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La '''rougeole''' est une maladie virale fébrile aiguë évitable, hautement contagieuse. Elle reste une cause importante de mortalité et de morbidité mondiale, notamment dans les régions d'Afrique et d'Asie du Sud-Est.<ref name=":1">{{Citation d'un article|prénom1=William J.|nom1=Moss|titre=Measles|périodique=Lancet (London, England)|volume=390|numéro=10111|date=2017-12-02|issn=1474-547X|pmid=28673424|doi=10.1016/S0140-6736(17)31463-0|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28673424/|consulté le=2021-06-16|pages=2490–2502}}</ref><ref name=":2">{{Citation d'un article|prénom1=Johan Christiaan|nom1=Bester|titre=Measles and Measles Vaccination: A Review|périodique=JAMA pediatrics|volume=170|numéro=12|date=2016-12-01|issn=2168-6211|pmid=27695849|doi=10.1001/jamapediatrics.2016.1787|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27695849/|consulté le=2021-06-16|pages=1209–1215}}</ref> La rougeole est une [[MADO]] au Québec<ref>{{Citation d'un lien web|titre=Démarche pour les médecins - Maladies à déclaration obligatoire (MADO) et signalements en santé publique - Professionnels de la santé - MSSS|url=https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/maladies-a-declaration-obligatoire/mado/demarche-pour-les-medecins/#etape-1|site=www.msss.gouv.qc.ca|consulté le=2021-06-16}}</ref>.
La '''rougeole''' est une maladie virale fébrile aiguë évitable, hautement contagieuse. Elle reste une cause importante de mortalité et de morbidité mondiale, notamment dans les régions d'Afrique et d'Asie du Sud-Est.<ref name=":1">{{Citation d'un article|prénom1=William J.|nom1=Moss|titre=Measles|périodique=Lancet (London, England)|volume=390|numéro=10111|date=2017-12-02|issn=1474-547X|pmid=28673424|doi=10.1016/S0140-6736(17)31463-0|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28673424/|consulté le=2021-06-16|pages=2490–2502}}</ref><ref name=":2">{{Citation d'un article|prénom1=Johan Christiaan|nom1=Bester|titre=Measles and Measles Vaccination: A Review|périodique=JAMA pediatrics|volume=170|numéro=12|date=2016-12-01|issn=2168-6211|pmid=27695849|doi=10.1001/jamapediatrics.2016.1787|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27695849/|consulté le=2021-06-16|pages=1209–1215}}</ref> La rougeole est une [[MADO]] au Québec<ref>{{Citation d'un lien web|titre=Démarche pour les médecins - Maladies à déclaration obligatoire (MADO) et signalements en santé publique - Professionnels de la santé - MSSS|url=https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/maladies-a-declaration-obligatoire/mado/demarche-pour-les-medecins/#etape-1|site=www.msss.gouv.qc.ca|consulté le=2021-06-16}}</ref>.


Les responsables de la santé publique ont déclaré l'élimination de la rougeole aux États-Unis en 2000, marquant l'absence de transmission continue de la maladie pendant un an et depuis la région des Amériques en 2016. Cependant, des épidémies continuent de se produire par le biais de maladies importées et de transmission parmi des groupes d'enfants non vaccinés. dans la communauté. La rougeole est une maladie à déclaration obligatoire dans la plupart des pays, y compris les États-Unis.<ref name=":3">https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26610423</ref><ref name=":0">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Noah P.|nom1=Kondamudi|prénom2=James R.|nom2=Waymack|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2021|pmid=28846330|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK448068/|consulté le=2021-06-16}}</ref>
==Épidémiologie==
[[File:Measles world map-Deaths per million persons-WHO2012.svg|thumb|upright=1.4|Morts par million de personnes en 012{{refbegin|3}}{{legend|#ffff20|0}}{{legend|#ff9a20|1–8}}{{legend|#f08015|9–26}}{{legend|#e06815|27–38}}{{legend|#d85010|39–73}}{{legend|#d02010|74–850}}{{refend}}]]L'épidémiologie de la rougeole est variable à travers le monde et est liée aux niveaux de vaccination atteints dans une région particulière. Avant la mise en œuvre de programmes de vaccination à grande échelle, la rougeole était à l'origine d'environ 2,6 millions de décès. Malgré la vaccination à l'époque actuelle, l'OMS a signalé qu'environ 134 200 décès (15 décès/heure) sont survenus en 2015 en raison de la rougeole. Selon le CDC, il y avait 372 cas en 2018 et 764 cas jusqu'en mai 2019. La rougeole est une maladie à déclaration obligatoire dans la plupart des pays.<ref name=":0">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Noah P.|nom1=Kondamudi|prénom2=James R.|nom2=Waymack|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2021|pmid=28846330|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK448068/|consulté le=2021-06-16}}</ref>


==Épidémiologie==
Des épidémies continuent de se produire par le biais de maladies importées et de transmission parmi des groupes d'enfants non vaccinés<ref name=":0" />.
[[File:Measles world map-Deaths per million persons-WHO2012.svg|thumb|upright=1.4|Morts par million de personnes en 012{{refbegin|3}}{{legend|#ffff20|0}}{{legend|#ff9a20|1–8}}{{legend|#f08015|9–26}}{{legend|#e06815|27–38}}{{legend|#d85010|39–73}}{{legend|#d02010|74–850}}{{refend}}]]L'épidémiologie de la rougeole est variable à travers le monde et est liée aux niveaux de vaccination atteints dans une région particulière. Avant la mise en œuvre de programmes de vaccination à grande échelle, la rougeole était à l'origine d'environ 2,6 millions de décès. Malgré la vaccination à l'époque actuelle, l'OMS a signalé qu'environ 134 200 décès (15 décès/heure) sont survenus en 2015 en raison de la rougeole. Selon le CDC, il y avait 372 cas en 2018 et 764 cas jusqu'en mai 2019. La rougeole est une maladie à déclaration obligatoire dans la plupart des pays.<ref name=":0" />


