Dyspnée en soins palliatifs (approche clinique)

De Wikimedica
Dyspnée en soins palliatifs
Approche clinique
Caractéristiques
Examens paracliniques Radiographie thoracique, Saturométrie au doigt, Tomodensitométrie thoracique, Gaz sanguins, Hémoglobinémie, FSC
Drapeaux rouges
Dyspnée au repos, Altération de l'état de conscience (signe clinique), Utilisation des muscles accessoires, Hémoptysies (signe clinique), Palpitations (symptôme), Dyspnée subite et sévère, Douleur thoracique aigue, Anxiété sévère, Agitation psycho-motrice
Informations
Terme anglais Dyspnea in palliative care
Spécialité Soins palliatifs

Page non révisée

La dyspnée est une sensation subjective d'inconfort respiratoire rapportée par le patient. Il s'agit d'un symptôme courant dans de nombreuses maladies avancées et fréquemment ressentie en fin de vie. [1] Elle peut entrainer une détresse importante, induire de l'anxiété et affecter grandement la qualité de vie des patients. [2]

Épidémiologie

La dyspnée est fréquente et généralement sévère dans les états pathologiques avancés. Il s'agit du symptôme dominant en fin de vie, et son incidence grimpe durant la détérioration des conditions cliniques.[3][4] De plus, la prévalence et l'intensité de la dyspnée augmentent au cours des six derniers mois de vie. D'ailleurs, au cours des 3 derniers jours de vie, une dyspnée est présente chez environ 90 % des patients.[4]

Une dyspnée importante est présente chez 90 % des patients atteints d'une maladie pulmonaire sévère, principalement la maladie pulmonaire obstructive chronique, chez 60 à 88 % des patients souffrant de maladies cardiaques, surtout l'insuffisance cardiaque, et chez 11 à 62 % des patients souffrants de maladies rénales.[3][4]

Chez les patients cancéreux, la prévalence de la dyspnée est de 50 % à 70 %, pouvant aller jusqu'à 95 % chez les patients atteints d'un cancer du poumon (primaire ou métastases) à un stade avancé. La présence de dyspnée est associée à un pronostic sombre : elle est interprétée comme un drapeau rouge ou un facteur orientant vers une fin de vie : jusqu'à 70 % des cas oncologiques vivent ce symptôme dans leurs 6 dernières semaines de vie.[3][4]

Étiologies

Plusieurs conditions pathologiques peuvent causer une dyspnée. (voir Dyspnée (situation clinique)) Voici un tableau résumant les causes; il importe d'être systématique, puisque plusieurs conditions peuvent cohabiter chez un patient palliatif.

Étiologies de la dyspnée[3][5][6]
Catégorie Étiologies
ORL
  • Tumeur : trachée, larynx, cordes vocales
Pulmonaire Voies respiratoires

Parenchyme

Plèvre

Cardiovasculaire
Neuromusculaire
Métabolique
Gastro-intestinale
Autres

La dyspnée résulte d'une interaction complexe entre plusieurs facteurs centraux, périphériques et cognitivo-comportementaux.[3] La sensation de dyspnée est ressentie lorsqu'il y a un déséquilibre entre l'offre et la demande respiratoire. Par contre, elle peut aussi être une manifestation d'activation adrénergique d'origine psychogénique.

Au niveau physiologique, la dyspnée survient principalement lors de trois phénomènes :[7]

  • une augmentation de l'effort respiratoire (exemple d'étiologie: obstruction)
  • une augmentation de l'effort musculaire (exemple d'étiologie : faiblesse musculaire)
  • une augmentation du besoin ventilatoire (exemples d'étiologies : fièvre, anémie).

Probabilités étiologiques en soins palliatifs

En fin de vie, la dyspnée est inévitablement multifactorielle, car de nombreuses étiologies peuvent coexister. Le modèle biopsychosocial de la « dyspnée totale », basé sur le concept de « douleur totale », reconnaît que divers aspects de la situation du patient affectent significativement l’expérience de sa dyspnée. Ainsi, la dyspnée possède un aspect physique, un psychologique, un spirituel et un social.[4][7]

Physiopathologie

Le contrôle respiratoire dans des situations physiologiques normales implique des messages afférents provenant de différents récepteurs périphériques: des propriocepteurs et des mécanorécepteurs dans la musculature et les articulations de la paroi thoracique, des récepteurs d'étirement pulmonaire, des récepteurs dans les voies respiratoires, ainsi que les récepteurs cutanés du trijumeau. Ces signaux se combinent avec ceux des chimiorécepteurs présents dans les corps aortique et carotidien et sont ensuite transmis centralement à la protubérance et au bulbe rachidien via les nerfs vague, glossopharyngien, rachidien et phrénique.

