Grossesse (programme d'exercices)

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La pratique d'activités physiques chez les femmes enceintes comporte de nombreux bénéfices. Cette page traite des particularités en lien avec cette clientèle.

Grossesse (programme d'exercices)
Programme d'exercices
Programme d'exercices
Indications Grossesse
Contre-indications absolues
Embolie pulmonaire, Maladies cardiovasculaires, Épilepsie, Retard de croissance intra-utérin, Diabète de type 1, Maladie thyroïdienne, Hypertension gestationnelle, Pré-éclampsie, Anémie sévère, Fausses couches, ... [+]
Contre-indications relatives
Maladie pulmonaire obstructive chronique, Anémie, Sédentarité, Antoine Mercier-Linteau/Brouillons/Arythmies cardiaques, Trouble alimentaire, Maladie respiratoire, Malnutrition maternelle, Faible poids maternel, Col de l'utérus dilaté
Complications
Hypoglycémie, Décollement placentaire, Traumatisme, Rupture prématurée des membranes, Coup de chaleur, Crise hypertensive, Entorse, Bradycardie foetale, Rupture placentaire, Entorses, ... [+]

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Contexte

L’activité physique (AP) apporte plusieurs bienfaits chez les femmes enceintes lorsqu'elle pratiquée de façon sécuritaire et elle apporte un minimum de risques autant pour le bébé à venir que pour la mère[1]. Il existe encore des mythes concernant la grossesse et le risque de faire une fausse couche. Une grossesse peut être une incitation chez les femmes de développer de saines habitudes de vie, par contre, pour d’autres, cela pourrait représenter une occasion d’arrêter de bouger par peur et manque de connaissances[2]. Malgré les différentes lignes directrices en lien avec la grossesse et l'AP, seulement 15% des femmes vont atteindre la recommandation minimale de 150 minutes d'AP d'intensité modérée par semaine[3]. L'objectif est d'expliquer les bienfaits de l'AP et la façon de faire de l'AP durant la grossesse.

Indications

L'AP est indiquée chez les femmes enceintes n'ayant pas de contre-indications. Des sous-groupes ont été étudiés: les femmes qui étaient inactives avant la grossesse, les femmes atteintes de diabète gestationnel et les femmes obèses ou en surpoids (indice de masse corporelle (IMC) avant la grossesse > 25kg/m2)[2][3][4].Il est sécuritaire pour ces femmes de faire de l'exercice. Avant la participation à l'exercice, un questionnaire d'évaluation de l'état de santé peut être rempli par les femmes enceintes. La Société Canadienne de physiologie de l'exercice (SCPE) propose le questionnaire "X-APP" pour femmes enceintes"[4][2]. Il s'agit d'un questionnaire médical sur l'aptitude à l'AP pour les femmes enceintes. Il comprend une liste de vérification avant l'exercice, la vérification de contre-indications à l'exercice, des exemples d'exercice de renforcement musculaire et des précautions à prendre pendant l'entraînement musculaire durant la grossesse.

Contre-indications

Les femmes enceintes en santé et sans contre-indications sont encouragées à pratiquer l'AP durant leur grossesse [4]. Les femmes enceintes ayant une obésité sévère, un diabète gestationnel ou de l'hypertension devraient consulter leur médecin avant de débuter un programme d'exercice. Les contre-indications à l'exercice chez la femme enceinte sont les suivantes.

Absolues[4]

  1. maladie cardiaque influençant hémodynamie
  2. béance col utérin
  3. retard de croissance intra-utérin a
  4. grossesse multiple à risque de travail prématuré b
  5. saignements persistants durant 2e ou 3e trimestre
  6. placenta Praevia après 26-28 semaines de gestation
  7. pré-éclampsie ou hypertension gestationnelle c
  8. travail prématuré durant la grossesse actuelle
  9. maladie pulmonaire restrictive
  10. rupture des membranes
  11. anémie sévère
  12. hypertension non contrôlée d
  13. maladie thyroïdienne non contrôlée e
  14. autre maladie sérieuse cardiovasculaire, respiratoire ou systémique

Relatives[4]

  1. anémie ou anémie symptomatique
  2. dilatation du col de l'utérus
  3. bronchite chronique/maladie respiratoire légère ou modéré ou autre maladie respiratoire
  4. trouble alimentaire
  5. antécédent de sédentarité sévère
  6. malnutrition ou très faible poids
  7. maladie cardiovasculaire légère/modérée
  8. limitation orthopédique
  9. Épilepsie non contrôlée
  10. diabète de type 1 non contrôlé
  11. fausses couches récurrentes
  12. arythmies cardiaques non évaluées
  13. autres conditions médicales significatives

a Les lignes directrices de l'American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG) considère le retard de croissance intra-utérin comme une contre-indication relative.