Le virus de la rougeole n'a pas de réservoir animal et n'est présent que chez l'homme. Le virus est très contagieux, chaque cas pouvant provoquer 14 à 18 cas secondaires parmi les populations sensibles. La rougeole se transmet de personne à personne par des gouttelettes respiratoires, des aérosols de petites particules et un contact étroit. La période d'incubation est de 10 à 14 jours bien que des périodes plus longues aient été signalées. Les jeunes enfants non vaccinés et les femmes enceintes courent un risque élevé de contracter la rougeole, et la rougeole affecte le plus souvent les jeunes enfants. Plus récemment, il y a eu un glissement vers les enfants plus âgés et les adolescents en raison de l'augmentation des niveaux de couverture vaccinale et des modifications des niveaux d'immunité de la population à différents âges. Les jeunes nourrissons nés de mères dotées d'une immunité acquise sont protégés contre la rougeole en raison du transfert passif d'anticorps, mais à mesure que ces anticorps diminuent, ils deviennent sensibles. L'infectiosité d'un cas est maximale dans les quatre jours avant et quatre jours après l'apparition de l'éruption cutanée, ce qui coïncide avec les pics de virémie et les caractéristiques de la toux, de la conjonctivite et du coryza.<ref name=":5">{{Citation d'un article|prénom1=Melissa M.|nom1=Coughlin|prénom2=Andrew S.|nom2=Beck|prénom3=Bettina|nom3=Bankamp|prénom4=Paul A.|nom4=Rota|titre=Perspective on Global Measles Epidemiology and Control and the Role of Novel Vaccination Strategies|périodique=Viruses|volume=9|numéro=1|date=2017-01-19|issn=1999-4915|pmid=28106841|pmcid=5294980|doi=10.3390/v9010011|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28106841/|consulté le=2021-06-16}}</ref><ref name=":6">{{Citation d'un article|prénom1=S.|nom1=Santibanez|prénom2=J. M.|nom2=Hübschen|prénom3=M. C.|nom3=Ben Mamou|prénom4=M.|nom4=Muscat|titre=Molecular surveillance of measles and rubella in the WHO European Region: new challenges in the elimination phase|périodique=Clinical Microbiology and Infection: The Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases|volume=23|numéro=8|date=2017-08|issn=1469-0691|pmid=28712666|doi=10.1016/j.cmi.2017.06.030|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28712666/|consulté le=2021-06-16|pages=516–523}}</ref><ref name=":7">{{Citation d'un article|prénom1=Yuki|nom1=Furuse|prénom2=Hitoshi|nom2=Oshitani|titre=Global Transmission Dynamics of Measles in the Measles Elimination Era|périodique=Viruses|volume=9|numéro=4|date=2017-04-16|issn=1999-4915|pmid=28420160|pmcid=5408688|doi=10.3390/v9040082|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28420160/|consulté le=2021-06-16}}</ref><ref name=":8">{{Citation d'un article|prénom1=Francesca|nom1=Colavita|prénom2=Mirella|nom2=Biava|prénom3=Concetta|nom3=Castilletti|prénom4=Serena|nom4=Quartu|titre=Measles Cases during Ebola Outbreak, West Africa, 2013-2106|périodique=Emerging Infectious Diseases|volume=23|numéro=6|date=2017-06|issn=1080-6059|pmid=28518027|pmcid=5443435|doi=10.3201/eid2306.161682|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28518027/|consulté le=2021-06-16|pages=1035–1037}}</ref>
Le virus de la rougeole n'a pas de réservoir animal et n'est présent que chez l'homme. Le virus est très contagieux, chaque cas pouvant provoquer 14 à 18 cas secondaires parmi les populations sensibles. La rougeole se transmet de personne à personne par des gouttelettes respiratoires, des aérosols de petites particules et un contact étroit. La période d'incubation est de 10 à 14 jours bien que des périodes plus longues aient été signalées. Les jeunes enfants non vaccinés et les femmes enceintes courent un risque élevé de contracter la rougeole, et la rougeole affecte le plus souvent les jeunes enfants. Plus récemment, il y a eu un glissement vers les enfants plus âgés et les adolescents en raison de l'augmentation des niveaux de couverture vaccinale et des modifications des niveaux d'immunité de la population à différents âges. Les jeunes nourrissons nés de mères dotées d'une immunité acquise sont protégés contre la rougeole en raison du transfert passif d'anticorps, mais à mesure que ces anticorps diminuent, ils deviennent sensibles. L'infectiosité d'un cas est maximale dans les quatre jours avant et quatre jours après l'apparition de l'éruption cutanée, ce qui coïncide avec les pics de virémie et les caractéristiques de la toux, de la conjonctivite et de la rhinorrhée.<ref name=":5">{{Citation d'un article|prénom1=Melissa M.|nom1=Coughlin|prénom2=Andrew S.|nom2=Beck|prénom3=Bettina|nom3=Bankamp|prénom4=Paul A.|nom4=Rota|titre=Perspective on Global Measles Epidemiology and Control and the Role of Novel Vaccination Strategies|périodique=Viruses|volume=9|numéro=1|date=2017-01-19|issn=1999-4915|pmid=28106841|pmcid=5294980|doi=10.3390/v9010011|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28106841/|consulté le=2021-06-16}}</ref><ref name=":6">{{Citation d'un article|prénom1=S.|nom1=Santibanez|prénom2=J. M.|nom2=Hübschen|prénom3=M. C.|nom3=Ben Mamou|prénom4=M.|nom4=Muscat|titre=Molecular surveillance of measles and rubella in the WHO European Region: new challenges in the elimination phase|périodique=Clinical Microbiology and Infection: The Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases|volume=23|numéro=8|date=2017-08|issn=1469-0691|pmid=28712666|doi=10.1016/j.cmi.2017.06.030|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28712666/|consulté le=2021-06-16|pages=516–523}}</ref><ref name=":7">{{Citation d'un article|prénom1=Yuki|nom1=Furuse|prénom2=Hitoshi|nom2=Oshitani|titre=Global Transmission Dynamics of Measles in the Measles Elimination Era|périodique=Viruses|volume=9|numéro=4|date=2017-04-16|issn=1999-4915|pmid=28420160|pmcid=5408688|doi=10.3390/v9040082|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28420160/|consulté le=2021-06-16}}</ref><ref name=":8">{{Citation d'un article|prénom1=Francesca|nom1=Colavita|prénom2=Mirella|nom2=Biava|prénom3=Concetta|nom3=Castilletti|prénom4=Serena|nom4=Quartu|titre=Measles Cases during Ebola Outbreak, West Africa, 2013-2106|périodique=Emerging Infectious Diseases|volume=23|numéro=6|date=2017-06|issn=1080-6059|pmid=28518027|pmcid=5443435|doi=10.3201/eid2306.161682|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28518027/|consulté le=2021-06-16|pages=1035–1037}}</ref>