Par la suite, l'apport volontaire du cortex moteur, via le système limbique, exerce des influences protectrices et émotionnelles sur le contrôle moteur de la respiration. Les messages efférents se transmettent aux unités motrices via le nerf vague et d'autres nerfs, permettant des ajustements de la profondeur et du rythme respiratoire.[4]

En général, la sensation de dyspnée survient lorsqu'il y a une prise de conscience d'une inadéquation entre la capacité et les exigences respiratoires. Une telle discordance peut résulter de la perception d'une demande accrue, d'une diminution de la capacité ou d'une combinaison des deux.[4][8][9]

Il existe deux théories pour expliquer comment les déséquilibres entre l'offre et la demande respiratoire génèrent la sensation de dyspnée[4].

  1. La « dissociation efférente-réafférente » se produit lorsque le centre respiratoire envoie une commande motrice aux muscles respiratoires en réponse aux messages de la périphérie. Dans certains cas, les muscles respiratoires sont incapables de répondre aux exigences motrices. Par conséquent, une rétroaction supplémentaire de la périphérie communique au centre respiratoire cet écart entre la commande de sortie qui a été envoyée et la réponse inadéquate subséquente qui a été générée. Plus l'écart entre l'effort demandé et l'effort fourni est grand, plus l'expérience de la dyspnée sera sévère pour le patient.
  2. La seconde théorie concerne les décharges corollaires centrales. Lorsque les centres moteurs envoient des commandes motrices descendantes vers la périphérique, des copies de ces commandes sont aussi simultanément envoyés aux zones sensorielles du cerveau. Ces échanges entre le cortex moteur et sensitif, appelés décharges corollaires, permettent une certaine conscience de l'effort respiratoire. Ce mécanisme contribue aussi à la sensation de dyspnée.

D'autres mécanismes peuvent également participer à la sensation de dyspnée[4].

  • La stimulation anormale des récepteurs du parenchyme pulmonaire produit des sensations d'oppression thoracique. Cette perception d'oppression thoracique secondaire à la bronchoconstriction est associée à la stimulation des récepteurs sensitifs pulmonaires, et non à un effort respiratoire accru.
  • Une stimulation des chimiorécepteurs par l'hypoxie ou l'hypercapnie entraine une sensation de manque d'air en raison d'une augmentation de l'activité respiratoire.
  • Des changements pathologiques spécifiques ou liés à l'âge, tels que l’affaiblissement des muscles respiratoires, la perte d'élasticité pulmonaire, l'atrophie du tissu pulmonaire ou le raidissement de la paroi thoracique, peuvent altérer l'efficacité des échanges gazeux.

Enfin, les apports du système cortical et limbique, tout comme d'autres stimuli homéostatiques comme la faim, la soif et la douleur contribuent également à l'expérience globale désagréable de dyspnée ressentie par le patient. L'anxiété associé à l'expérience peut aussi entraîner une augmentation de la fréquence respiratoire et cardiaque, aggravant ainsi la dyspnée.[4]

Approche clinique

En soins palliatifs, une approche globale centrée sur le patient ayant pour but le confort et le soulagement des symptômes est essentielle. L'évaluation judicieuse de la dyspnée permet une meilleure compréhension de ses impacts, de déterminer les causes potentiellement réversibles et d'en guider la prise en charge pour pallier à la dyspnée.[10] Le but devient d'améliorer et maintenir la qualité de vie du patient, de même qu'anticiper les détériorations inévitables à venir.

L'évaluation de la dyspnée commence avec une anamnèse approfondie et un examen physique ciblé.[4]

Questionnaire

La dyspnée est un symptôme subjectif rapporté par le patient. Le questionnaire au patient est primordial, autant pour diriger le diagnostic différentiel qu'explorer le vécu et identifier les explications à prodiguer.