b Les lignes directrices Canadiennes spécifient une grossesse de triplets ou plus comme une contre-indication absolue et la grossesse de jumeaux une contre-indication relative après la 28e semaine de grossesse.

cLes lignes directrices Canadiennes considère l'hypertension gestationnelle comme une contre-indication relative.

d Les lignes directrices de l'ACOG considère l'hypertension non contrôlée comme une contre-indication relative.

e Les lignes directrices de l'ACOG considèrent l'hyperthyroïdie comme une contre-indication relative.

Prescription recommandée

En assumant l'absence de complications durant la grossesse, l'AP devrait être faite de façon régulière durant la semaine et ajustée selon le volume total effectué (c'est-à-dire, le nombre de jours peut varier selon l'intensité et la durée de l'exercice). Il est suggéré d'accumuler au moins 150 minutes d'intensité modérée par semaine. La fréquence recommandée est un minimum de 3 jours par semaine,peut aller jusqu'à être active tous les jours[2][4]. Le volume total d'exercice devrait être réparti équitablement tout au long de la semaine afin de permettre une bonne récupération entre les entraînements. C'est pourquoi il est préférable de viser des séances de 20 à 30 minutes presque tous les jours de la semaine.

La durée totale d'exercice devrait être séparée dans la semaine, par exemple, des sessions de 20-30 minutes, malgré que des séances de n'importe quelle durée soient bénéfiques[5]. Pour les femmes inactives avant la grossesse, une intensité et/ou durée plus faible est recommandée plutôt que de réduire la fréquence[4] . Pour ces femmes, il est possible de débuter avec 10 minutes par jour et de progresser vers un total de 150 minutes d'activité aérobie par semaine[2].

Le test de la parole "talk test" devrait être utilisé pour l'intensité de l'exercice. La femme devrait être capable de maintenir une conversation durant l'exercice, si ce n'est pas le cas, l'intensité devrait être réduite[3]. La perception de l'effort (EPE) peut aussi être quantifiée à l'aide de l'échelle de Borg modifié (0-10). Il est recommandé de cibler une perception de l'effort modérée c'est-à-dire de 4-6/10. Une intensité plus grande ou une AP de longue durée peut nécessiter une prise alimentaire au préalable[4].

L'entraînement en résistance est également recommandé 2 à 3 jours, non consécutifs. L'intensité doit être modérée et sous-maximale. 8 à 10 ou 12 à 15 répétitions non maximales sont recommandées avec 2 à 3 séries touchant les groupes musculaires principaux. Il est possible d'utiliser le poids du corps (celui-ci peut être suffisant au plus la grossesse avance), les poids libres, les appareils de musculations, tant que cela est bien toléré durant la grossesse [6].La durée de repos entre les séries devrait être d'approximativement 2 minutes afin de laisser le temps à la FC de diminuer[7].

L'entraînement en flexibilité est recommandé > 2 à 3x par semaine, mais si cela est plus efficace si c'est pratiqué chaque jour. L'intensité recommandée est d'étirer jusqu'à une sensation d'étirement ou léger inconfort et de maintenir 10 à 30 séries. Les étirements peuvent être des étirements statiques ou dynamiques[6].

Exécution

Un échauffement au début de la séance de 10 à 15 minutes et un retour au calme à la fin de la séance de 10 à 15 minutes devrait être effectué à une intensité faible, donc aucun essoufflement et un EPE de 1-2/10 afin de réduire les risques de blessures[4].

Pour les femmes n'étant pas active avant la grossesse, il est préférable de débuter par de courtes séances de 10-15 minutes, 3x/semaine. Par la suite, augmenter la fréquence jusqu'à ce qu'elle atteigne 5-7x/semaine. Une fois la fréquence désirée atteinte, allonger les séances jusqu'à 20-30 minutes avant d'augmenter l'intensité.

Il a été démontré que de ne pas débuter l'activité physique dès le premier trimestre augmente les risque de complications, par exemple, l'hypertension gestationnelle, la pré-éclampsie, le gain de poids excessif, le diabète gestationnel et la sévérité des symptômes de dépression[3]. L'AP devrait donc être débuté dès le premier trimestre s'il n'y a pas de contre-indications.