==Étiologies==
==Étiologies==
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==Physiopathologie==
==Physiopathologie==
Le virus inhalé à partir des gouttelettes exposées infecte initialement les lymphocytes des voies respiratoires, les cellules dendritiques et les macrophages alvéolaires. Il se propage ensuite au tissu lymphoïde adjacent et se diffuse dans la circulation sanguine, entraînant une virémie et se propageant à des organes distants. Le virus résidant dans les cellules dendritiques et les lymphocytes se transfère aux cellules épithéliales des voies respiratoires qui sont excrétées et expulsées sous forme de gouttelettes respiratoires lors de la toux et des éternuements, infectant les autres et perpétuant le cycle. L'inflammation initiale entraîne des symptômes de coryza, de conjonctivite et de toux. L'apparition de la fièvre coïncide avec le développement de la virémie. L'éruption cutanée survient après dissémination et est due à des infiltrats périvasculaires et lymphocytaires.<ref name=":0" />
Le virus inhalé à partir des gouttelettes exposées infecte initialement les lymphocytes des voies respiratoires, les cellules dendritiques et les macrophages alvéolaires. Il se propage ensuite au tissu lymphoïde adjacent et se diffuse dans la circulation sanguine, entraînant une virémie et se propageant à des organes distants. Le virus résidant dans les cellules dendritiques et les lymphocytes se transfère aux cellules épithéliales des voies respiratoires qui sont excrétées et expulsées sous forme de gouttelettes respiratoires lors de la toux et des éternuements, infectant les autres et perpétuant le cycle. L'inflammation initiale entraîne des symptômes de rhinorrhée, de conjonctivite et de toux. L'apparition de la fièvre coïncide avec le développement de la virémie. L'éruption cutanée survient après dissémination et est due à des infiltrats périvasculaires et lymphocytaires.<ref name=":0" />


Pendant la phase prodromique, le virus de la rougeole déprime l'immunité de l'hôte en supprimant la production d'interféron par ses protéines non structurelles, V et C. La réplication virale croissante déclenche alors des réponses immunologiques humorales et cellulaires. La réponse humorale initiale consiste en une production d'anticorps IgM, qui est détectable 3 à 4 jours après l'apparition de l'éruption cutanée et peut persister pendant 6 à 8 semaines. Par la suite, des anticorps IgG sont produits, principalement contre la nucléoprotéine virale. Les réponses immunitaires cellulaires sont essentielles pour la récupération, comme le montrent les niveaux élevés d'interféron gamma plasmatique dépendant de Th1 pendant la phase aiguë, et l'élévation subséquente des niveaux d'interleukine 4, d'interleukine 10 et d'interleukine 13 dépendant de Th2.<ref name=":9">{{Citation d'un article|prénom1=Jackie|nom1=Bentley|prénom2=Jo|nom2=Rouse|prénom3=Jenny|nom3=Pinfield|titre=Measles: pathology, management and public health issues|périodique=Nursing Standard (Royal College of Nursing (Great Britain): 1987)|volume=28|numéro=38|date=2014-05-27|issn=2047-9018|pmid=24844521|doi=10.7748/ns.28.38.51.e8765|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24844521/|consulté le=2021-06-16|pages=51–58}}</ref><ref name=":0" />
Pendant la phase prodromique, le virus de la rougeole déprime l'immunité de l'hôte en supprimant la production d'interféron par ses protéines non structurelles, V et C. La réplication virale croissante déclenche alors des réponses immunologiques humorales et cellulaires. La réponse humorale initiale consiste en une production d'anticorps IgM, qui est détectable 3 à 4 jours après l'apparition de l'éruption cutanée et peut persister pendant 6 à 8 semaines. Par la suite, des anticorps IgG sont produits, principalement contre la nucléoprotéine virale. Les réponses immunitaires cellulaires sont essentielles pour la récupération, comme le montrent les niveaux élevés d'interféron gamma plasmatique dépendant de Th1 pendant la phase aiguë, et l'élévation subséquente des niveaux d'interleukine 4, d'interleukine 10 et d'interleukine 13 dépendant de Th2.<ref name=":9">{{Citation d'un article|prénom1=Jackie|nom1=Bentley|prénom2=Jo|nom2=Rouse|prénom3=Jenny|nom3=Pinfield|titre=Measles: pathology, management and public health issues|périodique=Nursing Standard (Royal College of Nursing (Great Britain): 1987)|volume=28|numéro=38|date=2014-05-27|issn=2047-9018|pmid=24844521|doi=10.7748/ns.28.38.51.e8765|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24844521/|consulté le=2021-06-16|pages=51–58}}</ref><ref name=":0" />
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==Présentation clinique==
==Présentation clinique==
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Présentation clinique}}
La définition de cas clinique de la rougeole par l'OMS est « toute personne présentant de la fièvre, une éruption maculopapuleuse généralisée, de la toux, un coryza ou une conjonctivite ». La rougeole est un exanthème fébrile aigu caractérisé par les trois « C » : toux, coryza et conjonctivite. Les taches de Koplik, de petites papules blanches sur la muqueuse buccale, sont pathognomoniques de la rougeole et apparaissent un jour ou deux avant l'éruption, bien qu'elles ne soient pas toujours visibles. L'éruption précède l'apparition de la fièvre, apparaissant d'abord sur le visage et s'étendant caudale pour se généraliser. La rougeole non compliquée disparaît généralement en une semaine après l'apparition de l'éruption cutanée.<ref name=":10">https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28209781</ref><ref name=":0" />


