Cystite aiguë

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Cystite aiguë
Maladie

La bactérie E. Coli, fréquemment retrouvée dans l'infection urinaire
Caractéristiques
Signes Sensibilité sus-pubienne
Symptômes
Confusion, Irritabilité, Incontinence urinaire , Hématurie macroscopique , Pollakiurie , Urine nauséabonde, Dysurie , Urgenturie , Nycturie , Pyurie , ... [+]
Diagnostic différentiel
Appendicite, Infections transmises sexuellement, Cancer de la vessie, Prostatite, Herpes simplex, Vaginite, Grossesse ectopique, Urétrite, Colique néphrétique, Rupture d'un kyste ovarien, ... [+]
Informations
Terme anglais Acute cystitis
Autres noms Infection urinaire basse
Wikidata ID Q221668
Spécialités Urologie, Gynécologie, Médecine familiale, Infectiologie, Médecine interne, Gériatrie, Médecine d'urgence


La cystite est une infection de l'appareil urinaire bas (vessie, urètre). Lorsqu'elle touche l'appareil urinaire haut, il s'agit d'une pyélonéphrite. Les cystites peuvent être qualifiées de compliquées, non compliquées ou récidivantes.

Épidémiologie

L'infection urinaire non compliquée est l'une des infections bactériennes les plus fréquemment rencontrées chez l'adulte et ce, particulièrement chez la femme. En effet, les infections urinaires sont quatre fois plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes et près de 40 à 60% des femmes auront au moins un épisode d'infection au cours de leur vie. Environ 10% d'entre-elles auront au moins un épisode infection urinaire par année. De plus, les récidives sont fréquentes puisqu'environ la moitié de celles ayant eu un épisode vont avoir une deuxième infection urinaire dans l'année qui suit. [1][2]

Étiologies

La plupart des infections des voies urinaires sont causées par des germes de la flore digestive ou vaginale. Autant lors d'infection urinaire compliquée que non compliquée, le pathogène le plus fréquemment impliqué est l'escherichia coli. Un spectre plus large de pathogènes peut être mis en cause lors d'infection compliquée (dont les bactéries multi-résistantes).

Il faut suspecter une résistance en présence des éléments suivants à l'histoire [3]:

  • une utilisation récente d'antibiotique (dans les 3 mois précédant l'infection)
  • une hospitalisation récente
  • un voyage récent dans une zone avec de souches résistantes.
Pathogènes impliqués dans la cystite aiguë et leur prévalence
Non compliquées[3][4][5] Compliquées ou à risque de le devenir[5][6][7]

Physiopathologie

L'urine est un milieu idéal pour la croissance bactérienne. Les facteurs qui le rendent défavorable à la croissance bactérienne comprennent un pH inférieur à 5, la présence d'acides organiques et des niveaux élevés d'urée. Les infections urinaires sont causées par la colonisation des voies urinaires par des bactéries provenant de la flore vaginale ou intestinale. Les bactéries, présentes au niveau de la muqueuse périurétrale, migrent vers les voies urinaires hautes et se fixent aux muqueuses grâce aux adhésines présentes à leur surface. Un urètre plus court, comme chez les femmes, explique en partie pourquoi elles sont plus à risque d'infection urinaire que les hommes (moindre distance à parcourir avant de coloniser la vessie). Les femmes préménopausées ont de fortes concentrations de lactobacilles au niveau de la flore vaginale, empêchant la colonisation par des uropathogènes. Un déséquilibre causé par la ménopause ou par l'utilisation d'antibiotique par exemple, favorise l'infection urinaire. [2]

Présentation clinique

Facteurs de risque

Les facteurs de risque principaux sont [2][4]:

Questionnaire

Les symptômes de la cystite aiguë sont [4][8]:

Il est à noter qu'il y a absence de symptômes digestifs et gynécologiques[LR+: 3.1][LR-: 0.3](notamment pas de dyspareunie et pas de pertes vaginales anormales). De plus, les symptômes d'infection urinaire chez les personnes âgées peuvent être non-spécifiques (confusion, incontinence urinaire, irritabilité, etc.).[9]

