Kyste du canal thyréoglosse

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Kyste du canal thyréoglosse
Maladie

Localisations potentielles (1-4) des kystes du canal thyréoglosse
Caractéristiques
Signes Stridor, Élévation à la protrusion de la langue, Chaleur, Absence de sinus ou de fistule, Masse kystique au niveau de la ligne cervicale médiale, Mouvement de la masse cervicale lors de la déglutition, Masse cervicale sensible à la palpation, Érythème cutané
Symptômes
Dysphagie, Odynophagie, Augmentation rapide d'une masse cervicale médiane, Apparition rapide d'une masse cervicale médiane, Masse cervicale douloureuse, Sensation d'obstruction pharyngée, Asymptomatique
Diagnostic différentiel
Sialadénite, Métastases ganglionnaires, Ranula, Kystes dermoïdes, Kystes épidermoïdes, Lipomes, Hypertrophie du lobe pyramidal de la thyroïde, Malformations lymphovasculaires, Kyste de la fente branchiale, Lymphadénopathie (approche clinique), ... [+]
Informations
Autres noms Kyste du tractus thyréoglosse (KTT)
Wikidata ID Q502785
Spécialités ORL, Pédiatrie, Endocrinologie, Chirurgie générale

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Les kystes du canal thyréoglosse sont les anomalies cervicales congénitales les plus fréquentes. Ces kystes peuvent se former n'importe où le long de la voie de migration de la thyroïde, de la base de la langue vers la région cervicale inférieure. Ils se présentent souvent sous la forme de kystes de la ligne médiane du cou avec une association étroite avec l'os hyoïde.[1][2]

Épidémiologie

Les kystes du canal thyréoglosse sont présents chez environ 7% de la population mondiale. Ce sont les masses cervicales congénitales les plus fréquentes et comptent pour environ 70% de celles-ci. De toutes les masses cervicales pédiatrique, ces kystes sont les 2e en prévalence après la lymphadénopathie inflammatoire. On les retrouve aussi chez les adultes avec une fréquence variable. Finalement, leur prévalence est similaire entre les hommes et les femmes. [2][3][4]

Même si l'anomalie est congénitale, seuls 1/3 des cas sont observés chez les moins de 10 ans. Il y aurait en fait une présentation bi-modale avec un âge moyen de diagnostic à 6 ans, puis entre 41 et 45 ans. Cette présentation tardive découle du fait que l'anomalie embryologique est présente dès la naissance, mais que la collection peut se produire plusieurs années plus tard. [3]

Le risque de malignité est faible avec la trouvaille d'un carcinome dans seulement 1% des cas à la pathologie post-opératoire. [3]

Physiopathologie

Un kyste du canal thyréoglosse est un reste embryonnaire qui se forme en raison de l'échec de fermeture du canal thyréoglosse s'étendant du foramen caecum (à la base du pharynx primitif) à l'emplacement de la thyroïde dans la région cervicale inférieure. [2]

Lors de l'embryogenèse, la thyroïde commence à se développer dès la troisième semaine de gestation. Il s'agit d'un tissu d'origine endodermique situé sur la ligne médiane de la langue, au niveau du tiers postérieur de celle-ci. Le tissu thyroïdien commence sa descente à partir du foramen caecum, dont l'invagination commence vers la 5e semaine de gestation. La descente passe antérieurement (le plus souvent) à l'os hyoïde et aux cartilages laryngés pour finalement se loger dans la région pré-trachéale, à mi-chemin entre le cartilage cricoïde et la fourchette sternale. Le positionnement final est atteint vers la 7e semaine de gestation. [2][3][5]

