Diarrhée aiguë (approche clinique)

De Wikimedica
Diarrhée aiguë
Approche clinique

C. difficile provenant d'un échantillon de selles et vu au microscope éléctronique
Caractéristiques
Symptômes discriminants Hypotension orthostatique, Oligurie, Nausée, Stéatorrhée, Ténesme, Lipothymie (symptôme), Syncope (symptôme), Douleur abdominale (symptôme), Diarrhée (signe clinique), Rectorragies (signe clinique), ... [+]
Signes cliniques discriminants
Déshydratation, Hypotension orthostatique, Péritonisme, Diminution de l'état général, Tachycardie (signe clinique), Tachypnée (signe clinique), Ressaut, Altération de l'état de conscience (signe clinique), Distension abdominale (signe clinique), Péristaltisme, ... [+]
Examens paracliniques
Formule sanguine complète, Radiographie abdominale, Électrolytes, CRP, Gaz veineux, Créatininémie, Leucocytes fécaux, Tomodensitométrie abdominale, Lactates, Culture de selle, ... [+]
Drapeaux rouges
Grossesse, Déshydratation, Insuffisance rénale chronique, AINS, Maladies inflammatoires intestinales, Oligurie, Péritonisme, Anurie, Enfants, Immunodéficience, ... [+]
Informations
Wikidata ID Q12626662
Spécialités Médecine interne, Infectiologie, Médecine familiale, Gastro-entérologie, Microbiologie, Chirurgie générale


La diarrhée est classiquement définie par la production de trois selles liquides (ou plus) en 24h, et peut être reliée à une multiplicité de pathologies aiguës ou chroniques. Elle est considérée aiguë lorsque sa durée est inférieure à 14 jours, persistante si elle dure entre 14 et 30 jours et chronique au-delà de 30 jours. [1]

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Objectif du CMC
Diarrhée aiguë (22-1)

Épidémiologie

En 2017, il y avait annuellement près de 1.7 milliards de cas de diarrhées infantiles, dont 525 000 décès chez les patients de moins de 5 ans selon l'OMS[2]. La majorité de ces maladies diarrhéiques peuvent être prévenues par des mesures d'hygiène de base, des installations sanitaires adéquates et par des sources d'eau potable.[2]

Les maladies diarrhéiques sont la deuxième cause de mortalité infantile dans le monde.[2]

Les micro-organismes responsables de la diarrhée aiguë sont souvent transmis par voie fécale-orale, ou encore par l’eau et les aliments contaminés[3]. Certains micro-organismes sont endémiques dans quelques régions du monde où les infrastructures sanitaires sont moins développées (ex.: Vibrio cholera, Entamoeba histiolytica, etc.)[4][5][6].

Décès dus aux maladies diarrhéiques par million de personnes en 2012
Espérance de vie corrigée de l'incapacité pour la diarrhée pour 100 000 habitants en 2004[7]

Étiologies

La majorité des diarrhées aiguës sont infectieuses et auto-résolutives.

Étiologies des diarrhées aiguës[4][5][6][8][9]
Classe Sous-classe Explications
Infectieuses (90%) Viral
Bactérienne

[note 1]

Parasitaire
Non infectieuses (10 %) Diarrhées para-infectieuses
Médicaments[note 2]
Produits toxiques
Aliments[9][10]
Intoxication alimentaire
  • L'ingestion de toxines bactériennes ou non bactériennes est responsable du tableau clinique[11].
Processus abdominaux aigus
Présentation aiguë d'une cause de diarrhées chroniques[note 6]
Maladies systémiques

Physiopathologie

Une diarrhée peut résulter d’une diminution de l’absorption et/ou d’une augmentation de la sécrétion au niveau de l’intestin[3]. Elle peut résulter aussi d'un transit digestif plus rapide.