D'abord, la revue de dossier doit comprendre :

  • les habitudes de vie
  • le profil pharmacologique à jour, y compris les allergies, les médicaments déjà tentés pour soulager la dyspnée, la fréquence des médicament "au besoin" (exemple : entre-doses d'opiacés)
  • la situation psycho-sociale de vie du patient (marié ou seul, maison à étages ou condo avec ascenseur, retraité ou travailleur actif, etc...)
  • les antécédents de santé physique et mentale complets, avec une attention particulière aux maladies cardio-pulmonaires, rénales, oncologiques et psychiatriques.

Lors de l'exploration du symptôme, il est pertinent d'évaluer[4][3]:

  • les caractéristiques de la dyspnée (décrites par le patient)
  • les circonstances d'apparition
  • l'intensité
  • la fréquence
  • la durée (constante ou épisodique)
  • les facteurs aggravants
  • les symptômes associés (toux, douleur thoracique, sécrétions, fatigue, suffocation)
  • les impacts fonctionnels (qualité de vie)
  • les impacts psycho-sociales (crainte, anxiété, détresse)

Certains outils peuvent être utilisés pour évaluer de manière quantitative et qualitative la dyspnée ressentie par le patient comme par des échelles visuelles ou numérique (0 = aucun essoufflement à 10 = pire essoufflement).[3] En pratique, la dyspnée est quantifiée selon la classification fonctionnelle de la New York Heart Association (de I à IV, I correspondant à des activités normales et IV étant une dyspnée au repos ou en mangeant/parlant) ou celle du Conseil de Recherche Médical qui classe la dyspnée de 0 à 4, 0 définit par une dyspnée à l'effort intense, 3 étant une dyspnée après 90m (ou quelques minutes) et 4 étant trop essoufflé pour quitter son domicile ou dyspnée aux activités de la vie quotidienne.[6]

Il existe également des outils permettant de mieux évaluer l'expérience globale du patient dans les maladies avancés. Par exemple, le Cancer Dyspnea Scale (CDS) est une échelle multidimensionelle permettant de mesurer la détresse associé à la dyspnée.[11] Cependant, en soins palliatifs, aucun outil n'est validé pour évaluer cliniquement la dyspnée, demeurant ainsi un symptôme inquantifiable. L'évaluation se base sur ce que rapporte le patient et son examen physique, ce dernier pouvant être très révélateur.[3][12]

Examen clinique

L'examen physique d'un patient palliatif souffrant de dyspnée est très variable. Celui-ci peut sembler asymptomatique, révéler des signes de maladies connues de sa situation clinique ou indiquer un ou des nouveaux diagnostics ou complications.[1][4] L'examen physique est décisif, puisqu'il permet de juger de l'urgence de soulager la dyspnée, discriminer certaines étiologies et évaluer à pertinence d'investigations. Il doit être aussi pertinent et ciblé que le questionnaire, et peut parfois se limiter qu'à l'observation, lors que le patient est clairement en détresse respiratoire et nécessite une prise en charge urgente.

Voici les aspects cliniques à examiner, concentré au niveau pulmonaire.

  • Les signes vitaux, s'ils sont disponibles, sont toujours révélateurs. Le toucher peut révéler une hyperthermie, l'observation une tachypnée, et le rythme cardiaque est facilement calculable à la palpation radiale. La saturation est facultative, souvent plus invasive et anxiogène pour le patient et sa famille.
  • Lors de l'inspection du patient, toute anomalie de la fréquence respiratoire doit être notée. Il peut y avoir des indications franches d'augmentation de l'effort respiratoire, telles que des rétractions, l'utilisation de muscles accessoires ou une respiration abdominale paradoxale.[4]
  • L'auscultation pulmonaire peut révéler une variété de résultats. La présence de grognements, de stridor ou de changements de la voix doit être notée. Les champs pulmonaires doivent être auscultés à la recherche d'une phase expiratoire prolongée, d'une respiration sifflante, des ronchis ou des crépitants. Il convient également de noter le degré global de l'excursion diaphragmatique [4]

Les autres systèmes doivent être examinés selon la pertinence clinique. Par exemple, rechercher la présence d'un œdème périphérique, d'une distension des jugulaires, d'un reflux hépato-jugulaire, d'une distension abdominale ou encore d'une déviation trachéale peut orienter la prise en charge et guider vers un soulagement autre du patient.