===Facteurs de risque===
===Facteurs de risque===
 
Les facteurs de risques<ref name=":0" />:
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Facteurs de risque}}
* {{Facteur de risque|nom=Grossesse}}
* {{Facteur de risque|nom=Facteur de risque 1}}
* {{Facteur de risque|nom=Enfants}}
* {{Facteur de risque|nom=Facteur de risque 2}}
* {{Facteur de risque|nom=Personne non vaccinée}}
* {{Facteur de risque|nom=Facteur de risque 3}}
* {{Facteur de risque|nom=Immunosuppression}}
* ...


===Questionnaire===
===Questionnaire===
 
Les symptômes<ref name=":0" />:
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Questionnaire}}
* La période d'incubation est de 10 à 14 jours bien que des périodes plus longues aient été signalées.
* {{Symptôme|nom=Symptôme 1}}
* {{Symptôme|nom=Rhinorrhée}}
* {{Symptôme|nom=Symptôme 2}}
* {{Symptôme|nom=Toux (symptôme)}}
* {{Symptôme|nom=Symptôme 3}}
* {{Symptôme|nom=Prurit}} secondaire au rash
* ...


===Examen clinique===
===Examen clinique===
 
À l'examen clinique<ref name=":0" />:
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Examen clinique}}
* {{Examen clinique|nom=Apparence générale}} : {{Signe clinique|nom=Conjonctivite bulbaire (signe clinique)|affichage=conjonctivite}}, {{Signe clinique|nom=diminution de l'état général}}
* {{Examen clinique|nom=Examen clinique 1}} : {{Signe clinique|nom=Signe 1}}, {{Signe clinique|nom=Signe 2}}
* {{Examen clinique|nom=Signes vitaux}} : {{Signe clinique|nom=Fièvre (signe clinique)|affichage=fièvre}} élevée (après l'éruption), dure environ 1 semaine<ref name=":3">{{Citation d'un article|prénom1=Martin|nom1=Ludlow|prénom2=Stephen|nom2=McQuaid|prénom3=Dan|nom3=Milner|prénom4=Rik L.|nom4=de Swart|titre=Pathological consequences of systemic measles virus infection|périodique=The Journal of Pathology|volume=235|numéro=2|date=2015-01|issn=1096-9896|pmid=25294240|doi=10.1002/path.4457|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25294240|consulté le=2021-06-16|pages=253–265}}</ref>
* {{Examen clinique|nom=Examen clinique 2}} : {{Signe clinique|nom=Signe 3}}
* {{Examen clinique|nom=Examen ORL}}:
* ...
** {{Signe clinique|nom=taches de Koplik}} (pathognomonique, pas toujours présent, apparaissent 1-2 jours avant l'éruption)
** vérifier les oreilles pour éliminer l'OMA associée
*{{Examen clinique|nom=Examen dermatologique}}
**{{Signe|nom=exanthème|affichage=exanthème maculopapulaire|prévalence=}} ({{Signe|nom=macules érythémateuses|affichage=macules|prévalence=}} et {{Signe|nom=papules|affichage=papules érythémateuses|prévalence=}}) apparaissant d'abord sur le visage, s'étendant en caudal et puis généralisé
**apparaît 2-4 jours après les symptômes
**disparaît en généralement 1 semaine mais peut persister de 6 à 8 semaines<ref name=":10">{{Citation d'un article|prénom1=Beatrice Clare|nom1=Cockbain|prénom2=Tehmina|nom2=Bharucha|prénom3=Dianne|nom3=Irish|prénom4=Michael|nom4=Jacobs|titre=Measles in older children and adults|périodique=BMJ (Clinical research ed.)|volume=356|date=2017-02-16|issn=1756-1833|pmid=28209781|doi=10.1136/bmj.j426|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28209781/|consulté le=2021-06-16|pages=j426}}</ref>
**contagiosité maximale dans les 4 jours avant et après l'apparition du rash
**le rash pourra passer au brun en diminuant
<gallery>
Fichier:Koplik spots, measles 2019.jpg|Taches de Koplik
Fichier:Koplik spots, measles 6111 lores.jpg|Taches de Koplik
Fichier:Morbillivirus measles infection.jpg|Rash maculopapulaire au jour 3
Fichier:Measles rash PHIL 4497 lores.jpg
Fichier:Measles in African Child 3.JPG
Fichier:Measles child Philippines.jpg
Fichier:Measles enanthema.jpg|Énanthème de la rougeole
</gallery>