Diarrhée sécrétoire

La diarrhée sécrétoire signifie qu'il y a une augmentation de la sécrétion active. Il y a peu ou pas de dommages structurels. Dans le monde, la cause la plus fréquente de ce type de diarrhée est une toxine cholérique qui stimule la sécrétion d'anions, en particulier d'ions chlorure (Cl). Par conséquent, pour maintenir un équilibre de charge dans le tractus gastro-intestinal, du sodium (Na+) est transporté avec lui, ainsi que de l'eau. Dans ce type de diarrhée, la sécrétion de liquide intestinal est isotonique avec le plasma.[12][13] Elle continue même en l'absence d'apport alimentaire par voie orale.[14]

Diarrhée osmotique

La diarrhée osmotique survient lorsqu'il y a trop d'osmoles dans l'intestin par rapport au plasma.[13] La diarrhée osmotique peut résulter [14]:

  • d'une consommation excessive d'aliments trop sucrés
  • d'une digestion altérée (ex. maladie pancréatique ou maladie coeliaque) dans laquelle les nutriments sont laissés dans la lumen et créent un appel d'eau
  • des laxatifs osmotiques
  • d'une ingestion trop importante de magnésium, de vitamine C, de lactose, de fructose ou de sorbitol.

Dans la plupart de ces cas, la diarrhée osmotique s'arrête lorsque l'agent responsable est arrêté. [12][14]

Diarrhée exsudative

La diarrhée exsudative se produit avec la présence de sang et de pus dans les selles. Cela se produit avec les maladies inflammatoires de l'intestin, telles que la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse, et d'autres infections graves telles que E. coli ou d'autres formes d'intoxication alimentaire.[13][12][14]

Diarrhée inflammatoire

La diarrhée inflammatoire survient lorsqu'il y a des dommages à la muqueuse ou à la bordure en brosse, ce qui entraîne une perte passive de liquides riches en protéines et une diminution de la capacité pour absorber ces fluides perdus. Les caractéristiques des trois autres types de diarrhée peuvent être trouvées dans ce type de diarrhée.[15] Elle peut être causée par des infections bactériennes, des infections virales, des infections parasitaires ou des problèmes auto-immuns tels que les maladies inflammatoires de l'intestin. Elle peut également être causée par la tuberculose, le cancer du côlon et l'entérite.[13][14]

Évaluation clinique

Facteurs de risque

Les facteurs de risque à questionner sont[16][5][17] :

Questionnaire

Éléments importants au questionnaire du patient avec diarrhée aiguë[5][4][19][6]
Élément de HMA Caractéristique Causes possibles
Caractérisation des diarrhées Durée
  • ≈ 3 jours : suspecter une infection virale
  • > 7 jours : suspecter une infection bactérienne, parasitaire ou une étiologie non infectieuse
  • > 4 semaines : diarrhées chroniques
Fréquence et quantité
  • Abondantes : atteinte non inflammatoire, risques de déshydratation, malabsorption et complications associé aux atteintes du grêle.
  • Peu abondantes : associé aux atteintes inflammatoires, surtout en cas de ténesme
Aspect
Symptômes associés Nausée/vomissements
  • Étiologies infectieuses, particulièrement virales
  • Empoisonnement alimentaire
  • Occlusion intestinale, particulièrement en présence de douleur abdominale
  • Évaluation du risque de déshydratation
Douleur abdominale
  • Souvent présente en cas de diarrhées infectieuses
  • Sévère : Oriente vers un processus intra-abdominal pouvant nécessiter un traitement médical ou chirurgical
Ténesme
  • Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae ou Herpès simplex, Campylobacter, Salmonella, Shigella, E. histolytica, C. difficile, Giardia
  • Maladies inflammatoires de l'intestin
Fièvre
  • Causes infectieuses principalement, surtout inflammatoires
Déshydratation HTO Indicateurs de déshydratation sévère
Lipothymie, syncope
Oligurie 
Apports et soif Capacité du patient à se réhydrater et à s'alimenter malgré la maladie

Examen clinique

Pour être en mesure de trouver l'étiologie, il est important de distinguer entre la diarrhée inflammatoire vs non inflammatoire, qu'on différencie grâce au questionnaire, à l'examen physique et les laboratoires. Voir la section Approche clinique.
Il est important de vérifier que les symptômes rapportés soient véritablement des selles et non des envies de défécation.