Examen clinique

À l'examen physique de la cystite, les éléments suivants sont pertinents à documenter[4][8]:

Examens paracliniques

Contenu TopMédecine
  • Méthodes de diagnostic des cystites non compliquées (MU) (MF) (SI)

Les investigations nécessaires pour supporter le diagnostic diffèrent selon le niveau d'atteinte de l'arbre urinaire (pyélonéphrite ou cystite) et selon s'il s'agit d'une infection compliquée ou non. Pour la cystite simple aiguë, le seul examen paraclinique nécessaire pour supporter le diagnostic est l'analyse d'urine (sommaire microscopique des urines ou bandelette urinaire).[3][4][9] Les signes paracliniques possibles à l'analyse d'urine sont :

La culture urinaire n'est pas indiquée dans les cas de cystite aiguë non compliquée ou lors de cystite récidivante déjà documentée (récidive dans le même mois). Elle est recommandée lors [3]:

  • d'une pyélonéphrite
  • d'un résultat négatif à l'analyse urinaire en présence de signes et symptômes de cystite
  • chez le patient qui revient d'un voyage dans une zone à risque de bactéries multi-résistantes
  • d'une cystite compliquée :
    • d'une infection chez l'homme ou la femme enceinte
    • d'une infection récidivante (> 2 fois en 6 mois ou 3 fois sur une période d'une année)
    • d'un diabète mal contrôlé
    • d'une immunosuppression
    • de manipulations urologiques récentes
    • de la présence d'un cathéter urinaire
    • d'une présence d'anomalie fonctionnelle ou anatomique de l'arbre urinaire.

Quant aux différentes modalités d'imagerie, elles ne sont nécessaires qu'en cas de pyélonéphrite, d'infection compliquée, d'absence de réponse aux antibiotiques après 48-72h ou en présence de symptômes atypiques afin d'exclure certaines causes ou complications (struvite, anomalies anatomiques, abcès rénal, hydronéphrose, rétention urinaire, etc.).[7][11] Elles ne doivent pas être prescrites en cas de cystite simple non compliquée avec des symptômes typiques.[6]

Diagnostic

Le diagnostic de la cystite aiguë se base principalement sur l'histoire, l'examen physique et l'analyse d'urine du patient.[12] En effet, la probabilité que ce soit une cystite est de plus de 50% en présence de symptômes urinaires bas (dysurie, pollakiurie, urgenturie, sensibilité supra-pubienne, etc.) et de plus de 90% chez les femmes avec des symptômes de pollakiurie et de dysurie en l'absence de symptômes gynécologiques (tels la dyspareunie ou la présence de pertes vaginales anormales).[13] L'analyse d'urine est recommandée en présence d'une suspicion d'infection urinaire et peut être réalisée par un examen microscopique ou par l'utilisation de bandelettes urinaires.[9]

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel de la cystite est composé de [2][6][4]:

Traitement

Le traitement de l'infection urinaire vise essentiellement à prévenir la propagation de l'infection aux reins (pyélonéphrite) et les complications associées. Le choix de l'antibiotique doit toujours tenir compte du profil de résistance locale, du type d'infection (haute ou basse, compliquée ou non compliquée) et des caractéristiques et comorbidités du patient. L'antibiothérapie doit être réévaluée et ajustée au fur et à mesure selon les résultats de culture et de sensibilité afin d'éviter la résistance bactérienne. Des mesures non pharmacologiques peuvent aussi être suggérées afin de diminuer les risques de récidives.[4]

La présente section ne traitera pas de la pyélonéphrite aiguë, ni de la de la bactériurie asymptomatique.

Antibiothérapie de la cystite aiguë non compliquée

La cystite aiguë non compliquée est une infection urinaire survenant en l'absence de facteurs aggravants (voir les facteurs aggravants plus bas dans le tableau).

La durée de traitement pour les cystites aiguës non compliquées est généralement moins longue que lorsqu'elle est compliquée et le traitement peut se faire en externe, en ambulatoire avec les antibiotiques suivants.

