[1] La fracture du sternum est également possible. Ceci sont des complications qui seront évaluées et prises en charge en milieu hospitalier.

Décès

Ceci est une complication de l'arrêt cardiaque et non directement de la RCR. Tous les systèmes organiques peuvent souffrir de lésions ischémiques par manque d'oxygénation. Selon les données AHA de 2015, la survie à la sortie de l'hôpital chez les patients qui subissent un arrêt cardiaque hors de l'hôpital reste faible à 10,6%. 8,3% des patients en arrêt cardiaque hors de l'hôpital seront libérés avec une bonne fonction neurologique. Les arrêts cardiaques témoins chez les patients recevant une RCR de haute qualité ont un meilleur pronostic, avec 25,5% des patients ayant survécu à la sortie de l'hôpital.[1]

Chez le nourrisson et l'enfant

Tous les autres aspects de la RCR suivent les directives pour adultes, y compris le démarrage du processus avec la séquence de compression d'abord (CAB) et le taux de compression étant de 100 à 120 par minute[1].

RCR chez le nourrisson (0-1 an)

Si le secouriste est seul et n'est pas à proximité d'un téléphone, il doit effectuer 5 séries de 30 compressions pour 2 insufflations avant d'appeler le 9-1-1. Ensuite, il prend l'enfant avec lui pour aller appeler les SMU et chercher un DEA avant de poursuivre la RCR[6][1].

  • Compressions : 2 doigts au milieu de la poitrine, sous la ligne des mamelons (100-120/min). Le sternum doit être enfoncé jusqu'à une profondeur d'environ 1/3 du diamètre antéropostérieur de la poitrine; c'est environ deux pouces chez l'enfant et 1,5 pouces chez le nourrisson.
  • Insufflations : Juste assez d'air pour soulever le thorax (durée d'une seconde).

RCR chez l'enfant (1 an à la puberté)

Les compressions thoraciques sur un enfant sont effectuées en plaçant le talon d'une ou deux mains (selon la taille de l'enfant) sur la moitié inférieure du sternum[1].

Contexte légal

Au Québec, la Charte des droits et libertés de la personne évoque que "tout être humain dont la vie est en péril a droit au secours. Toute personne doit porter secours à celui dont la vie est en péril, personnellement ou en obtenant du secours, en lui apportant l’aide physique nécessaire et immédiate, à moins d’un risque pour elle ou pour les tiers ou d’un autre motif raisonnable."[7] Le témoin d'un arrêt cardiopulmonaire se doit d'effectuer les manoeuvres de RCR au meilleur de ses capacités et d'appeler les secours.

Notes

  1. Une respiration présente, mais anormale peut signaler une respiration agonale. Celle-ci est courte, sporadique et superficielle. Elle témoigne d'un réflexe du tronc cérébral qui envoie des impulsions résiduelles au diaphragme en état d'hypoxie grave. C'est une respiratoire inefficace qui signe un d'arrêt cardiaque. Une personne avec une respiration agonale nécessite une réanimation cardiopulmonaire immédiate.
  2. La technique décrite ici est destinée à un fournisseur de soins de santé effectuant une RCP à un seul sauveteur sur une victime adulte en milieu extrahospitalier. Les modifications pour les enfants, les nourrissons et la RCR à l'hôpital sont énumérées ci-dessous. Ces recommandations sont à jour à partir de la mise à jour 2018 des lignes directrices de l'American Heart Association pour la RCR et les soins cardiaques d'urgence.
  3. Si des circonstances atténuantes empêchent un professionnel de la santé en milieu extrahospitalier de pratiquer la respiration artificielle sans dispositif de barrière, une RCR par compression uniquement doit être pratiquée jusqu'à l'arrivée des secours.

Références

__NOVEDELETE__
  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 et 1,6 Amandeep Goyal, Joseph C. Sciammarella, Austin S. Cusick et Pujan H. Patel, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 29261985, lire en ligne)
  2. Huu Tam Truong, Li Shien Low et Karl B. Kern, « Current Approaches to Cardiopulmonary Resuscitation », Current Problems in Cardiology, vol. 40, no 7,‎ , p. 275–313 (ISSN 1535-6280, PMID 26071014, DOI 10.1016/j.cpcardiol.2015.01.007, lire en ligne)
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 et 3,4 « Impact Santé+ Cours de RCR et secourisme », sur Impact Santé+ Rcr, Dea, Secourisme, Premiers soins (consulté le 7 décembre 2020)
  4. Xueli Liao, Bihua Chen, Hui Tang et Yanze Wang, « [Effects between chest-compression-only cardiopulmonary resuscitation and standard cardiopulmonary resuscitation for patients with out-of-hospital cardiac arrest: a Meta-analysis] », Zhonghua Wei Zhong Bing Ji Jiu Yi Xue, vol. 30, no 11,‎ , p. 1017–1023 (ISSN 2095-4352, PMID 30541638, DOI 10.3760/cma.j.issn.2095-4352.2018.011.002, lire en ligne)
  5. Leif Svensson, Katarina Bohm, Maaret Castrèn et Hans Pettersson, « Compression-only CPR or standard CPR in out-of-hospital cardiac arrest », The New England Journal of Medicine, vol. 363, no 5,‎ , p. 434–442 (ISSN 1533-4406, PMID 20818864, DOI 10.1056/NEJMoa0908991, lire en ligne)
  6. Ian K. Maconochie, Allan R. de Caen, Richard Aickin et Dianne L. Atkins, « Part 6: Pediatric basic life support and pediatric advanced life support: 2015 International Consensus on Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science with Treatment Recommendations », Resuscitation, vol. 95,‎ , e147–168 (ISSN 1873-1570, PMID 26477423, DOI 10.1016/j.resuscitation.2015.07.044, lire en ligne)
  7. « Loi du bon samaritain », Wikipédia,‎ (lire en ligne)
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