==Examens paracliniques==
==Examens paracliniques==
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* {{Examen paraclinique|nom=PCR rougeole|Se=99%}}
* {{Examen paraclinique|nom=PCR rougeole|Se=99%}}
* Le virus de la rougeole peut être cultivé à partir de sécrétions nasopharyngées, mais cela est très peu pratique.<ref name=":11">{{Citation d'un article|prénom1=J. M.|nom1=Hübschen|prénom2=S. M.|nom2=Bork|prénom3=K. E.|nom3=Brown|prénom4=A.|nom4=Mankertz|titre=Challenges of measles and rubella laboratory diagnostic in the era of elimination|périodique=Clinical Microbiology and Infection: The Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases|volume=23|numéro=8|date=2017-08|issn=1469-0691|pmid=28412379|doi=10.1016/j.cmi.2017.04.009|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28412379/|consulté le=2021-06-16|pages=511–515}}</ref>
* Le virus de la rougeole peut être cultivé à partir de sécrétions nasopharyngées, mais cela est très peu pratique.<ref name=":11">{{Citation d'un article|prénom1=J. M.|nom1=Hübschen|prénom2=S. M.|nom2=Bork|prénom3=K. E.|nom3=Brown|prénom4=A.|nom4=Mankertz|titre=Challenges of measles and rubella laboratory diagnostic in the era of elimination|périodique=Clinical Microbiology and Infection: The Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases|volume=23|numéro=8|date=2017-08|issn=1469-0691|pmid=28412379|doi=10.1016/j.cmi.2017.04.009|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28412379/|consulté le=2021-06-16|pages=511–515}}</ref>
==Approche clinique==
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Approche clinique}}
==Diagnostic==
==Diagnostic==
 
La définition de cas clinique de la rougeole par l'OMS est « toute personne présentant de la fièvre, une éruption maculopapuleuse généralisée, de la toux, un coryza ou une conjonctivite »<ref name=":0" />.
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Diagnostic}}


==Diagnostic différentiel==
==Diagnostic différentiel==
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* Les complications de la rougeole doivent être identifiées tôt<ref name=":13">{{Citation d'un article|prénom1=Segun|nom1=Bello|prénom2=Martin M.|nom2=Meremikwu|prénom3=Regina I.|nom3=Ejemot-Nwadiaro|prénom4=Olabisi|nom4=Oduwole|titre=Routine vitamin A supplementation for the prevention of blindness due to measles infection in children|périodique=The Cochrane Database of Systematic Reviews|numéro=8|date=2016-08-31|issn=1469-493X|pmid=27580345|doi=10.1002/14651858.CD007719.pub4|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27580345/|consulté le=2021-06-16|pages=CD007719}}</ref>.
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==Suivi==
==Suivi==
 
Le suivi:
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* isolement car la contagiosité est maximale dans les 4 jours avant et après l'apparition du rash
* déclaration de la maladie à la santé publique.


==Complications==
==Complications==
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* {{Complication|nom=Hospitalisation|taux=25}}
* {{Complication|nom=Hospitalisation|taux=25}}
* La plus courante: {{Complication|nom=pneumonie bactérienne}} (par surinfection) ou {{Complication|nom=pneumonie à cellules géantes de Hech}} (dû au virus de la rougeole)
* La plus courante: {{Complication|nom=pneumonie bactérienne}} (par surinfection) ou {{Complication|nom=pneumonie à cellules géantes de Hech}} (dû au virus de la rougeole)
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==Évolution==
==Évolution==
Bien que beaucoup se remettent de la rougeole sans complications, il existe un risque de mauvais pronostic. Les plus susceptibles d'avoir des complications graves sont les nourrissons et les enfants de moins de 5 ans, les adultes de plus de 20 ans, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées.<ref name=":0" /> 25% des individus atteints seront hospitalisés et 1-2/1000 mourront de complications neurologiques ou respiratoires de la rougeole.<ref>{{Citation d'un lien web|langue=en-us|nom1=CDC|titre=Measles Complications|url=https://www.cdc.gov/measles/symptoms/complications.html|site=Centers for Disease Control and Prevention|date=2020-11-05|consulté le=2021-06-16}}</ref> La pneumonie est la complication la plus mortelle avec 56-86% des décès.<ref>{{Citation d'un article|prénom1=Carlo|nom1=Di Pietrantonj|prénom2=Alessandro|nom2=Rivetti|prénom3=Pasquale|nom3=Marchione|prénom4=Maria Grazia|nom4=Debalini|titre=Vaccines for measles, mumps, rubella, and varicella in children|périodique=The Cochrane Database of Systematic Reviews|volume=4|date=2020-04-20|issn=1469-493X|pmid=32309885|pmcid=7169657|doi=10.1002/14651858.CD004407.pub4|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32309885|consulté le=2021-06-16|pages=CD004407}}</ref>
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==Prévention==
==Prévention==