L'examen physique de la diarrhée aiguë comportera les éléments suivants [5][19] :

Examens paracliniques

La majorité des diarrhées aiguës étant d'origine infectieuse et auto-résolutives, le bilan paraclinique est indiqué seulement chez les patients avec un risque accru de complications ou d'être atteint d'une pathologie nécessitant un traitement médical ou chirurgical[4][6][19].

Par exemple, voici des situations nécessitant des investigations :

  • une durée ≥ 4 jours en l'absence d'amélioration
  • une maladie sévère (atteinte marquée de l'état général, déshydratation, rectorragies, fièvre)
  • une suspicion d'un processus intra-abdominal nécessitant un traitement médical ou chirurgical (ex: douleur abdominale sévère, signes de péritonisme)
  • des patients vulnérables (enfants, personnes âgées, femmes enceintes, immunosupprimés).
Étiologie suspectée Investigations suggérées
Virale ou intoxication alimentaire
  • Aucune investigation n'est requise, sauf si une complication est soupçonnée.
Non infectieuse
  • La culture de selles et la recherche de parasites dans les selles sont à considérer pour exclure une cause infectieuse.
  • Une TDM abdominal doit être fait si une pathologie intra-abdominale est suspectée.
  • La coloscopie avec biopsie intestinale peut être envisagée pour les cas complexes.
Bactérienne ou parasitaire
  • Les cultures ou le PCR des selles doivent être faites.
  • La recherche des toxines A et B de C. difficile est nécessaire en présence de facteurs de risque.
  • La recherche de parasites dans les selles est indiquée pour les diarrhées persistantes (plus de 7 jours).

Laboratoires

Outre la recherche des toxines de C. difficile, les résultats des prélèvements fécaux prennent du temps avant d'être disponibles, il ne faut donc pas les attendre avant d'initier un traitement chez un patient avec des drapeaux rouges.

Un bilan sanguin de base peut être demandé afin d'évaluer la sévérité de la diarrhée et détecter des complications métaboliques[4].

Les prélèvements fécaux ont pour but de déterminer l'étiologie de la diarrhée pour mieux orienter le traitement.

Prélèvements fécaux disponibles
Type de prélèvement fécal Explications
Culture de selle
  • Les cultures de selles ont une sensibilité limitée et ne doivent donc pas être utilisée systématiquement, bien qu'elles soient utiles chez certains patients vulnérables ou plus malades.
  • Elles permettent également de cibler une éventuelle antibiothérapie en fonction de l'antibiogramme[5].
  • Elles sont indiquées en cas de diarrhées sanglantes ou purulentes, fièvre, patients toxiques ou avec déshydratation sévère, enfants, patients immunosupprimés[19].
PCR dans les selles
  • Les analyses moléculaires ont une vitesse et un taux de positivité supérieurs aux cultures de selles traditionnelles, mais détectent un nombre limité de pathogènes (typiquement Salmonella, Campylobacter, E. coli O157H7, Giardia, E. histolytica, Cryptosporidium et rotavirus).
  • En présence d'une atteinte systémique, le PCR peut être demandé en parallèle à la culture afin d'accélérer le processus d'identification du pathogène responsable, mais la culture demeure nécessaire pour préciser l'antibiothérapie[19].
Recherche des toxines de Clostridium difficile
  • À faire en présence de facteurs de risque (voir section drapeaux rouges).
Recherche de parasite dans les selles
  • La recherche de parasites est à prescrire selon la suspicion clinique, typiquement en présence de diarrhées persistantes depuis plus de 7 jours ou de facteurs de risque (ex: retour de voyage, consommation d'eau non traitée)[5][19][20].
Leucocytes fécaux
  • Les leucocytes fécaux orientent vers une étiologie infectieuse inflammatoire[5].

Imageries

Certaines imageries peuvent clarifier le diagnostic ou guider la conduite clinique.