Antibiothérapie de la cystite aiguë non compliquée[4][3]
Ligne de traitement Médicament
1ère intention
Alternatives aux traitements de 1ère intention

(allergie, intolérance, résistance ou interaction)

Bêta-lactamines:
2e intention Fluoroquinolones (si allergie, intolérance ou résistance aux antibiotiques de première intention)
  • Ciprofloxacine XL 500 mg PO DIE x 3 jours
  • Levofloxacine 250 mg PO DIE x 3 jours

Antibiothérapie de la cystite aiguë compliquée

La cystite aiguë compliquée est une infection urinaire en présence d'un ou de plusieurs des facteurs aggravants suivants :

  • une infection chez l'homme ou la femme enceinte
  • une infection récidivante (> 2 fois en 6 mois ou 3 fois sur une période d'une année)
  • un diabète mal contrôlé
  • l'immunosuppression
  • des manipulations urologiques récentes
  • la présence d'un cathéter urinaire
  • la présence d'anomalie fonctionnelle ou anatomique de l'arbre urinaire.

En raison du plus grand potentiel de sévérité de la maladie et de risque d'échec aux antibiotiques habituellement prescrits lors de cystite simple, les cystites aiguës compliquées doivent être traitées à l'aide d'antibiotique à spectre plus large et pour une durée plus étendue.

Traitement de la cystite aiguë compliquée[3][6][14]
Ligne de traitement Posologie
1ère intention Fluoroquinolones
  • Ciprofloxacine XL 1000 mg PO DIE x 7 jours (femme), x 10 à 14 jours (homme)
  • Levofloxacine 500 mg PO DIE x 7 jours (femme), x 10 à 14 jours (homme)
2e intention Après l'obtention des résultats de l'antibiogramme, un ajustement de l'antibiothérapie peut être fait:

Antibiothérapie de la cystite récurrente

Une infection urinaire est dite récurrente s'il y a présence :

  • d'au moins 2 épisodes d'infection sur 6 mois
  • de plus de 3 épisodes sur l'espace de 12 mois.

Après avoir éliminé les causes potentielles de récidives (mauvaise adhésion au traitement, présence d'anomalie structurelle ou fonctionnelle, etc.), une prophylaxie pourrait être envisagée. Habituellement, une prophylaxie post-coïtale est tentée en premier (particulièrement si un lien peut être établi entre la survenue des infections et les relations sexuelles), puis en auto-traitement et de façon continue.

Cystite récurrente[9][15]
Indication Posologie
Prophylaxie post-coïtale
Prophylaxie continue
Prescription ouverte (auto-traitement)
  • Idem à traitement de la cystite aiguë

Suivi

Un suivi est habituellement requis dans les situations suivantes[9]:

  • une culture d'urine anormale
  • une persistance des symptômes malgré le début de l'antibiothérapie
  • un retour rapide des symptômes dans un délai de 2 à 4 semaines suivant la fin du traitement
  • une utilisation d'antibioprophylaxie pour y évaluer la pertinence et l'éventuelle poursuite.

Il est à noter que toute récidive des symptômes ou échec de l'antibiothérapie nécessite une culture d'urine avant de prescrire un nouveau traitement. Un échec ou une réponse sous-optimale pourrait suggérer la présence de germes atypiques ou multi-résistants ou bien la présence de complications telles qu'une obstruction de l'arbre urinaire, un abcès.[7] Une référence vers un spécialiste devrait aussi être faite en présence de suspicion d'anomalie structurelle ou fonctionnelle, lors d'une récidive causée par un agent non-usuel (ex: Proteus mirabilis, Pseudomonas aeruginosa, etc.), en présence d'hydronéphrose et d'un résidu post-mictionnel persistant à plus de 150 ml dans l'appareil urinaire inférieur.[9]

En grossesse

Lorsque la patiente est enceinte, une analyse et culture d'urine 1 - 2 semaines après le traitement antibiotique est indiquée pour s'assurer qu'il ne perdure pas de bactéiurie asymptomatique[note 1][16].