Version du 16 juin 2021 à 12:39

Rougeole
Maladie

Un enfant avec un rash au jour 4
Caractéristiques
Signes Diminution de l'état général, Conjonctivite bulbaire , Macules érythémateuses, Papules, Taches de Koplik, Exanthème, Énanthème , Muqueuse nasale congestive , Température corporelle élevée
Symptômes
Irritabilité, Congestion nasale, Rhinorrhée, Mal de gorge, Toux , Prurit cutané , Malaises
Diagnostic différentiel
Septicémie, Maladie de Kawasaki, Érythème infectieux, Scarlatine, Exanthème médicamenteux, Infection à parvovirus B19, Infections entérovirales pédiatriques, Syndrome du choc toxique, Rubéole, Méningite
Informations
Terme anglais Measles
Wikidata ID Q79793
Spécialités Infectiologie, pédiatrie

Page non révisée

La rougeole est une maladie virale fébrile aiguë évitable, hautement contagieuse. Elle reste une cause importante de mortalité et de morbidité mondiale, notamment dans les régions d'Afrique et d'Asie du Sud-Est.[1][2] La rougeole est une MADO au Québec[3].

Épidémiologie

Morts par million de personnes en 012
   0
   1–8
   9–26
   27–38
   39–73
   74–850

L'épidémiologie de la rougeole est variable à travers le monde et est liée aux niveaux de vaccination atteints dans une région particulière. Avant la mise en œuvre de programmes de vaccination à grande échelle, la rougeole était à l'origine d'environ 2,6 millions de décès. Malgré la vaccination à l'époque actuelle, l'OMS a signalé qu'environ 134 200 décès (15 décès/heure) sont survenus en 2015 en raison de la rougeole. Selon le CDC, il y avait 372 cas en 2018 et 764 cas jusqu'en mai 2019. La rougeole est une maladie à déclaration obligatoire dans la plupart des pays.[4]

Des épidémies continuent de se produire par le biais de maladies importées et de transmission parmi des groupes d'enfants non vaccinés[4].

Le virus de la rougeole n'a pas de réservoir animal et n'est présent que chez l'homme. Le virus est très contagieux, chaque cas pouvant provoquer 14 à 18 cas secondaires parmi les populations sensibles. La rougeole se transmet de personne à personne par des gouttelettes respiratoires, des aérosols de petites particules et un contact étroit. La période d'incubation est de 10 à 14 jours bien que des périodes plus longues aient été signalées. Les jeunes enfants non vaccinés et les femmes enceintes courent un risque élevé de contracter la rougeole, et la rougeole affecte le plus souvent les jeunes enfants. Plus récemment, il y a eu un glissement vers les enfants plus âgés et les adolescents en raison de l'augmentation des niveaux de couverture vaccinale et des modifications des niveaux d'immunité de la population à différents âges. Les jeunes nourrissons nés de mères dotées d'une immunité acquise sont protégés contre la rougeole en raison du transfert passif d'anticorps, mais à mesure que ces anticorps diminuent, ils deviennent sensibles. L'infectiosité d'un cas est maximale dans les quatre jours avant et quatre jours après l'apparition de l'éruption cutanée, ce qui coïncide avec les pics de virémie et les caractéristiques de la toux, de la conjonctivite et de la rhinorrhée.[5][6][7][8]

Étiologies

L'organisme responsable est le virus de la rougeole , membre de la famille des Paramyxoviridae et du genre Morbillivirus. Il s'agit d'un virus à ARN de sens négatif enveloppé, simple brin, non segmenté. Le génome code six protéines structurelles et deux protéines non structurelles, V et C. Les protéines structurelles sont la nucléoprotéine, la phosphoprotéine, la matrice, la fusion, l'hémagglutinine (HA) et la grande protéine. La protéine HA est responsable de l'attachement du virus à la cellule hôte.[9]

Physiopathologie

Le virus inhalé à partir des gouttelettes exposées infecte initialement les lymphocytes des voies respiratoires, les cellules dendritiques et les macrophages alvéolaires. Il se propage ensuite au tissu lymphoïde adjacent et se diffuse dans la circulation sanguine, entraînant une virémie et se propageant à des organes distants. Le virus résidant dans les cellules dendritiques et les lymphocytes se transfère aux cellules épithéliales des voies respiratoires qui sont excrétées et expulsées sous forme de gouttelettes respiratoires lors de la toux et des éternuements, infectant les autres et perpétuant le cycle. L'inflammation initiale entraîne des symptômes de rhinorrhée, de conjonctivite et de toux. L'apparition de la fièvre coïncide avec le développement de la virémie. L'éruption cutanée survient après dissémination et est due à des infiltrats périvasculaires et lymphocytaires.[4]

Pendant la phase prodromique, le virus de la rougeole déprime l'immunité de l'hôte en supprimant la production d'interféron par ses protéines non structurelles, V et C. La réplication virale croissante déclenche alors des réponses immunologiques humorales et cellulaires. La réponse humorale initiale consiste en une production d'anticorps IgM, qui est détectable 3 à 4 jours après l'apparition de l'éruption cutanée et peut persister pendant 6 à 8 semaines. Par la suite, des anticorps IgG sont produits, principalement contre la nucléoprotéine virale. Les réponses immunitaires cellulaires sont essentielles pour la récupération, comme le montrent les niveaux élevés d'interféron gamma plasmatique dépendant de Th1 pendant la phase aiguë, et l'élévation subséquente des niveaux d'interleukine 4, d'interleukine 10 et d'interleukine 13 dépendant de Th2.[10][4]