Pour les femmes qui étaient actives avant la grossesse, elles devront peut-être modifier leur niveau d'AP au fur et à mesure que la grossesse avance. Il peut avoir des périodes où il n'est pas possible d'atteindre les recommandations dues à la fatigue et/ou inconforts durant la grossesse. Les femmes sont encouragées à faire ce qu'elle peut et retourner progressivement vers les recommandations, si cela est possible.

Les exercices de renforcement du plancher pelvien (par exemple, les exercices de Kegel) peuvent être effectués tous les jours[8]. Les exercices de renforcement musculaire peuvent être effectués, par contre, les femmes qui en faisaient avant la grossesse devraient discuter avec un professionnel de la santé afin d'ajuster l'entraînement[2].

Hydratation

Même si l'entraînement est fait dans des environnements contrôlés, les femmes enceintes devraient boire de l'eau avant, pendant et après l'AP afin de rester hydrater[4]. Avant l'entraînement, 8 oz d'eau devrait être consommée et par la suite, 8oz d'eau par 15 minutes d'AP devrait être également consommée afin de maintenir une balance au niveau des liquides. S'il y a perte de poids après l'exercice dû à une perte d'eau, l'eau perdue devra être remplacée après l'entraînement. 16 oz d'eau par livres perdues devrait être consommée [7].

Types d'exercices à considérer

Au niveau des exercices aérobies, les exercices comme la marche, la nage, le vélo stationnaire, les exercices aérobies avec faible impact et la course seraient à prioriser[2][4]. Pour retirer le maximum de bienfaits de l'AP, une variété d'exercices aérobie et musculaire devraient être effectués. Le yoga et les étirements peuvent également apporter des bienfaits[2].

Exercices de plancher pelvien

Pour les exercices de plancher pelvien, à l'expiration, on fait comme si on voulait rapprocher les crêtes iliaques (contraction du transverse de l'abdomen) et en même temps on contracte le plancher pelvien, donc on fait comme si on voulait retenir l'urine ou les gaz. Il est important de vérifier la capacité à contracter le transverse et les muscles du plancher pelvien, car 30% des femmes sont incapables de contracter leur plancher pelvien lors d'une première consultation[9].

Complications

Les sports de contacts, les sports qui pourraient augmenter les risques de chute et de traumatisme pour la mère et le foetus devraient être évités[2][4][10]. Les activités qui demandent des sauts et des changements de direction rapides ne sont pas recommandées également dues à l'hyperlaxité au niveau des articulations et des ligaments durant la grossesse. Les exercices en environnement chaud devraient être évités. La plongée sous-marine devrait également être évitée à cause du risque d'accident de décompression[4][10].

Les exercices en décubitus dorsal devraient être évités après le premier trimestre. Des périodes d'effort ou des périodes prolongées en décubitus dorsal peuvent diminuer le retour veineux et conséquemment le débit cardiaque, réduisant ainsi le débit sanguin au niveau de l'utérus et du foetus [4]. Les femmes ayant des nausées, étourdissements ou malaise lorsqu'elles font des exercices en décubitus dorsal devraient également éviter cette position[2]. La manoeuvre de Valsalva, les exercices isométriques et les exercices statiques debout devraient être évités puisqu'ils peuvent diminuer le retour veineux et mener à l'hypotension[4][11]. Les femmes enceintes devraient éviter l'exercice en environnement chaud et humide et elles devraient s'assurer d'être bien hydratées afin d'éviter un coup de chaleur[4].

Durant la grossesse, certaines femmes développent une diastase des grands droits, indiquée par une séparation visible des muscles abdominaux. Ces femmes devraient demander des conseils à un professionnel et éviter les étirements des muscles abdominaux puisqu'ils peuvent empirer la situation[4].Le yoga et le Pilates en environnement chaud doivent être évités dus au risque d'augmentation de la température corporelle au niveau des muscles stabilisateurs[4].

Éviter les exercices à une fréquence cardiaque (FC) >90% de la fréquence cardiaque maximale (FCmax)[9] [12]. En effet, on suggère que le bien-être du foetus (bradychardie foetale) peut être compromis lors des exercices intenses chez la femme enceinte. Lorsque l'intensité dépasse 90% de la FCmax, il y a une réduction simultanée du débit sanguin de l'utérus <50%. L'échantillon de l'étude était petit et il faut considérer les résultats avec prudence[12]. Puisque nous ne mesurons pas le débit sanguin lors de l'entraînement, on devrait rester à une intensité inférieur à 90% de la FCmax.