Complications

Les complications de la cystite aiguë sont [6]:

Prévention

Les mesures préventives consistent en [3] :

  • une hydratation adéquate
  • uriner lorsque le besoin se fait ressentir
  • un maintient d'une bonne hygiène (s'essuyer de l'avant vers l'arrière, uriner après le coït).

Il n'y a actuellement pas assez de preuves pour recommander l'utilisation de jus de canneberge ou de probiotiques intra-vaginaux en prévention.[3]

Notes

  1. Selon l'ACOG, il est aussi acceptable de simplement évaluer s'il y a récurrence des symptômes. Ceci ne permettrait pas de détecter une bactéiurie asymptomatique, mais encore selon eux, le dépistage de routine est suffisant.

Références

__NOVEDELETE__
  1. (en) B Foxman, « Recurring urinary tract infection: incidence and risk factors. », American Journal of Public Health, vol. 80, no 3,‎ , p. 331–333 (ISSN 0090-0036 et 1541-0048, PMID 2305919, Central PMCID PMC1404686, DOI 10.2105/AJPH.80.3.331, lire en ligne)
  2. 2,0 2,1 2,2 et 2,3 Michael J. Bono et Wanda C. Reygaert, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 29261874, lire en ligne)
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5 3,6 et 3,7 « Guide d'usage optimal: Infection urinaire chez l'adulte », sur INESSS, (consulté le 1er avril 2021)
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,5 4,6 et 4,7 (en) « Acute simple cystitis in women », sur UpToDate, (consulté le 1er avril 2021)
  5. 5,0 et 5,1 (en) Ana L. Flores-Mireles, Jennifer N. Walker, Michael Caparon et Scott J. Hultgren, « Urinary tract infections: epidemiology, mechanisms of infection and treatment options », Nature Reviews Microbiology, vol. 13, no 5,‎ 2015-05-xx, p. 269–284 (ISSN 1740-1526 et 1740-1534, PMID 25853778, Central PMCID PMC4457377, DOI 10.1038/nrmicro3432, lire en ligne)
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 et 6,4 (en) « Acute complicated urinary tract infection (including pyélonephritis) in adults », sur UpToDate, (consulté le 1er avril 2021)
  7. 7,0 7,1 et 7,2 Ayan Sabih et Stephen W. Leslie, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28613784, lire en ligne)
  8. 8,0 et 8,1 (en) Chandra Aubin, « Does This Woman Have an Acute Uncomplicated Urinary Tract Infection? », Annals of Emergency Medicine, vol. 49, no 1,‎ , p. 106–108 (DOI 10.1016/j.annemergmed.2006.09.022, lire en ligne)
  9. 9,0 9,1 9,2 9,3 9,4 9,5 et 9,6 « Rapport en soutien au GUO Infections urinaires », sur INESSS, (consulté le 8 mai 2021)
  10. https://wikem.org/wiki/Pyelonephritis
  11. Michael J. Bono et Wanda C. Reygaert, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 29261874, lire en ligne)
  12. Richard Colgan et Mozella Williams, « Diagnosis and treatment of acute uncomplicated cystitis », American Family Physician, vol. 84, no 7,‎ , p. 771–776 (ISSN 1532-0650, PMID 22010614, lire en ligne)
  13. (en) Chandra Aubin, « Does This Woman Have an Acute Uncomplicated Urinary Tract Infection? », Annals of Emergency Medicine, vol. 49, no 1,‎ 2007-01-xx, p. 106–108 (DOI 10.1016/j.annemergmed.2006.09.022, lire en ligne)
  14. Ayan Sabih et Stephen W. Leslie, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28613784, lire en ligne)
  15. (en) Jennifer Anger, Una Lee, A. Lenore Ackerman et Roger Chou, « Recurrent Uncomplicated Urinary Tract Infections in Women: AUA/CUA/SUFU Guideline », Journal of Urology, vol. 202, no 2,‎ 2019-08-xx, p. 282–289 (ISSN 0022-5347 et 1527-3792, DOI 10.1097/JU.0000000000000296, lire en ligne)
  16. (en) « Urinary Tract Infections in Pregnant Individuals », sur www.acog.org (consulté le 18 janvier 2024)
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