  • La radiographie de l'abdomen est un choix adéquat d'investigation initiale s'il y a une suspicion d'iléus, de mégacôlon, de perforation intestinale ou de subocclusion[19].
  • La tomodensitométrie abdominale est le test de référence pour exclure les pathologies intra-abdominales graves qui se présentent avec diarrhées et douleurs abdominales (ex: ischémie mésentérique, iléite, colite, appendicite, diverticulite, etc.)[4][19]. Le protocole d'injection de produit de contraste varie en fonction de la cause suspectée.

Drapeaux rouges

Les drapeaux rouges à surveiller sont [6][21][22][4][23] :

Approche clinique

Diarrhée inflammatoire vs non inflammatoire

Les diarrhées aiguës d’origine infectieuse peuvent se présenter sous deux tableaux différents : inflammatoire et non inflammatoire[5].

Les diarrhées inflammatoires résultent le plus souvent d’un envahissement du côlon (parfois aussi appelée colite infectieuse). Sa présentation est typiquement celle de fièvre avec des selles sanglantes, purulentes, et/ou mucoïdes. En plus des complications électrolytiques de la diarrhée, les colites infectieuses représentent un risque d’hémorragie, d’ischémie colique, de mégacôlon toxique, voire de perforation[17].

La variante non inflammatoire résulte le plus souvent d'une atteinte du grêle provoquant une sécrétion dérégulée. Ce mécanisme explique le tableau de diarrhée abondante et volumineuse (voire aqueuse), sans fièvre ni saignement. Sans mesures appropriées de réplétion en eau et en électrolytes, elle peut mener à des désordres électrolytiques et/ou une hypovolémie.

Caractéristiques de la diarrhée inflammatoire vs non inflammatoire[5][24][25]
Caractéristiques Inflammatoire Non inflammatoire
Site d’infection
  • Côlon
  • Grêle
Mécanisme
  • Envahissement de la muqueuse, relâche de cytotoxines et inflammation. La réponse inflammatoire et la destruction de la muqueuse accentue le déséquilibre entre absorption et sécrétion.
  • Attachement sur la bordure en brosse et relâche de toxines. Celles-ci augmentent subséquemment la sécrétion d'électrolytes à travers l'entérocyte par l'intermédiaire de messagers intracellulaires (ex. AMP cyclique).
Analyse de selles
  • Présence de leucocytes fécaux
  • Absence de leucocytes fécaux
Tableau clinique
  • Diarrhée peu volumineuse, souvent avec sang/mucus/pus.
  • Symptômes systémiques.
  • Diarrhée volumineuse et/ou aqueuse, non sanglante.
  • Généralement afébrile.
Complications
  • Désordres électrolytiques
  • Hémorragie, ischémie colique
  • Iléus, mégacôlon (surtout avec C. difficile)
  • Perforation (rare)
  • Désordres électrolytiques
  • Déshydratation sévère
Étiologies principales
  • Bactérienne : Campylobacter, Salmonella, Shigella, Yersinia, E. coli O157:H7, C. difficile, Mycobactéries
  • Virale : CMV (surtout chez les patients immunosupprimés)
  • Parasitaire : Entamoeba histiolytica
  • Bactérienne : Bacillus cereus, Clostridium perfringens, S. aureus, E. coli ETEC, Vibrio cholera
  • Virale : Adénovirus, Norovirus, Rotavirus
  • Parasitaire : Giardia, Cryptosporidium