Une des craintes est la redistribution du flot sanguin à l'exercice vers les muscles actifs. La redistribution se fait selon un effet dose-réponse à l'exercice. Le débit sanguin au niveau du placenta est important puisque la livraison d'oxygène au niveau de l'utérus et du placenta est directement proportionnelle au débit sanguin du placenta. Par contre, durant l'exercice à intensité modérée, le foetus serait d'une certaine façon protégé puisque le sang du foetus a une plus grande affinité pour l'oxygène ce qui augmenterait le transfert d'oxygène à travers le placenta [13].

La demande calorique augmente d'environ 300 kcal/jour durant la grossesse. Les femmes devraient augmenter leur prise alimentaire afin de combler la demande supplémentaire due à la grossesse et due à l'AP[4]. Une prise alimentaire au-dessus ou en deçà des recommandations avec des changements au niveau de la prise de poids peut être associée avec des événements indésirables durant la grossesse[14].

Situations où il faut interrompre l'AP[4]

Ces situations ne sont pas des complications induites par l'exercice, mais des complications lié à la grossesse pour lesquels il est important d'avoir une réévaluation médicale.

  • Saignements vaginaux ou fuite de liquide amyotique
  • Essoufflement avant l'effort
  • Étourdissement, faiblesse ou céphalées
  • Douleur thoracique
  • Faiblesse musculaire
  • Douleur ou mollet enflé
  • Diminution des mouvements du foetus
  • Travail prématuré

Suivi

Compte tenu du fait qu'une bradycardie foetale a été observée chez certaines femmes à une intensité >90% de la FCmax, la FC devrait être monitorée.

La perception de l'effort devrait être monitorée également puisque l'on veut que les femmes soient à une intensité où elles sont encore capables d'avoir une conversation.

Pendant la grossesse, la perception de l'effort n'est pas fortement corrélée avec les fréquences cardiaques. Une femme qui utilise l'EPE s'exercerait à une FC beaucoup plus élevée que son EPE pourrait laisser croire. Si une femme veut maintenir sa FC dans des valeurs sures, l'EPE ne devrait pas être la seule mesure d'intensité de l'exercice, surtout à partir du deuxième trimestre[9].

La grossesse est associée avec un risque de pré-éclampsie et d'hypertension gestationnelle. Il faudrait donc prendre la tension artérielle de façon régulière chez les femmes enceintes.

Un suivi au niveau du gain de poids devrait également être fait. Afin d'éviter un gain de poids excessif durant la grossesse, il faut consulter les lignes directrices en matière de prise de poids basé sur l'IMC prégrossesse qui est disponible de "l'Instutitute of Medicine and the National Research Council"[4]. Malgré que l'AP aide à réguler le gain de poids durant la grossesse, les femmes qui s'entraînent au-dessus du niveau recommandé d'AP devraient surveiller leur poids afin d'assurer une prise calorique adéquate et la prise de poids[4][14].

Durant le premier trimestre, la femme va avoir plusieurs changements, malgré le fait que la prise de poids sera minimale, les hormones auront un effet. Le niveau d'énergie peut diminuer, il peut y avoir de la douleur dans le bas du dos et avoir la poitrine sensible. Durant cette période, la femme enceinte devrait essayer de maintenir un équilibre et pratiquer l'AP de façon régulière (entraînement en résistance et entraînement aérobie). Du à la production de relaxine, la femme enceinte devrait s'abstenir de lever des poids trop lourds[1].

Durant le deuxième trimestre, la prise de poids sera plus grande, le centre de gravité va commencer à changer et à se déplacer vers l'avant au fur et à mesure que le ventre va grossir. Durant cette période, des petites modifications devraient être faites, dont diminuer la charge et le nombre de répétitions[1]. Après le premier trimestre, les exercices demandant une flexion des hanches ou du tronc devraient être évités. Cela ajoute du stress à la région lombaire et ils peuvent provoquer des étourdissements et/ou des brûlures d'estomac[7]. Également, après le deuxième trimestre, les exercices qui demandent de lever des poids au-dessus de la tête devraient être évités puisqu'ils ajoutent également un stress au niveau du bas du dos[7].

Durant le troisième trimestre, malgré le fait que le ventre grossit encore, la femme enceinte devrait être capable de faire des entraînements de base et rester active jusqu'à l'accouchement[1]. Plus la grossesse avance, plus le poids du corps risque d'être suffisant pour certains exercices tel que le squat.