Drapeaux rouges

Certains éléments à l'histoire ou à l'examen physique nécessite une attention particulière[13]. Ces symptômes et signes peuvent faire changer le pronostic du clinicien, aiguillant vers une conduite plus rapide, agressive ou un accompagnement et suivi plus étroits. En effet, ces drapeaux rouges peuvent orienter vers un décès plus près que prévu :

Un ou plusieurs drapeaux rouges présents lors de l'évaluation de la dyspnée en soins palliatifs constituent une détresse naissante ou installée. Cet aspect doit faire penser à évaluer l'indication d'administrer un protocole de détresse respiratoire.[12]

Examens paracliniques

Lorsque le patient priorise le confort et sa qualité de vie avant la quantité de vie, la démarche clinique est fortement impactée. En effet, les investigations (laboratoires, imagerie, consultations, parfois même examen physique) doivent être ciblées et proposées seulement si elles changeront la conduite du clinicien. Il importe d'être rigoureux dans la revue du dossier et son approche clinique afin de retirer le maximum d'informations qui requiert le moins d'inconfort au patient (et sa famille). Cette démarche résulte en des impressions cliniques probables, qui ne seront pas systématiquement vérifiées (exemple : diagnostic clinique de pneumonie sans déplacer le patient hors de chez lui pour une radiographie), desquelles l'équipe interdisciplinaire utilisera comme départ pour instaurer des mesures non-pharmacologiques de soulagement (suite de l'exemple : ventilateur, ouverture des fenêtres si possible) ou pharmacologiques (suite de l'exemple : opiacés, parfois antibiotiques empiriques).[12]

La prescription ou son absence dans le contexte de soins palliatifs doit être fonction de l'objectif de soins du patient et de l'urgence à soulager la dyspnée. La revue du dossier pour utiliser dans la démarche clinique les informations des investigations précédentes est essentielles. Aussi, des évaluations de laboratoire et d'imagerie supplémentaires peuvent être utiles pour le diagnostic et pour guider le traitement.[4]

  • L'oxymétrie de pouls peut fournir des informations sur la saturation en oxygène.
  • Les mesures de gaz sanguins peuvent révéler la présence de troubles acido-basiques, d'hypoxie ou de pressions partielles anormales de dioxyde de carbone.
  • Le taux d'hémoglobine peut identifier une anémie.
  • Une numération leucocytaire anormalement élevée ou faible ou un différentiel leucocytaire anormal peut être le signe d'une infection.
  • L'imagerie, avec des modalités telles que la radiographie thoracique et la tomodensitométrie thoracique, peut fournir de nombreuses informations concernant le parenchyme pulmonaire, l'espace pleural, la vascularisation pulmonaire et les structures des voies respiratoires supérieures, ainsi que les éléments osseux du thorax.

Combinées, ces informations peuvent contribuer à exclure des éléments du diagnostic différentiel de la dyspnée et peuvent donc orienter la prise en charge.

Traitement

Celle-ci vise d'abord à corriger les causes potentiellement réversibles, chez des patients atteints de maladies graves et irréversibles. Certains traitements curatifs, qui peuvent prolonger la vie, pourraient ne pas être adaptés à la situation clinique ou aux volontés du patient de viser la qualité avant la quantité de vie.[3][14]

Mesures non pharmacologiques

Ces mesures doivent être la première ligne de traitement. Voici les recommandations générales, à appliquer selon le pronostic et l'objectif de soins.[4][3][15][16]

  • Des explications sur les causes probables ainsi que du soutien, être à l’écoute des besoins au patient et à ses proches tout au long de la prise en charge.
  • Le patient devrait se trouver dans un environnement calme et dans une position confortable de repos (couchée ou assis).
  • L'air froid et l'utilisation de ventilateurs soufflant de l'air sur le visage peuvent améliorer considérablement la dyspnée. Le mécanisme sous-jacent expliquant le soulagement des symptômes demeure incertain, mais pourrait possiblement être associé à une stimulation direct du visage et de la muqueuse nasopharyngée via des afférences sensiorielles des deuxième et troisième branche du nerf trijumeau.
  • La rééducation pulmonaire, l’exercice physique, l’aide à la marche et la stimulation électrique neuromusculaire sont des interventions qui s’avèrent bénéfique, notamment pour les patient souffrant de MPOC.[10]
  • La thérapie cognitivo-comportementale et les techniques de réduction de l'anxiété peuvent aider à contrôler les aspects affectives de la dyspnée.[17]
  • D’autres mesures telles que l’acupuncture, la musicothérapie, les exercices de relaxation et de respiration seul ou en groupe pourraient être utiles chez certains patients, mais nécessitent davantage de preuves appuyer leur recommandation.
  • L’administration d’oxygène via lunette nasale ou masque faciale peut améliorer la dyspnée chez les patients hypoxémiques, mais son utilisation pas recommandé d’emblée chez tous les patients dyspnéiques non hypoxémique. Une réévaluation de son utilité devrait être fait après quelques jours (72h) et l’oxygène devrait être cessé si aucun bénéfice symptomatique n’est rapporté par le patient. En effet, l’oxygène n’est pas supérieur à l’air ambiant pour soulager la dyspnée.

