Mauvais traitement envers une personne âgée (approche clinique)

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Mauvais traitement envers une personne âgée
Approche clinique
Caractéristiques
Examens paracliniques Formule sanguine complète
Drapeaux rouges
Cachexie, Malnutrition, Non-observance, Blessures inexpliquées, Hygiène négligée, Retard de consultation, Décompensation, Absence de suivi, Histoire changeante, Examens contradictoires
Informations
Wikidata ID Q427883
Spécialités Gériatrie, psychiatrie

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Objectif du CMC
Mauvais traitements envers une personne âgée (114-2)

Le mauvais traitement des personnes âgées est considéré comme une action directe, une inaction ou une négligence envers une personne âgée qui lui fait du mal ou la met en danger, soit par une personne en position de confiance présumée, soit par une personne extérieure ciblant la victime en fonction de son âge ou son handicap.[1][2][3]

Épidémiologie

Le mauvais traitement des personnes âgées est un problème mondial répandu avec une prévalence estimée de 5 à 10% dans la population générale des personnes âgées aux États-Unis. [1][3][4] L'agresseur est souvent une personne que la victime connaît, comme un membre de la famille, un ami, un voisin ou le personnel des établissements de soins.[1][5] Parmi les catégories de mauvais traitement, la négligence, la violence ce psychologique et l'exploitation financière sont les plus courantes, les violences physiques et sexuelles étant les moins fréquentes. [6] Les personnes âgées atteintes de démence ou d'autres troubles cognitifs sont les plus à risque, avec près de cinq fois le taux de maltraitance des personnes âgées par rapport aux personnes âgées sans démence.[4][6][7]

Les autres groupes dont les niveaux d'abus sont disproportionnellement élevés sont les femmes, les personnes âgées de plus de 80 ans, les minorités, les résidents des établissements de soins de longue durée et les personnes souffrant de comorbidités multiples. En raison des données limitées et contradictoires, il est difficile de déterminer si des facteurs tels que la race, l'appartenance ethnique et le sexe sont des facteurs de risque indépendants de maltraitance.

Les données démographiques varient selon le type d'abus, les femmes étant beaucoup plus souvent victimes d'abus sexuels que les hommes. [8] La prévalence exacte du mauvais traitement des personnes âgées est difficile à déterminer, car on estime que seulement 5% des cas de maltraitance sont signalés. [9][2][10][7]

Étiologies

Le mauvais traitement des personnes âgées se décompose en cinq catégories, elles-mêmes pouvant prendre différentes formes:

  1. violence physique
    • coups
    • pincements
    • brûlures
    • contention
    • toutes autres formes de douleurs physiques
  2. maltraitance sexuelle
    • viol
    • nudité forcée
    • photographie explicite
    • dénigrement sexuel
  3. violence psychologique ou morale
    • menaces
    • harcèlement
    • intimidation
    • isolement
    • dénigrement
    • infantilisation
  4. exploitation financière ou matérielle
    • vol
    • falsification de signature
    • modification de testament
    • paiements excessifs
    • extorsion
    • chantage
  5. négligence
    • malnutrition
    • hygiène innappropriée
    • non-renouvellement de la médication.

Le mauvais traitement des personnes âgées est un phénomène complexe comportant de nombreux facteurs de risque et déterminants sociaux à prendre en compte. Ceux-ci incluent les caractéristiques des victimes et des agresseurs, les perceptions de la société et les facteurs environnementaux.[5][9][10][4][7][6]

Facteurs de risque liés au mauvais traitement
Facteurs de risque liés à la victime Facteurs de risque liés à l'agresseur Facteurs de risque environnemtaux
Dépendance à l'égard du soignant Toxicomanie Manque de ressources communautaires
Incapacité cognitive ou physique Expériences antérieures de violence Taux de criminalité élevé
Histoire de violence familiale Dépendance financière à la victime Faible statut socio-économique
Liens familiaux déficitaires Proche de la victime Absence de formation chez le personnel infirmier
Peur de représailles/d'instutionnalisation Maladies mentales et troubles de personnalité Manque de sensibilisation au mauvais traitement envers les personnes âgées

Approche clinique

Questionnaire

Si un mauvais traitment envers une personne âgée est suspectée, il est recommandé de suivre les mesures suivantes lors de l'anamnèse: [6][5][7][4]

  • demander au soignant de quitter la pièce afin de questionner le patient
  • ne pas utiliser les soignants ou membres de la famille comme trraducteur
  • mettre le patient à l'aise et lui donner le temps approprié pour répondre
  • questionner les abus soupçonnés de manière spécifique
  • tenter d'identifier les facteurs de risque médicaux et psychosociaux à la maltraitance
  • dresser l'historique détaillé d'une blessure suspecte
  • interroger les membres de la famille, soignants, services médicaux d'urgence, forces de l'ordre, etc. à la recherche d'incohérences dans les récits et de drapeaux rouges
  • dresser une note médicale détaillée, car elle pourrait ultiérieurement faire partie d'une enquête.