Bénéfice anticipé

L'AP durant le premier trimestre de la grossesse n'augmente pas les risques de fausse couche ou d'anomalies congénitales. Il a été démontré que de ne pas débuter l'AP dès le premier trimestre, augmente les risques de complications, par exemple, l'hypertension gestationnelle, la pré-éclampsie, le gain de poids excessif, le diabète gestationnel et la sévérité des symptômes de dépression[3].

Le fait de faire plus d'AP était associé avec de plus grands bénéfices. Combiner l'exercice aérobie et l'entraînement en résistance est plus efficace pour améliorer la santé que l'exercice aérobie seul. Il existe une relation de dose-réponse entre les intensités de l'exercice et la réduction des risques de pré-éclampsie, diabète gestationnel, la réduction des symptômes dépressifs et le taux de glucose sanguin maternel. Les femmes enceintes devraient être encouragées à être actives, même si elles n'atteignent pas les recommandations puisque l'AP à faible intensité apporte également des bénéfices[3].

Hypertension gestationnelle

L'hypertension gestationnelle est une hypertension apparue après 20 semaines de gestation, sans protéinurie. Environ 6% des femmes vont développer de l'hypertension gestationnelle et 25% d'entre elles vont évoluer vers la pré-éclampsie. Les femmes débutant l'exercice structuré tôt dans leur grossesse ont trois fois moins de risque de développer de l'hypertension gestationnelle, 1,5 fois moins à risque d'une prise de poids excessive et 2,5 fois moins à risque d'avoir un bébé macrosome[9].

Pré-éclampsie

La Pré-éclampsie affecte entre 2 et 7% des femmes lors de leur première grossesse. Elle se définit avec une combinaison d'hypertension artérielle et la présence de protéinurie après 20 semaines de gestation. L'inactivité physique ne fait pas partie des facteurs de risque, par contre, elle devrait en faire partie [9]. L'exercice réduit le taux de pré-éclampsie en améliorant la croissance placentaire et la vascularisation, en réduisant le stress oxydatif, l'inflammation et la dysfonction endothéliale. Afin d'avoir un effet maximal, l'exercice devrait débuter lors du premier trimestre[9]. Le risque de pré-éclampsie serait réduit de 40% chez les femmes ayant fait de l'AP intense avant la grossesse, mais sans amélioration supplémentaire lorsque pratiqué plus de 5 à 6 heures par semaine. Lorsqu'effectuée avant 24 semaines, l'AP apporte une réduction de 21% des risques de pré-éclampsie, avec une diminution du risque plus grand chez les femmes faisant de l'intensité élevée (diminution de 45%). Au final, comparativement aux femmes qui ne font pas d'exercices, les femmes faisant de l'exercice avant et pendant la grossesse ont une diminution du risque de développer de la pré-éclampsie de 36%[9].

Santé mentale

Dans la population générale, 6,7% des gens souffrent de dépression sur une période de 12 mois. Durant la grossesse, la prévalence de symptômes dépressifs est de 22,6%. L'AP est généralement associée avec un risque plus faible de symptômes dépressifs. La dépression durant la grossesse est associée avec un risque augmenté d'accouchement prématuré, croissance anormale du foetus, faible poids à la naissance et pré-éclampsie[9].

L'anxiété est rapportée chez environ le quart des femmes durant le premier et deuxième trimestre. Les femmes enceintes souffrent d'anxiété spécifique à la grossesse, par exemple, la peur d'avoir un enfant handicapé, la peur de l'accouchement et de l'anxiété face à leur corps qui change et leur apparence. Ces anxiétés rattachées à la grossesse ne sont pas associées avec l'anxiété générale et les symptômes dépressifs et sont rapportées par 14,4% des femmes[9]. Les études montrent une relation inverse entre l'activité physique et l'incidence et la sévérité des symptômes de dépression. Les femmes pratiquant de l'activité physique modérée auraient un score plus faible au questionnaire mesurant les symptômes de dépression que les femmes qui ne sont pas actives.[7].

Gain de poids excessif

La prise de poids durant la grossesse et un déterminant important de la croissance du foetus. Les femmes qui prennent peu de poids ont plus de risque de donner naissance à un enfant en sous-poids. Chez les femmes qui prennent trop de poids durant la grossesse, les risques de diabète gestationnel, d'hypertension gestationnelle, d'avoir un travail plus long lors de l'accouchement, d'avoir une césarienne, d'avoir un bébé macrosome ainsi que de garder le poids gagné durant la grossesse augmentent. Chez ces femmes, le risque de développer un surpoids/obésité plus tard augmente également[3]. Une diminution du niveau d'AP entre la période prégrossesse et la grossesse est fortement associée avec une prise de poids. Les femmes suivant les recommandations en AP (>30min par jour) ont 29% moins de risque de prendre du poids de façon excessive durant la grossesse[3].