Pathogènes probables en fonction des symptômes majeurs

Pathogènes probables en fonction chez les adultes [26][27][28]
Symptôme majeur Agents pathogènes probables Période d'incubation moyenne Sources alimentaires classiques et indices épidémiologiques
Vomissement S. aureus 1 à 6 heures
  • Aliments préparés (par exemple salades, produits laitiers, viande)
B. cereus 1 à 6 heures
  • Riz, viande
Norovirus 24 à 48 heures
  • Coquillages, plats préparés, salades, sandwichs, fruits
  • Éclosions dans les restaurants, les établissements de soins de santé, les écoles et garderies, les bateaux de croisière, les militaires.
Diarrhée liquide C. perfringens 8 à 16 heures
  • Viandes, volailles, sauces
E. coli entérotoxinogène 1 à 3 jours
  • Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
  • Voyager dans des contextes aux ressources limitées
Virus entériques 10 à 72 heures
  • Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
C. parvum 2 à 28 jours
  • Légumes, fruits, lait non pasteurisé, eau
  • Garderies
  • Piscines et sources d'eau récréatives
  • Exposition aux animaux
  • Diarrhée chronique dans une infection avancée par le VIH
C. cayetanensis 1 à 11 jours
  • Baies importées, basilic
Autres virus entériques (rotavirus, adénovirus entériques, astrovirus, sapovirus) 10 à 72 heures
  • Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
  • Garderies
  • Gastroentérite chez les enfants
  • Adultes immunodéprimés
Giardia lamblia 7 à 14 jours
  • Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
  • Garderies
  • Piscines
  • Voyages, randonnées pédestres, camping (surtout lorsqu'il y a contact avec l'eau dans laquelle résident les castors)
Listeria monocytogènes 1 jour (gastro-entérite)
  • Viandes transformées/charcuteries, hot-dogs, fromages à pâte molle, pâtés et fruits
  • À risque: grossesse, état immunodéprimé, âge extrême
C. difficile N / A
  • Utilisation d'antibiotiques
  • Hospitalisation
  • Chimiothérapie anticancéreuse
  • Suppression de l'acide gastrique
  • Maladie inflammatoire de l'intestin
Diarrhée inflammatoire Campylobacter spp. 2 à 5 jours
  • Volaille, lait cru, eau
  • Voyager dans des contextes aux ressources limitées
  • Contact animal (jeunes chiots ou chatons, contact professionnel)
Salmonella non typhoïde 1 à 3 jours
  • Oeufs, volaille, viande, lait ou jus non pasteurisés, produits frais
  • Contact avec les animaux (zoos pour enfants, reptiles, volailles vivantes, autres animaux de compagnie)
  • Voyager dans des contextes aux ressources limitées
E. coli producteur de shigatoxines 1 à 8 jours
  • Boeuf haché, lait et jus non pasteurisés, crudités, eau
  • Garderies
  • Maisons de retraite
  • Âge extrême
Shigella spp. 1 à 3 jours
  • Contamination fécale des aliments et de l'eau
  • Garderies
  • Conditions de vie surpeuplées
  • Hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes
  • Voyage dans des contextes aux ressources limitées
V. parahémolytique 2 à 48 heures
  • Coquillages crus
Yersinia spp. 4 à 6 jours
  • Porc ou produits à base de porc, eau non traitée
  • Anomalies du métabolisme du fer (par exemple, cirrhose, hémochromatose, thalassémie)
  • Transfusion sanguine
Entamoeba histolytica 1 à 3 semaines
  • Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
  • Voyages dans des contextes aux ressources limitées
  • Hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

Traitement

Traitement de support

Peu importe l'étiologie, la base du traitement des diarrhées repose sur la réplétion adéquate en eau et électrolytes, idéalement à domicile et par voie orale lorsque tolérée. De nombreuses solutions de réhydratation orale sont disponibles sur le marché. L'alimentation doit être reprise sans restriction dès que le patient est réhydraté et capable de manger. L'hospitalisation est requise si le patient est gravement déshydraté, incapable de boire ou présente des complications.

Certains médicaments aggravent la déshydratation ou augmentent le risque de complications et leur arrêt devrait être considéré le temps que les diarrhées cessent, notamment les diurétiques, les IECA/ARA, les AINS et la metformine.

Certains médicaments peuvent être utilisés au besoin pour réduire la fréquence et augmenter la consistance des selles (voir tableau).