Il est également pertinent d'aborder directement le soignant. En effet, certains soignants font vivre de la maltraitance sans même en avoir conscience. Au moment approprié, il est donc recommandé de questionner les éléments suivants:

  • l'épuisement du soignant
  • le besoin d'être directif ou de hausser le ton avec le patient
  • la difficulté à s'occuper et gérer les besoins du patient.

Examen clinique

Si un mauvais traitement envers une personne âgée est suspectée, il est recommandé d'effectuer les mesures suivantes lors de l'examen physique: [6][5][7]

  1. procéder à un examen physique complet de la tête aux pieds à la recherche de:
  2. procéder à l'examen des parties génitales à la recherche de:
  3. procéder à l'observation de l'interaction patient soignant à la recherche de:

Drapeaux rouges

Les drapeaux rouges suivants peuvent laisser présager la présence d'une situation de mauvais traitement enverse une personne âgée:

Investigation

Les examens d'investigation inclut tout examen approprié à la condition ou à la plainte initiale et accepté par le patient. Les conditions suivantes pourraient être vérifiées à l'aide d'une formule sanguine complète ou autres tests appropriés: [6][7]

Il est également important d'éliminer les diagnostics différentiels pouvant mimer des signes de négligence comme de la déshydratation, une perte de poids, des ecchymoses et des fractures.

Diagnostic différentiel pouvant mimer des signes de maltraitance
Déshydratation Perte de poids Ecchymoses Fractures
Troubles métaboliques Troubles métaboliques Troubles métaboliques Troubles métaboliques
Infection Infection Coagulopathies Ostéopénie
Trouble endocrinien Trouble endocrinien Utilisation d'anticoagulants Tumeurs malignes
Démence Dépression Alitement prolongé
Problèmes dentaires Tumeurs malignes
Tumeurs malignes

Contrairement au mauvais traitement envers les enfants, il existe peu de données pour identifier des schémas radiologiques spécifiques pathognomoniques pour le mauvais traitement envers les personnes âgées. Certains résultats radiologiques peuvent cependant être des signes potentiels d'abus:

  • fractures des côtes postérieures
  • fractures de chronicité variable
  • fracture la diaphyse ulnaire distale
  • fractures du crâne
  • hématomes sous-duraux
  • hématomes de l'intestin grêle
  • fracture à haute énergie dans le cadre d'un mécanisme à faible énergie.

Si une imagerie est obtenue, il est important de communiquer avec le radiologue. Les choses qui peuvent être utiles pour le radiologue comprennent la connaissance de la capacité fonctionnelle du patient, les antécédents médicaux pertinents et le mécanisme de la blessure pour l'aider à déterminer si la blessure est cohérente avec le mécanisme décrit.[9][7]

Il existe également des outils de dépistage de maltraitance envers les aînés: [4][6][3][7]

  • Évidence d'Abus Selon des Indicateurs ou The Elder Abuse Suspicion Index (EASI)
  • Elder Abuse Vulnerability Index.

Prise en charge

Une approche globale et interprofessionnelle est nécessaire pour identifier et gérer efficacement les complexités médicales, psychosociales et sociétales du mauvais traitement envers des personnes âgées. Le traitement doit initialement se concentrer sur la correction du problème ou de la blessure aiguë. Cependant, il est essentiel de s'attaquer également aux composantes sociales et psychologiques du mauvais traitement envers les personnes âgées. Voici quelques recommandatations à considérer lors de la prise en charge d'une situation de mauvais traitement envers une personne âgée:

  • évalutation de l'aptitude du patient du patient si il y a doute sur sa capacité à consentir (si une personne apte à consentir, elle peut rester dans son environnement abusif si elle le souhaite) [6]
    • test d’évaluation des compétences de Hopkins ou Hopkins Competency Assessment Test[4]
  • signaler le cas aux autorités selon la législation provinciale
  • hospitaliser le patient si la condition médicale le nécessite ou si doute sur la sécurité du patient à domicile
  • référer le patient aux organismes de services santé compétents
    • services de santé à domicile
    • livraison de repas
    • transport pour rendez-vous
    • centre pour personnes âgées
  • procéder à l'évaluation par une équipe multidisciplinaire
    • gériatre
    • travailleur social
    • ergothérapeute
    • pharmacien
    • infirmière
    • psychologue.