Le trajet laissé par cette descente de la thyroïde est appelé le canal thyréoglosse. Un kyste thyréoglosse peut survenir lorsqu'il y a échec de l'oblitération de la portion proximale de ce canal. Cette involution est généralement complétée à la 10e semaine de grossesse. S'il y a persistance, c'est à ce moment que les sécrétions de la muqueuse épithéliale peuvent s'accumuler, causer de l'inflammation et la formation du kyste. La portion distale, quant à elle, subit souvent une atrésie. Elle peut toutefois persister à des degrés variables et donner le lobe pyramidal de la thyroïde chez environ 50% des patients. [6][7][2]

Ce type de kyste est étroitement associé à l'os hyoïde. On le retrouve le plus souvent en infra-hyoïdien, soit au niveau de la membrane thyrohyoïde (65%). Dans 20% à 25% des cas, ils est localisé au niveau supra-hyoïdien, et au niveau hyoïde dans 15% à 50% des cas. Dans de rares cas (2%), on peut le retrouver intra-lingual au niveau de la base de la langue. [3][8]

Présentation clinique

Les kystes du canal thyréoglosse se présentent généralement sous forme de masses mobiles de la ligne médiale du cou, près de l'os hyoïde. Ils sont souvent asymptomatiques. Cependant, ils peuvent se présenter sous forme d'abcès ou de sinus drainant par intermittence. La masse s'élèvera avec la saillie de la langue ou la déglutition. On la retrouve finalement le plus souvent au niveau même ou juste en dessous de l'hyoïde. [2]

Questionnaire

Bien que certains patients puissent être complètement asymptomatiques, les éléments suivants sont à rechercher à l'histoire : [3][5]

Il est aussi utile de questionner des incisions / drainage antérieurs, la prise d'antibiotiques, ainsi que l'histoire médicale et médicamenteuse des patients en vue d'une chirurgie. [3]

Examen clinique

L'examen du cou est le seul examen physique qui risque d'être contributoire, notamment avec la trouvaille des signes suivants : [3]

En présence d'une atteinte systémique importante ou de symptômes obstructifs altérant la perméabilité des voies respiratoires, l'évaluation des signes vitaux est primordiale. Une prise en charge appropriée est alors de mise.

Examens paracliniques

En cas de suspicion de la présence d'un kyste du canal thyréoglosse, ou en vue d'une exérèse chirurgicale, les examens paracliniques suivants sont à envisager. Ils visent également à identifier la présence d'une thyroïde normalement localisée : [3]

Échographie du kyste thyroglosse (A et B), tomodensitométrie du même kyste (C)
  • Échographie cervicale :
    • Trouvailles : lésion kystique aux contours biens définis, anéchogène et avec des parois minces
      • Parfois apparence pseudosolide
      • Infections antérieures pouvant donner une masse kystique hétérogène
    • Test intéressant en première ligne en raison de sa disponibilité, de son faible coût, de son caractère non ionisant et de l'absence de nécessité de recourir à la sédation (particulièrement en contexte pédiatrique)
    • Sensibilité et spécificités comparables à la TDM et à l'IRM
    • Le plus souvent le seul test effectué
  • Tomodensitométrie des tissus mous du cou :
  • Imagerie par résonnance magnétique du cou :
    • Trouvailles similaires avec excellente résolution et étude des plans profonds, parfois nécessaire en vue d'une chirurgie
    • Identification du tractus en utilisant une pondération T2
      Tomodensitométrie (A) et résonnance magnétique (B-C) d'une néoplasie papillaire dans le kyste thyroglosse

En l'absence d'identification d'une thyroïde normalement localisée, un bilan thyroïdien et une scintigraphie thyroïdienne peuvent être envisagés. Ces examens ne font toutefois pas partie du bilan de base, mais visent plutôt à distinguer une thyroïde ectopique d'un kyste thyréoglosse. [5][3]

L'absence de tissu thyroïdien à l'extérieur du kyste est à prendre en compte avant une chirurgie, sans toutefois empêcher celle-ci d'avoir lieu si elle reste indiquée. Le patient, ou ses parents, devra toutefois être avisé qu'une supplémentation hormonale en lexothyroxine sera probablement nécessaire pour le restant de sa vie. [2][5][3]

