Incontinence urinaire (approche clinique)

De Wikimedica
Incontinence urinaire
Approche clinique
Caractéristiques
Examens paracliniques Urée sérique, Créatinine sérique, DCA, Mesure du débit urinaire, Analyse d'urine, Mesure du volume vésical résiduel, Cystométrie, Cystométrographie, Éléctromyographie des muscles du périnée, Cystouréthrographie
Drapeaux rouges
Syndrome de la queue de cheval, Hématurie macroscopique (signe clinique), Masse abdominale ou pelvienne (approche clinique)
Informations
Terme anglais Incontinence
Spécialités Urologie, gynécologie

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Objectif du CMC
Incontinence urinaire chez l'adulte (47-2)

L'incontinence urinaire est définie comme la perte involontaire d'urine. Pour l'incontinence chez l'enfant, voir la page sur l'énurésie. L'incontinence urinaire est fréquente, particulièrement dans la population gériatrique. Ses étiologies se divisent 4 catégories: l'incontinence d'urgence, d'effort, mixte et par débordement. À l'histoire, il incombe de bien questionner le moment de survenue des incontinences et particulièrement les symptômes obstructifs, car ils peuvent requérir une prise en charge immédiate. À l'examen physique, il faudra évaluer l'intégrité neurologique des mécanismes de la miction, faire l'examen gynécologique si pertinent et possiblement un examen rectal.

Le diagnostic de l'incontinence urinaire est surtout clinique, mais pourra s'adjoindre d'un SMU-DCA afin d'éliminer l'infection, d'une mesure du volume vésical résiduel s'il y a suspicion d'une cause obstructive et possiblement de tests urodynamiques s'il faut pousser l'investigation. La prise en charge de l'obstruction est causal, mais pour les autres incontinences, la priorité reste les mesures non pharmacologiques avec une possibilité de chirurgie et de médicaments dans certains cas.

Épidémiologie

L'incontinence peut survenir à n'importe quel âge, mais augmente en prévalence avec le vieillissement et touche 2 femmes pour un homme. Dans la population gériatrique, elle affecte 30% des femmes et 15% des hommes.[1] Chez les aînés en hébergement, elle touche jusqu'à 50% d'entre eux.[2]

Étiologies

Incontinence urinaire d'urgence

Les étiologies sont[2]:

Incontinence urinaire d'effort

L'incontinence d'effort est surtout commune chez les femmes et les hommes ayant subit des chirurgies pelviennes ou de la prostate.[2]

Plus précisément, chez la femme, les facteurs de risque associés sont : le prolapse pelvien, un ATCD de chirurgie pelvienne, un accouchement par voie vaginale, la femme ménopausée (état hypoestrogénique), l'âge, le tabac, une maladie neurologique ou pulmonaire.[3]

Incontinence mixte

Une combinaison d'incontinence de stress et d'incontinence d'urgence.

Incontinence urinaire par débordement

L'incontinence urinaire par débordement est normalement associée à la rétention urinaire.

Étiologies de la rétention urinaire[2]
Obstuction Atteinte neurologique Pharmacologique Infection
L'obstruction peut se trouver dans l'urètre ou la vessie même

Incontinence urinaire fonctionnelle

Décrit l'incontinence secondaire à des facteurs qui empêchent l'accès aux toilettes:

Physiopathologie

La continence dépend de deux phases:

  1. Le remplissage et le stockage: requiert une bonne compliance vésicale, une capacité d'accommodation et l'absence de contractions involontaires
  2. Vidange: coordination de la contraction du détrusor et le relâchement des sphincters (et absence d'obstruction)

Une incontinence peut donc être causée par l'incapacité de la vessie à stocker ou à se vider. Elle peut également être causée par une dysfonction sphinctérienne ou une obstruction[2]

Histoire

L'incontinence est généralement source d'embarras pour ceux qui en sont affectés. Mieux veut débuter le questionnaire en parlant de fuites. Parfois, ce seront les symptômes entourant l'incontinence qui seront rapportés (urgence mictionelle, nycturie, goutte à goutte, etc.).

Il faudra questionner les facteurs déclenchants (ex: effort de toux) ainsi que les symptômes associés comme de la douleur associée ou la constipation.

Le questionnaire sera préalablement orienté sur les antécédents obstétricaux et chirurgicaux du patient, ses habitudes urinaires, ses ATCD de trouble neurologie ou de traumatisme à la moelle épinière, ses habitudes de vie et sa médication. Un journal mictionnel pourra aider à établir l'étiologie de l'incontinence. Sur 48 à 72h, le patient (ou son aidant) consigne l'heure et la quantité approximative des mictions (gouttes, petit, moyen, grand; les culottes d'incontinences peut être pesées pour en déterminer la teneur en urine). Il faudra également consigner l'activité associée à la miction, comme les repas, la consommation de liquides, l'activité physique, etc.[1]

Par la suite, il s'agira de déterminer si l'incontinence est causée par de la rétention, de l'urgence ou un effort. Enfin, il est important de déterminer si la fuite est temporaire (associée à des habitude de vie comme la caféine ou l'alcool, à une infection urinaire irritante ou à la constipation) ou continue (DM, HPB, un cancer de la prostate ou un trouble neurologique)

Trouvaille Étiologie Précision
Cause probablement obstructive Chez les hommes, un tiers d'entre eux auront une hyperactivité du détrusor malgré des symptômes obstructifs.[1]
Urgenturie puis incontinence Incontinence d'urgence L'urgenturie seule n'est pas forcément associée à de l'incontinence. L'incontinence pourra survenir car le patient n'aura tout simplement pas le temps de se rendre aux toilettes
Urgenturie associée à des fuites et une augmentation de la pression abdominale Incontinence mixte
Incontinence importante sans symptômes d'appel Hyperactivité du détrusor
Fuites lors de l'augmentation de la pression abdominale Incontinence d'effort Peuvent causer une augmentation de la pression abdominale:

Examen physique

L'examen physique se concentre sur l'examen pelvien, rectal, abdominal et neurologique.[1] Dans les cas aigus de rétention urinaire l'examen abdominal pourrait mettre en évidence un globe vésical, mais en chronique ce dernier n'est pas utile.