Principaux agents utilisés en diarrhées aiguës[4][6][29]
Médicaments Médicaments Mécanisme d'action Particularités
Agents anti-motilité
  • Lopéramide (Imodium)
  • Diphénoxylate (Lomotil)
  • Les agents anti-motilité ralentissent le transit intestinal grâce à leur liaison aux récepteurs μ-opioïdes du système digestif.
  • Ces agents sont contre-indiqués en cas de diarrhées d'allure inflammatoires (fièvre, diarrhées sanglantes, douleur abdominale, durée ≥ 7 jours), le ralentissement du transit intestinal prolonge l'exposition du tube digestif aux pathogènes, ce qui retarde la guérison et accroit le risque de mégacôlon[24][20].
Agent anti-sécrétoire
  • Salicylate de bismuth (Pepto-Bismol)
  • Le mécanisme du salicylate de bismuth est mal compris, mais ce dernier pourrait exercer des effets anti-inflammatoires, anti-sécrétoires et anti-infectieux.
  • Le salicylate de bismuth est une alternative sécuritaire chez les patients avec la dysenterie ou des diarrhées inflammatoires, mais son efficacité pour réduire la diarrhée est moindre que pour le lopéramide[4][5]. Les contre-indications sont l'allergie à l'aspirine, la grossesse, une colite à CMV, une infection au VIH avancée et l'utilisation d'anticoagulants, d'autres salicylates, de méthotrexate, de doxycycline ou de probénécide[4].

Cesser l'agent causal

Une proportion significative de diarrhée peut être causée par des médicaments ou des aliments. Conséquemment, il peut être approprié de cesser les médicaments, tout en considérant la raison pour laquelle le médicament a été introduit (on doit considérer le risque vs le bénéfice de l'arrêt du médicament). Les agents causaux potentiels à cesser si possible sont :

  • les grands classiques :
    • les antibiotiques
    • les laxatifs et prokinétiques
    • les IPP (colite microscopique)
    • la metformine
    • la colchicine
  • l'immunothérapie (cause à ne pas manquer, de plus en plus fréquente avec l'avènement de ces thérapies)
  • les statines
  • les IECA
  • la chimiothérapie
  • la radiothérapie (colite radique)
  • les AINS
  • les ISRS
  • le magnésium
  • la vitamine C
  • le café, l'alcool, les boissons gazeuses, le lactose, le sorbitol, le fructose, le xylitol et le glutamate monosodique.

Antibiothérapie empirique

Les patients atteints de diarrhées dont l'étiologie est probablement virale ou secondaire à une intoxication alimentaire ne nécessitent pas d'investigation, ni de traitements autres que le traitement de support.

En cas de diarrhée prolongée, nosocomiale, d'allure bactérienne ou chez un patient en retour de voyage, âgé de plus de 65 ans ou immunosupprimé, les investigations appropriées doivent être effectuées et une antibiothérapie empirique peut être débutée en attendant les résultats des cultures de selles[5][16].

Les quinolones (ex. ciprofloxacine 500 mg PO BID) sont les plus souvent prescrites. Toutefois, la prévalence croissante de résistance aux quinolones font de l’azithromycine (500 mg PO DIE) un antibiotique de plus en plus utilisé pour ce rôle[5][20].

Il existe deux exceptions notables à l’antibiothérapie empirique :

  • E. coli O157:H7 : l'antibiothérapie est associée à une incidence plus élevée de syndrome hémolytique urémique (SHU) et est donc à éviter[5]
  • C. difficile : l'algorithme de traitement est basé sur la métronidazole PO/IV et la vancomycine PO[21].

Suivi

Les diarrhées aiguës sont généralement auto-résolutives. Si une antibiothérapie est entreprise, il est important s’assurer de l’observance du traitement prévu malgré l’amélioration des symptômes. Une diarrhée aiguë non inflammatoire qui persiste plus de 7 jours évoque la possibilité d'une étiologie parasitaire et nécessite des investigations et des traitements appropriés[5].

Certains pathogènes causant des diarrhées doivent être déclarées aux autorités de santé publique. Au Québec, il s’agit de[30] :

  • Vibrio cholera
  • Neisseria gonorrhoeae
  • Chlamydia trachomatis
  • le syndrome hémolytique urémique (SHU) ou purpura thrombopénique thrombotique (PTT) associé à E. coli producteur de shigatoxines
  • toute éclosion de gastro-entérite d'étiologie indéterminée.