La ventilation non invasive avec lunette nasale ou masque facial demeurent une pratique non appuyée par les données probantes, mais pourrait tout de même être envisagée chez les patients dyspnéique en fin de vie. Elle est simple et comporte peu de risque. Le port des lunettes nasales est pour certains patients anxiolytique.

Traitements pharmacologiques

Certaines interventions pharmacologiques sont considérées comme modificatrices de la maladie puisqu'elles traitent la cause sous-jacente potentiellement réversible ayant précipité la dyspnée. D'autres interventions adoptent plutôt une approche symptomatique et visent à réduire l’inconfort associé à la dyspnée lorsque la cause identifié n'est pas traitable.[4][18][19]

Médicaments modifiant la maladie

Plusieurs médicaments peuvent être instaurés selon l'objectif de soins et le pronostic du patient.[4][3][15]

  • Les diurétiques traitent la surcharge hydrique en cas d'insuffisance cardiaque congestive, d'insuffisance rénale et d'insuffisance hépatique.
  • Les agonistes bêta-adrénergiques et les antagonistes muscariniques peuvent réduire les symptômes aux stades avancés de la bronchopneumopathie chronique obstructive. L'utilisation de corticostéroïdes peuvent aussi aider à traiter une exacerbation aigüe.[20]
  • Les antibiotiques peuvent être utilisés pour traiter des infections telles une pneumonie.
  • L’installation d’un drain thoracique ou une ponction pleurale peuvent traiter un épanchement pleural récidivant responsable de la dyspnée.
  • Une transfusion sanguine peut être nécessaire pour traiter une anémie.
  • Une bronchoscopie d’intervention peut être utile pour dans un contexte d’obstruction bronchique, par une tumeur par exemple.