Histopathologie

Les kystes du canal thyréoglosse sont des structures kystiques bordées d'épithélium respiratoire, d'épithélium squameux ou d'une combinaison des deux. En raison d'une fréquence élevée d'infection, des infiltrats inflammatoires peuvent être présents. Ceux-ci peuvent apparaître sous forme de tissu de granulation ou de cellules géantes. Dans environ 70% des cas, des foyers microscopiques de tissu ectopique de la glande thyroïde peuvent être trouvés, généralement à l'intérieur de la paroi du kyste.[2]

Approche clinique

L'approche des masses cervicales pédiatriques de toutes sortes repose notamment sur l'élimination des conditions représentant un risque grave et/ou imminent pour la santé de l'enfant, tout en limitant l'usage d'examens paracliniques invasifs et coûteux. [5]

Le diagnostic différentiel sera notamment orienté en fonction de l'âge (enfant ou adulte), du moment et du mode d'apparition, de la localisation et de la présence de symptômes associés. [5]

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel des kystes du canal thyroglosse comprend les entités suivantes : [2][3][9]

Traitement

Selon le mode de présentation du kyste thyroglosse, les traitements suivants doivent être envisagés : [10][11][2][3]

  • antibiothérapie systémique (Si infection du kyste suspectée) en cas de présentation avec une infection aiguë
    • La procédure de Sistrunk ne peut être effectuée dans le cadre d'une infection active
  • exérèse d'un kyste thyréoglosse, notamment la procédure modifiée de Sistrunk
    • La procédure recommandée est la procédure modifiée de Sistrunk, qui consiste à retirer le kyste, en plus de retirer la portion centrale de l'os hyoïde et les tissus à la base de la langue.
    • Il s'agit d'une procédure élective visant notamment à diminuer le risque de complications et à corriger l'atteinte esthétique.

Oncologie chirurgicale

Moins de 1% des kystes du canal thyréoglosse sont malins, trouvailles découlant le plus fréquemment de l'analyse pathologique du spécimen chirurgical, dans 73,3% des cas. La présentation est souvent asymptomatique, mais chez des adultes dont l'âge moyen est plus avancé. [2]

Le carcinome papillaire est le type le plus courant (92,1%) suivie du carcinome épidermoïde (4,3%). Les patients diagnostiqués avec un carcinome d'un kyste du canal thyréoglosse ont tendance à être des adultes et ont un âge moyen plus avancé que le patient ayant un kyste du canal thyroglosse typique. Le traitement du carcinome papillaire dans ces cas implique une procédure Sistrunk suivie d'une évaluation des ganglions lymphatiques latéraux du cou et de la thyroïde.

Le risque d'avoir un microcarcinome thyroïdien de façon concomitante étant estimé à 6,6%, une thyroïdectomie totale, une dissection latérale du cou et / ou de l'iode radioactif ne sont pas indiqués d'emblée. Ils le sont toutefois en fonction de l'étendue de la maladie et des trouvailles au suivi subséquent (au long terme) de la fonction thyroïdienne et à l'échographie de la thyroïde. Après une intervention, le pronostic global est excellent, avec un taux de survie de 99,4% et un taux de récidive de 4,3% .[2][3][5]

Suivi

Suivi selon l'évolution des signes d'infection lorsque traité par antibiothérapie. La chirurgie est ensuite à envisager lorsque l'infection est résolue. Le suivi est par la suite celui usuel en contexte post-chirurgical. [3]

Complications

Les complications suivantes sont celles d'un kyste du canal thyréoglosse non réséqué. Les complications de l'exérèse chirurgicales sont plutôt détaillées sur la page de l'exérèse d'un kyste du canal thyréoglosse. [3]

Évolution

Suite à la procédure Sistrunk, le pronostic est généralement excellent. Les taux de récidives sont estimés à 5,8% selon une revue de littérature datant de 2015. Comparativement, les taux de récidives grimpent à 46% lorsque la simple excision du kyste est exécutée. [12]