Complications

Il est important d'identifier rapidement une situation de mauvais traitement d'une personne âgée non seulement pour atténuer les effets physiques et psychosociaux persistants, mais pour prévenir les effets à long terme. Le mauvais traitement des personnes âgées est associée à une augmentation significative de la morbidité et de la mortalité et peu engendrer des complications comme: [1][6][7]

Prévention

Un aspect difficile du contrôle du mauvais traitement envers les aînés est qu'elle est souvent non identifiée et sous-déclarée. Les campagnes visant à réduire le mauvais traitement envers les personnes âgées devraient se concentrer sur l'éducation des travailleurs de la santé, des soignants, des patients et de la communauté sur la prévalence, les facteurs de risque et les signes de maltraitance des personnes âgées ainsi que sur les ressources disponibles pour aider. L'amélioration des ressources communautaires est également nécessaire pour mieux soutenir les victimes et les familles. [4][7]

Identifier et minimiser les facteurs de risque ainsi que fournir un soutien aux familles pourrait aider à réduire la prévalence de la maltraitance et, par la suite, à réduire le fardeau des services médicaux d'urgence, des hôpitaux, des frais de soins médicaux et du besoin de placement dans un établissement de soins de longue durée.

Les établissements de soins de longue durée peuvent minimiser le risque d'abus en évitant le manque de personnel, en créant un environnement calme, en faisant en sorte que le personnel se sente apprécié et en éduquant davantage le personnel sur la façon de gérer les résidents difficiles ou agressifs.

Références

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  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Philip R. A. Baker, Daniel P. Francis, Noran N. Hairi et Sajaratulnisah Othman, « Interventions for preventing abuse in the elderly », The Cochrane Database of Systematic Reviews, no 8,‎ , CD010321 (ISSN 1469-493X, PMID 27528431, Central PMCID 7169376, DOI 10.1002/14651858.CD010321.pub2, lire en ligne)
  2. 2,0 et 2,1 Tony Rosen, Stephen Hargarten, Neal E. Flomenbaum et Timothy F. Platts-Mills, « Identifying Elder Abuse in the Emergency Department: Toward a Multidisciplinary Team-Based Approach », Annals of Emergency Medicine, vol. 68, no 3,‎ , p. 378–382 (ISSN 1097-6760, PMID 27005448, Central PMCID 5391043, DOI 10.1016/j.annemergmed.2016.01.037, lire en ligne)
  3. 3,0 3,1 et 3,2 XinQi Dong et Melissa A. Simon, « Vulnerability risk index profile for elder abuse in a community-dwelling », Journal of the American Geriatrics Society, vol. 62, no 1,‎ , p. 10–15 (ISSN 1532-5415, PMID 25180376, Central PMCID 4155408, DOI 10.1111/jgs.12621, lire en ligne)
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,5 et 4,6 Xin Qi Dong, « Elder Abuse: Systematic Review and Implications for Practice », Journal of the American Geriatrics Society, vol. 63, no 6,‎ , p. 1214–1238 (ISSN 1532-5415, PMID 26096395, DOI 10.1111/jgs.13454, lire en ligne)
  5. 5,0 5,1 5,2 et 5,3 Lorraine C. Mion et Mary Alice Momeyer, « Elder abuse », Geriatric Nursing (New York, N.Y.), vol. 40, no 6,‎ , p. 640–644 (ISSN 1528-3984, PMID 31735449, DOI 10.1016/j.gerinurse.2019.11.003, lire en ligne)
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 6,4 6,5 6,6 6,7 et 6,8 Tony Rosen, Michael E. Stern, Alyssa Elman et Mary R. Mulcare, « Identifying and Initiating Intervention for Elder Abuse and Neglect in the Emergency Department », Clinics in Geriatric Medicine, vol. 34, no 3,‎ , p. 435–451 (ISSN 1879-8853, PMID 30031426, Central PMCID 6057151, DOI 10.1016/j.cger.2018.04.007, lire en ligne)
  7. 7,0 7,1 7,2 7,3 7,4 7,5 7,6 7,7 7,8 et 7,9 Mark J. Johnson et Howard Fertel, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 32809718, lire en ligne)
  8. Hannah Bows, « The other side of late-life intimacy? Sexual violence in later life », Australasian Journal on Ageing, vol. 39 Suppl 1,‎ , p. 65–70 (ISSN 1741-6612, PMID 32567186, DOI 10.1111/ajag.12728, lire en ligne)
  9. 9,0 9,1 et 9,2 Tony Rosen, Elizabeth M. Bloemen, Jasmin Harpe et Allen M. Sanchez, « Radiologists' Training, Experience, and Attitudes About Elder Abuse Detection », AJR. American journal of roentgenology, vol. 207, no 6,‎ , p. 1210–1214 (ISSN 1546-3141, PMID 27732066, Central PMCID 5641450, DOI 10.2214/AJR.16.16078, lire en ligne)
  10. 10,0 et 10,1 Michael Mileski, Kimberly Lee, Curtis Bourquard et Belinda Cavazos, « Preventing The Abuse Of Residents With Dementia Or Alzheimer's Disease In The Long-Term Care Setting: A Systematic Review », Clinical Interventions in Aging, vol. 14,‎ , p. 1797–1815 (ISSN 1178-1998, PMID 31695349, Central PMCID 6816079, DOI 10.2147/CIA.S216678, lire en ligne)
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