Complications

Les principales complications en lien avec les diarrhées aiguës sont[4][23][31]:

Notes

  1. Les bactéries sont la 2e cause de diarrhées infectieuses après les virus et la 1ère cause de diarrhées du voyageur.  
  2. Tous les médicaments devraient être revus. Ceux introduits récemment sont les plus susceptibles d'être incriminés.
  3. En raison de leurs effets indésirables ou d'une infection à C. difficile
  4. Effets indésirables ou cause de colite microscopique
  5. Effets indésirables ou cause de colite microscopique
  6. Il peut s'agir de la présentation initiale d'une pathologie chronique non diagnostiquée ou d'une exacerbation d'une maladie connue.
  7. Campylobacter jejuni, E. coli O157H7, Shigella, Giardia lamblia
  8. Dans les pays tropicaux, penser à Enthamoeba histolityca. Sinon, les plus fréquents sont E.coli entérotoxinogène, Campylobacter jejuni, Salmonella et Shigella.
  9. Rotavirus, Shigella, Cryptosporidium, Giardia
  10. Clostridium difficile, rotavirus, norovirus
  11. Norovirus, rotavirus
  12. Oriente vers une étiologie infectieuse, le plus souvent viral
  13. Facteur de risque présent dans 90 % des cas de C. difficile.
  14. Salmonella non typhi
  15. Salmonelle non typhi, Campylobacter jejuni
  16. Salmonelle non typhi
  17. Salmonelle non typhi, E. coli O157H7, Campylobacter jejuni
  18. E. coli O157H7
  19. Yersinia enterocolitica
  20. Vibrio vulnificus, V. parahemolyticus, V. cholera
  21. Bacillus cereus
  22. Listeria monocytogenes
  23. Salmonella
  24. 24,0 et 24,1 Infections parasitaires, mycobactériennes, CMV, Salmonella, Listeria monocytogenes, Cryptosporidium, Isospora.
  25. Devrait faire évoquer le diagnostic différentiel d'exacerbation de leur maladie de base. De plus, les patients avec MII sont plus à risque d'une évolution défavorable de leur diarrhée si la cause s'avère infectieuse.
  26. Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae, herpès simplex
  27. Salmonella, Shigella, Campylobacter, Shiga toxin–producing E. coli, Clostridium difficile, Entamoeba histolytica, Yersinia
  28. 28,0 et 28,1 Infection à C.difficile
  29. Considérer une exacerbation
  30. Patients à risque de complications
  31. HTO, tachycardie, hypotension artérielle, muqueuses sèches, persistance du pli cutané, altération de l'état de conscience, diminution des apports PO
  32. Penser notamment au mégâcolon toxique
  33. 33,0 et 33,1 Iléus
  34. 34,0 et 34,1 Suspecter un processus abdominal aigu
  35. 35,0 et 35,1 Risque de détérioration de la fonction rénale
  36. Signe de déshydratation sévère ou d'insuffisance rénale aiguë
  37. Le risque de mégacôlon toxique est augmenté lors des infections à C. difficile, Salmonella, Shigella, Campylobacter jejuni, Escherichia coli O157 entérohémorragique ou entéro-agrégatif et avec la prise d'agents anti-motilité.

Références

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  1. (en) « Acute Diarrhea in Adults », sur Dynamed (consulté le 18 décembre 2022)
  2. 2,0 2,1 et 2,2 (en) « Diarrhoeal disease », sur www.who.int (consulté le 16 février 2023)
  3. 3,0 et 3,1 Valerie Nemeth, Hassam Zulfiqar et Nicholas Pfleghaar, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28846339, lire en ligne)
  4. 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05 4,06 4,07 4,08 4,09 4,10 et 4,11 (en) « Acute Diarrhea in Adults », sur Dynamed (consulté le 18 décembre 2022)
  5. 5,00 5,01 5,02 5,03 5,04 5,05 5,06 5,07 5,08 5,09 5,10 5,11 5,12 5,13 et 5,14 (en) « Acute Diarrhea in Adults », sur American Family Physician,
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 6,4 6,5 et 6,6 Luc Lanthier, Guide pratique de médecine interne, Sherbrooke, Éditions Formed inc, , pages 7-11
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