Diabète gestationnel

Le diabète gestationnel est en augmentation et affecte près de 10% des grossesses. Les femmes diagnostiquées avec le diabète de grossesse ont 50% plus de chance de développer le diabète de type 2 dans les 5 ans suivant l'accouchement. Durant la grossesse, la résistance à l'insuline augmente et de façon compensatoire la sécrétion d'insuline augmente également. Parmi les effets indésirables chez l'enfant à naître, il y a la macrosomie, hypoglycémie, hypocalcémie, etc. Ces enfants ont également plus de risque de devenir obèse, d'avoir une intolérance au glucose et de développer un diabète lors de l'adolescence ou en étant jeune adulte. Les femmes enceintes ont un risque augmenté de pré-éclampsie, d'infection et d'hémorragie post-partum[9]. La pratique d'AP diminue de 38% les risques de développer un diabète gestationnel[3].

L'AP serait également utile chez les femmes ayant développé un diabète gestationnel. En effet, dans une étude randomisée utilisant un ergomètre pour les bras, 3x par semaine pendant 20 minutes à 50% du VO2max, ils ont observé une normalisation du contrôle glycémique après 4 semaines, comparativement à la diète seule[10]. Selon une autre étude, chez les femmes ayant un IMC >25 kg/m2 et un diabète gestationnel, le groupe d'entraînement en résistance avec une diète était associé avec une incidence plus faible d'utilisation de l'insuline comparativement au groupe diète seulement. Également, le groupe entraînement et résistance et diète avait un délai plus long entre le diagnostic de diabète gestationnel et le début du traitement à l'insuline, comparativement au groupe diète seulement[15].

Douleurs musculosquelettiques

La douleur pelvienne (entre la crête iliaque et la fesse, au niveau de l'articulation sacro-iliaque) est présente chez 50% des femmes durant la grossesse. 20-25% des femmes auront besoin de services médicaux en lien avec ces douleurs. Plusieurs facteurs peuvent causer des douleurs pelviennes. Entre autres, une surcharge au niveau des ligaments du pelvis durant les activités, des ligaments sacro-iliaques et longs dorsaux du sacrum. Les changements au niveau de la colonne vertébrale lors de la grossesse et de la posture peuvent causer de la douleur[9] . Les femmes faisant de l'AP 3-5x par semaine avant leur grossesse ont 14% moins de risque de développer des douleurs pelviennes durant la grossesse[9]. Les douleurs lombaires sont également très présentes chez les femmes enceintes. 60% des femmes rapportent des douleurs au niveau du bas du dos [16]. Les femmes ayant une faiblesse au niveau du moyen fessier ont 6 à 8x plus de risque d'avoir des douleurs lombaires comparativement aux femmes n'ayant pas de faiblesse du moyen fessier[17].

Dysfonction du plancher pelvien

L'incontinence urinaire est la perte d'urine involontaire. Chez les femmes enceintes, l'incontinence urinaire se produit le plus souvent à l'effort, en éternuant ou en toussant[9]. Les exercices de renforcement du plancher pelvien périnatal sont associés à une diminution du risque de souffrir d'incontinence urinaire de 50% durant la grossesse et de 35% durant la période post-partum[3]. Les femmes effectuant des exercices du plancher pelvien durant la grossesse ont 30% moins de risques de souffrir d'incontinence urinaire 6 mois post-partum.

Yoga

Il a été démontré que la pratique de yoga durant la grossesse apporte également des bénéfices. Parmi les bénéfices, on retrouve une réduction de travail prématuré, une réduction de retard de croissance intra-utérin, une réduction de bas poids à la naissance, une diminution des troubles du sommeil et des inconforts liés à la grossesse [18].Le yoga aurait également des bienfaits significatifs au niveau de l'humeur[19]

En résumé, l'AP apporte donc plusieurs bienfaits. Parmi les bienfaits, on retrouve une diminution du risque de développer une hypertension gestationnelle, une pré-éclampsie, des symptômes de dépression, d'avoir un gain de poids excessif, de développer un diabète gestationnel, de développer des douleurs musculo-squelettiques et d'avoir une dysfonction au niveau du plancher pelvien.

Notes

Talk test: Test de la parole. La femme enceinte devrait être capable de maintenir une conversation durant l'AP.

Références

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