Références

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  1. Erick Garcia, Beth Osterbauer, David Parham et Jeffrey Koempel, « The incidence of microscopic thyroglossal duct tissue superior to the hyoid bone », The Laryngoscope, vol. 129, no 5,‎ , p. 1215–1217 (ISSN 1531-4995, PMID 30194760, DOI 10.1002/lary.27291, lire en ligne)
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 et 2,11 Janine Amos et Carl Shermetaro, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 30085599, lire en ligne)
  3. 3,00 3,01 3,02 3,03 3,04 3,05 3,06 3,07 3,08 3,09 3,10 3,11 3,12 3,13 3,14 et 3,15 Myers, Eugene N., 1933- et Snyderman, Carl H.,, Operative otolaryngology : head and neck surgery (ISBN 978-0-323-46134-4 et 0-323-46134-4, OCLC 1006507647, lire en ligne)
  4. Flint, Paul W.,, Cummings otolaryngology : head and neck surgery (ISBN 978-0-323-61217-3 et 0-323-61217-2, OCLC 1164712708, lire en ligne)
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 5,5 et 5,6 Flint, Paul W.,, Cummings otolaryngology : head and neck surgery (ISBN 978-0-323-61217-3 et 0-323-61217-2, OCLC 1164712708, lire en ligne)
  6. J. Ma, C. Ming, F. Lou et M. L. Wang, « [Misdiagnosic analysis and treatment of pyriform sinus fistula in children] », Zhonghua Er Bi Yan Hou Tou Jing Wai Ke Za Zhi = Chinese Journal of Otorhinolaryngology Head and Neck Surgery, vol. 53, no 5,‎ , p. 381–384 (ISSN 1673-0860, PMID 29764021, DOI 10.3760/cma.j.issn.1673-0860.2018.05.010, lire en ligne)
  7. Ozlem Unsal, Pınar Soytas, Seyhan Ozakkoyunlu Hascicek et Berna Uslu Coskun, « Clinical approach to pediatric neck masses: Retrospective analysis of 98 cases », Northern Clinics of Istanbul, vol. 4, no 3,‎ , p. 225–232 (ISSN 2536-4553, PMID 29270570, Central PMCID 5724916, DOI 10.14744/nci.2017.15013, lire en ligne)
  8. 8,0 et 8,1 (en) « ‎Chirurgie », sur App Store (consulté le 31 octobre 2020)
  9. 9,0 et 9,1 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 8 novembre 2020)
  10. Beata Pucher, Katarzyna Jonczyk-Potoczna, Agata Kaluzna-Mlynarczyk et Pawel Kurzawa, « The Central Neck Dissection or the Modified Sistrunk Procedure in the Treatment of the Thyroglossal Duct Cysts in Children: Our Experience », BioMed Research International, vol. 2018,‎ , p. 8016957 (ISSN 2314-6141, PMID 30018983, Central PMCID 6029493, DOI 10.1155/2018/8016957, lire en ligne)
  11. Jin Pyeong Kim, Jung Je Park et Seung Hoon Woo, « No-Scar Transoral Thyroglossal Duct Cyst Excision in Children », Thyroid: Official Journal of the American Thyroid Association, vol. 28, no 6,‎ , p. 755–761 (ISSN 1557-9077, PMID 29742987, Central PMCID 5994682, DOI 10.1089/thy.2017.0529, lire en ligne)
  12. (en) Daan Rohof, Jimmie Honings, Henricus J. Theunisse et Henrieke W. Schutte, « Recurrences after thyroglossal duct cyst surgery: Results in 207 consecutive cases and review of the literature: Recurrences after thyroglossal duct cyst surgery », Head & Neck, vol. 37, no 12,‎ , p. 1699–1704 (DOI 10.1002/hed.23817, lire en ligne)
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