Examen neurologique

L'innervation du sphincter anal partage les mêmes racines que le sphincter uréthral externe. Les tests suivants peuvent donc être réalisés:

Examen gynécologique

À l'examen gynécologique:

Examen rectal

Au toucher rectal:

  • Fécalome
  • Masses rectales
  • HBP, nodules prostatiques ou masses prostatiques

Examen abdominal

  • Recherche de masse abdominale
  • Recherche d'un globe vésicale

Test à la toux

Le test à la toux peut être fait en cabinet si de l'incontinence de stress est suspectée (suivi d'un test de Marshall-Bonney chez la femme).[4]

Drapeaux rouges

Les situations suivantes demanderont une investigation plus poussée et possiblement une référence en urologie, en gynécologie ou en neurochirurgie.

Investigation

Le diagnostic de l'incontinence est principalement fait par l'histoire et l'examen physique. Certains laboratoires et imageries de base pourront être demandés pour éliminer des étiologies ou orienter le diagnostic:

Lorsque la cause d'une incontinence n'est pas claire, des test urodynamique peuvent être entrepris.

Tests urodynamiques[1]
Test Indication Précision
Cystométrie Évaluation de l'incontinence d'urgence
Mesure du débit urinaire Suspicion d'une obstruction de l'urètre chez l'homme
Cystométrographie Incontinence d'urgence ou rétention urinaire
Éléctromyographie des muscles du périnée Incontinence d'effort ou rétention La pression de l'urètre, du rectum et de l'abdomen peuvent également être mesurées
Cystouréthrographie Si une dyssynergie vésico-spinctérienne suspectée (incontinence mixte)

Prise en charge

Pour tous les types d'incontinences, la prise en charge initiale passe par le traitement conservateur. Pour tous les types d'incontinences, il est important de:

  • Limiter les apports liquidiens, spécialement avant le sommeil
  • Éviter les liquides irritatifs pour la vessie (café) et la concentration des urines
  • Favoriser la perte de poids selon IMC, arrêt tabagisme
  • S'assurer d'un bon contrôle intestinal (ex. traiter la constipation)

Pour les incontinences d'urgence et d'effort, plusieurs traitements peuvent être envisagés:[2][3]

  • Incontinence d'urgence
  • Incontinence d'effort
    • Exercices de Kegel
    • Œstrogène topique
    • Perte de poids
    • Chirurgie: Techniques du TVT (tension-free vaginal tape) et TOT (trans-obturator tape), uréthropexie, sphincter artificiel
  • Incontinence par débordement
    • Cathétérisation
    • Traiter la cause sous jacente

Le traitement de rétention urinaire est principalement causal. Entre temps, la vidange de la vessie doit être assurée par la pose d'une sonde urinaire ou un cathétérisme intermittent, spécialement si la rétention est aiguë. En cas de rétention aiguë, un suivi des électrolytes et de la volémie sera nécessaire car il pourra y avoir diurèse post-obstructive.

Comme traitements de supports, des culottes de continence ou "pads absorbants" peuvent être utilisés, mais ils ne doivent pas se substituer au traitement causal.

Particularités

Gériatrie

Chez la femme, le déclin graduel de la fonction de vidange urinaire et de la pression de résistance urétral favorise l'incontinence d'effort.

Chez l'homme, l'hypertrophie de la prostate est une cause fréquente d'incontinence par trop plein (incontinence par débordement) et d'incontinence d'urgence.

La combinaison de ces faiblesses avec leurs multiples comorbidités, la perte d'autonomie fonctionnelle, et la médication souvent associée, rendent plus susceptible les personnes âgées de souffrir d'incontinence urinaire.[3]

Enfin, le délirium, une inflammation/infection, une mobilité restreinte ou un fécalome sont des causes fréquentes, transitoires et réversibles d'incontinence chez le sujet âgé.[3]

Pédiatrie

Les étiologies de l'incontinence chez l'enfant sont très différentes de celles de l'adulte et sont traitées dans la page sur l'énurésie.

Notes

  1. Constituant fréquent des médicaments en vente libre contre le rhume

Références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 et 1,5 (en-US) Patrick J. Shenot , MD, « Urinary Incontinence in Adults - Genitourinary Disorders - Merck Manuals Professional Edition », Merck Manuals Professional Edition,‎ (lire en ligne)
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 (en) Tina Binesh Marvasti et Sydney McQueen, Toronto Notes 2018, 34e éd., U5
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 (en) Toronto Notes 2019: Comprehensive Medical Reference and Review for MCCEE and USMLE II.
  4. « Agenda », Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, vol. 38, no 1,‎ , p. 99 (ISSN 0368-2315, DOI 10.1016/s0368-2315(09)00026-x, lire en ligne)
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