Le virus de la rougeole est connu pour induire une immunosuppression qui peut durer des semaines, des mois, voire des années. Cela provoque une susceptibilité accrue aux infections bactériennes et autres secondaires. Bien que les mécanismes à l'origine de ce phénomène ne soient pas clairs, l'hypothèse est que l'infection rougeoleuse induit la prolifération de lymphocytes spécifiques de la rougeole qui remplacent les cellules mémoire précédemment établies provoquant une « amnésie immunitaire ». Cela se traduit par une sensibilité accrue de l'hôte aux infections secondaires, entraînant la plupart de la morbidité et de la mortalité associées à la rougeole. Les anticorps IgG neutralisants contre l'hémagglutinine sont responsables d'une immunité à vie car ils empêchent les récepteurs de la cellule hôte de se lier au virus.[4]

Présentation clinique

Facteurs de risque

Les facteurs de risques[4]:

Questionnaire

Les symptômes[4]:

  • La période d'incubation est de 10 à 14 jours bien que des périodes plus longues aient été signalées.
  • rhinorrhée
  • toux
  • prurit secondaire au rash

Examen clinique

À l'examen clinique[4]:

Examens paracliniques

Le diagnostic de rougeole repose sur une forte suspicion clinique, en particulier lors de l'évaluation d'enfants atteints d'une maladie fébrile et d'une éruption maculopapuleuse. Certains tests de laboratoires serviront à confirmer le diagnostic[4]:

  • FSC: leucopénie (en particulier la lymphopénie) et thrombopénie
  • Bilan de base pour éliminer les anomalies en lien avec l'inappétence ou la diarrhée
  • IgM de la rougeole: confirme le diagnostic, bien qu'elle puisse être un faux négatif dans jusqu'à 25 % des cas lorsqu'elle est effectuée tôt (moins de 3 jours après l'apparition de l'éruption cutanée). Ces anticorps atteignent généralement leur pic en 1 à 3 semaines après le début d'une éruption cutanée et deviennent indétectables en 4 à 8 semaines.
  • PCR rougeole[Se: 99% %]
  • Le virus de la rougeole peut être cultivé à partir de sécrétions nasopharyngées, mais cela est très peu pratique.[13]

Diagnostic

La définition de cas clinique de la rougeole par l'OMS est « toute personne présentant de la fièvre, une éruption maculopapuleuse généralisée, de la toux, un coryza ou une conjonctivite »[4].

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel[4]:

Traitement

Le traitement[14][4]:

  • Il n'y a pas de traitement antiviral spécifique pour la rougeole, le traitement est principalement le traitement de soutien, soit l'hydratation, les antipyrrétiques et l'isolement.
  • L'OMS recommande l'administration de doses quotidiennes de vitamine A pendant 2 jours et plus pour les enfants malnutris[note 1].
  • Les complications de la rougeole doivent être identifiées tôt[15].

Suivi

Le suivi:

  • isolement car la contagiosité est maximale dans les 4 jours avant et après l'apparition du rash
  • déclaration de la maladie à la santé publique.

Complications

Les complications de la rougeole surviennent le plus souvent chez les jeunes nourrissons, les femmes enceintes et les enfants malnutris ou immunodéprimés[4]:

Évolution

Bien que beaucoup se remettent de la rougeole sans complications après environ 3 semaines[11], il existe un risque de mauvais pronostic. Les plus susceptibles d'avoir des complications graves sont les nourrissons et les enfants de moins de 5 ans, les adultes de plus de 20 ans, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées.[4] 25% des individus atteints seront hospitalisés et 1-2/1000 mourront de complications neurologiques ou respiratoires de la rougeole.[18] La pneumonie est la complication la plus mortelle avec 56-86% des décès.[19]

Prévention

La rougeole est une maladie évitable en raison de la disponibilité d'un vaccin sûr, peu coûteux et efficace. Le vaccin est une souche de rougeole vivante atténuée qui est utilisée soit en tant que composant unique, soit en tant que vaccin combiné (ROR, ROR-V).

Pour éliminer la rougeole, les taux de vaccination de la population doivent être compris entre 93 et 95 %.[4]

Notes

  1. Pour prévenir la kératoconjonctivite rougeoleuse.
  2. Survient principalement chez les enfants présentant une carence en vitamine A et peut conduire à la cécité.
  3. L'ADEM est une maladie démyélinisante auto-immune qui survient en quelques jours à quelques semaines.
  4. La MIBE est infection cérébrale chez les patients présentant une immunité cellulaire altérée survenant dans les mois suivant l'infection initiale.
  5. La SSPE est une maladie neurologique progressive qui se présente 5 à 10 ans après la maladie aiguë et qui serait causée par une réponse anormale de l'hôte à la production de virions mutés. Elle survient principalement chez les enfants qui ont développé la rougeole avant 2 ans et se manifeste par des convulsions et perte progressive des fonctions cognitives et motrices.