Médicaments visant la réduction des symptômes

Médicaments visant la réduction des symptômes[3][4]
Classe de médicament Commentaires
Opioïdes
  • Pilier du traitement symptomatique de la dyspnée, et ce pour tous les types de maladies avancées
  • Voie d'administration : orale, buccogingivale, transdermique (Fentanyl seulement), sous-cutanée ou parentérale
  • Ces agents agissent au niveau des récepteurs opioïdes mu centraux afin de réduire l'inconfort associé à la dyspnée via diverses mécanismes.
  • Ils diminuent l'impression de dyspnée et diminuent la dyspnée d'effort, si prise en prévention avant une activité physique. Les preuves sont les plus solides concernant l'utilisation de la morphine à libération immédiate, mais il est souvent nécessaire pour une dyspnée constante d'utiliser des formulations à libération prolongée. [3][12][21]
  • Chez un patient naïf[note 1], la dose initiale doit être la plus petite possible, préférablement de formulation à libération immédiate, selon la fonction rénale et hépatique du patient, ainsi que son âge. En effet, ces principaux facteurs modifient la pharmacodynamique des opioïdes. Il est essentiel d'effectuer une réévaluation quotidienne des besoins et un ajustement de la dose selon la réponse clinique.
  • La prescription est en 2 parties : la première pour couvrir la dyspnée de base, souvent en formulation prolongée, et une deuxième constituée des « entre-doses »[note 2]. La posologie de l'entre-dose est de 10 % de la dose totale d'opioïde nécessaire dans une journée pour soulager le patient, ou 50 % de la dose d'opioïde aux 4 heures (si médication sous-cutanée).
  • Chez un patient exposé antérieurement à des opioïdes, une augmentation de 25 % à 50 % de la dose pourrait être nécessaire selon la sévérité de la dyspnée. Le clinicien peut aussi calculer la dose totale d'entre-doses prises en moyenne dans les derniers jours et augmenter en conséquence la dose totale à libération prolongée.
Benzodiazépines
  • L'utilisation de benzodiazépines réduit l'anxiété souvent associée à la dyspnée, mais n'améliore que très peu la sensation de dyspnée non-psychogène.[22] Ainsi, leur utilisation est réservée aux patients où l'adrénergisme d'anxiété est contributoire, ou en 2e ou 3e lignes.
Bronchodilatateurs
  • Les bronchodilatateurs (agonistes bêta-adrénergique et anticholinergique à courte et longue action) peuvent aider à soulager la dyspnée associé à des bronchospasmes, surtout chez les patients connus pour MPOC et tabagisme. En pratique, ils sont peu utilisés si l'auscultation pulmonaire ne compôrte pas de sibilances, et peuvent causer de la tachycardie qui exacerbe la dyspnée par anxiété.
Déxaméthasone
  • La dexaméthasone peut être utile si une composante inflammatoire contribue à la dyspnée.[23]
Mirtazapine
  • Il a été démontré que la mirtazapine a un certain effet bénéfique chez les patients souffrant de dyspnée chronique.[24]
NaCl 0.9 % en nébulisation
  • Le NaCl à 0,9% en nébulisation aide à diminuer les sécrétions et peut contribuer à soulager les symptômes de dyspnée associés aux râles terminaux, MAIS SEULEMENT si le patient est capable d'expectorer. En situation de décès imminent, les nébulisations sont contre-indiquées, l'humidité exacerbant les râles et augmentant l'inconfort du patient.[12]
Furosémide en nébulisation L'utilisation de furosémide nébulisé ou inhalé pourrait aider à réduire la sensation de dyspnée chez les patients atteints de MPOC en agissant sur les récepteurs sensibles à l'étirement au niveau du parenchyme pulmonaire.[25] Toutefois, le manque de données probantes sur le sujet limite leur utilisation.
Sédation palliative
  • Lorsque la dyspnée est importante et réfractaire aux traitements pharmacologiques et non pharmacologiques habituels, il faut parfois avoir recours à la sédation palliative.
Autres
  • La lidocaïne ou la morphine nébulisée ne présente aucun effet bénéfique.[4]

Complications

Une détresse respiratoire est un inconfort respiratoire d'apparition soudaine caractérisé par une augmentation de l'intensité et la durée des symptômes. Une cause réversible n'est pas toujours identifiable. Il s'agit d'une situation très difficile et éprouvante pour le patient et ses proches, mais également chez les soignants qui peuvent ne pas se sentir suffisamment outillés pour répondre à la crise. Selon le jugement clinique du médecin et en accord avec l'équipe de soins, un protocole de détresse pourrait être indiqué pour soulager rapidement les symptômes respiratoires du patient. [3][26]

Particularités en pédiatrie

La dyspnée est un symptôme fréquent chez les enfants atteints de maladie chronique complexe et incurable nécessitant des soins palliatifs. Les causes de dyspnées dans la population pédiatrique sont le plus souvent associé à un asthme sévère, une compression du système respiratoire, une infection pulmonaire, une faiblesse des muscles respiratoires ou encore des anomalies congénitales touchant divers organes.[27] Les métastases pulmonaire et la fibrose kystique sont également des causes fréquentes de dyspnée.[3] L'évaluation de la dyspnée peut être difficile, surtout chez les jeunes enfants incapable de communiquer leur symptôme.

Malgré la prévalence importante de la dyspnée chez les enfants en soins palliatifs, les connaissances actuelles ne permettent pas d'émettre des recommandations solides concernant la prise en charge et le traitement de cette condition en pédiatrie.[27] L’absence de données probantes est commun en soins palliatifs, les études étant éthiquement difficiles à coordonner.

L'utilisation des opioïdes demeurent la pierre angulaire du traitement symptomatique de la dyspnée en pédiatrie. Les benzodiazépines à faible dose peuvent également être utilisé pour soulager l'anxiété associé à la dyspnée. Une sédation palliative pourrait être indiqué en cas de dyspnée aigüe. Enfin, les même mesures non pharmacologique indiquées chez l'adulte sont également recommandés pour l'amélioration des symptômes chez les enfants.[3]

Notes

  1. Qui n'a jamais été exposé aux opioïdes
  2. Entre-dose : terme commun en soins palliatifs qui décrit des doses au besoin si les symptômes, ici la dyspnée, est plus incommodante

Références

__NOVEDELETE__
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