Références

__NOVEDELETE__
  1. William J. Moss, « Measles », Lancet (London, England), vol. 390, no 10111,‎ , p. 2490–2502 (ISSN 1474-547X, PMID 28673424, DOI 10.1016/S0140-6736(17)31463-0, lire en ligne)
  2. Johan Christiaan Bester, « Measles and Measles Vaccination: A Review », JAMA pediatrics, vol. 170, no 12,‎ , p. 1209–1215 (ISSN 2168-6211, PMID 27695849, DOI 10.1001/jamapediatrics.2016.1787, lire en ligne)
  3. « Démarche pour les médecins - Maladies à déclaration obligatoire (MADO) et signalements en santé publique - Professionnels de la santé - MSSS », sur www.msss.gouv.qc.ca (consulté le 16 juin 2021)
  4. 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05 4,06 4,07 4,08 4,09 4,10 4,11 4,12 4,13 et 4,14 Noah P. Kondamudi et James R. Waymack, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28846330, lire en ligne)
  5. Melissa M. Coughlin, Andrew S. Beck, Bettina Bankamp et Paul A. Rota, « Perspective on Global Measles Epidemiology and Control and the Role of Novel Vaccination Strategies », Viruses, vol. 9, no 1,‎ (ISSN 1999-4915, PMID 28106841, Central PMCID 5294980, DOI 10.3390/v9010011, lire en ligne)
  6. S. Santibanez, J. M. Hübschen, M. C. Ben Mamou et M. Muscat, « Molecular surveillance of measles and rubella in the WHO European Region: new challenges in the elimination phase », Clinical Microbiology and Infection: The Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases, vol. 23, no 8,‎ , p. 516–523 (ISSN 1469-0691, PMID 28712666, DOI 10.1016/j.cmi.2017.06.030, lire en ligne)
  7. Yuki Furuse et Hitoshi Oshitani, « Global Transmission Dynamics of Measles in the Measles Elimination Era », Viruses, vol. 9, no 4,‎ (ISSN 1999-4915, PMID 28420160, Central PMCID 5408688, DOI 10.3390/v9040082, lire en ligne)
  8. Francesca Colavita, Mirella Biava, Concetta Castilletti et Serena Quartu, « Measles Cases during Ebola Outbreak, West Africa, 2013-2106 », Emerging Infectious Diseases, vol. 23, no 6,‎ , p. 1035–1037 (ISSN 1080-6059, PMID 28518027, Central PMCID 5443435, DOI 10.3201/eid2306.161682, lire en ligne)
  9. Brigitta M. Laksono, Rory D. de Vries, Stephen McQuaid et W. Paul Duprex, « Measles Virus Host Invasion and Pathogenesis », Viruses, vol. 8, no 8,‎ (ISSN 1999-4915, PMID 27483301, Central PMCID 4997572, DOI 10.3390/v8080210, lire en ligne)
  10. Jackie Bentley, Jo Rouse et Jenny Pinfield, « Measles: pathology, management and public health issues », Nursing Standard (Royal College of Nursing (Great Britain): 1987), vol. 28, no 38,‎ , p. 51–58 (ISSN 2047-9018, PMID 24844521, DOI 10.7748/ns.28.38.51.e8765, lire en ligne)
  11. 11,0 et 11,1 Martin Ludlow, Stephen McQuaid, Dan Milner et Rik L. de Swart, « Pathological consequences of systemic measles virus infection », The Journal of Pathology, vol. 235, no 2,‎ , p. 253–265 (ISSN 1096-9896, PMID 25294240, DOI 10.1002/path.4457, lire en ligne)
  12. Beatrice Clare Cockbain, Tehmina Bharucha, Dianne Irish et Michael Jacobs, « Measles in older children and adults », BMJ (Clinical research ed.), vol. 356,‎ , j426 (ISSN 1756-1833, PMID 28209781, DOI 10.1136/bmj.j426, lire en ligne)
  13. J. M. Hübschen, S. M. Bork, K. E. Brown et A. Mankertz, « Challenges of measles and rubella laboratory diagnostic in the era of elimination », Clinical Microbiology and Infection: The Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases, vol. 23, no 8,‎ , p. 511–515 (ISSN 1469-0691, PMID 28412379, DOI 10.1016/j.cmi.2017.04.009, lire en ligne)
  14. Leah Khan, « Measles in Children », Pediatric Annals, vol. 47, no 9,‎ , e340–e344 (ISSN 1938-2359, PMID 30208191, DOI 10.3928/19382359-20180801-01, lire en ligne)
  15. Segun Bello, Martin M. Meremikwu, Regina I. Ejemot-Nwadiaro et Olabisi Oduwole, « Routine vitamin A supplementation for the prevention of blindness due to measles infection in children », The Cochrane Database of Systematic Reviews, no 8,‎ , CD007719 (ISSN 1469-493X, PMID 27580345, DOI 10.1002/14651858.CD007719.pub4, lire en ligne)
  16. Aurélie Baldolli, Sylvie Dargère, Erick Cardineau et Astrid Vabret, « Measles inclusion-body encephalitis (MIBE) in a immunocompromised patient », Journal of Clinical Virology: The Official Publication of the Pan American Society for Clinical Virology, vol. 81,‎ , p. 43–46 (ISSN 1873-5967, PMID 27315036, DOI 10.1016/j.jcv.2016.05.016, lire en ligne)
  17. D. L. Fisher, S. Defres et T. Solomon, « Measles-induced encephalitis », QJM: monthly journal of the Association of Physicians, vol. 108, no 3,‎ , p. 177–182 (ISSN 1460-2393, PMID 24865261, DOI 10.1093/qjmed/hcu113, lire en ligne)
  18. (en-US) CDC, « Measles Complications », sur Centers for Disease Control and Prevention, (consulté le 16 juin 2021)
  19. Carlo Di Pietrantonj, Alessandro Rivetti, Pasquale Marchione et Maria Grazia Debalini, « Vaccines for measles, mumps, rubella, and varicella in children », The Cochrane Database of Systematic Reviews, vol. 4,‎ , CD004407 (ISSN 1469-493X, PMID 32309885, Central PMCID 7169657, DOI 10.1002/14651858.CD004407.pub4, lire en ligne)
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