Colique biliaire
Maladie | |||
Cholélithiase vue dans la vésicule biliaire | |||
Caractéristiques | |||
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Signes | Douleur à la palpation de l'abdomen | ||
Symptômes |
Nausées, Douleur abdominale, Vomissement , Diaphorèse | ||
Diagnostic différentiel |
Gastrite, Cholangiocarcinome, Cholécystite aiguë, Hépatite, Colique néphrétique, Pancréatite aiguë, Cholédocholithiase, Ischémie mésentérique chronique, Ulcère duodénal, Ischémie mésentérique aiguë, ... [+] | ||
Informations | |||
Terme anglais | Biliary colic, uncomplicated gallstone disease | ||
Autres noms | colique hépatique, accident migratoire, incident de migration | ||
Wikidata ID | Q2727106 | ||
Spécialités | Chirurgie générale, urgentologie, gastro-entérologie | ||
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La colique biliaire est une présentation courante d'une pierre qui s'enclave au niveau du col de la vésicule biliaire et qui entraîne une douleur abdominale. L'obstruction est transitoire et le calcul se désenclave spontanément en moins de 4 à 6 heures[1].
Épidémiologie
Dans les pays occidentaux, on estime qu'entre 10 et 15 % des adultes ont des calculs biliaires, desquels 1 à 4 % auront au moins un épisode de colique biliaire chaque année[2]. Si non traité, 30 % de ces patients atteints auront des complications liées aux cholélithiases dans l'année qui suit un épisode de colique biliaire, dont environ la moitié développeront une cholécystite ou une pancréatite[2].
Étiologies
La colique biliaire est causée par les cholélithiases.
Physiopathologie
La formation des calculs au sein de la vésicule biliaire est expliquée sur la page des cholélithiases.
Lorsque soumise à une stimulation hormonale ou neurale (par exemple, en post-prandial), la vésicule biliaire se contracte et peut pousser le calcul biliaire dans l'ouverture de la vésicule biliaire qui débouche sur le canal cystique. Ceci augmente la pression au sein de la vésicule biliaire, causant ainsi la douleur[3]. Lorsque la vésicule biliaire se détend, le calcul se déloge de l'ouverture du canal cystique, et prend un des deux chemins suivants :
- en retombant dans le corps de la vésicule biliaire
- en poursuivant son chemin transitoirement et sans créer d'inflammation dans le canal cystique, le cholédoque, puis les intestins[note 1]
De ce fait, la douleur est progressivement soulagée.
Typiquement, les coliques biliaires ont un patron de douleur et de temporalité identifiable chez un même patient. Les coliques biliaires surviennent communément après avoir mangé un repas gras et copieux, les patients rapportant une douleur post-prandiale. Chez d'autres, la douleur peut être nocturne[4]. Il n'y a cependant pas toujours un profil identifiable pour un patient qui présente une colique biliaire.
Présentation clinique
Facteurs de risque
Voici les principaux facteurs de risque de développer des cholélithiases[5][6][7][8] :
- être une femme (3:1), la grossesse et les contraceptifs oraux
- l'âge de plus de 40 ans
- l'obésité
- l'histoire familiale (30 % héréditaires).
Voici d'autres facteurs de risque possible[5][6][7][8] :
- une perte de poids rapide
- le diabète
- la diète occidentale
- l'origine amérindienne
- une résection intestinale, une maladie iléale terminale ou une maladie de Crohn
- une cirrhose
- un jeûne prolongé ou une alimentation par intraveineuse (HAIV)
- une vagotomie
- certains médicaments (clofibrate, analogues de la somatostatine, œstrogènes, corticostéroïdes, cyclosporine, azathioprine, sandostatine, acides nicotiniques).
Questionnaire
La colique biliaire se décrit classiquement comme[1] :
- Une douleur abdominale crampiforme à l'hypochondre droit, à l'épigastre, ou (dans une moindre mesure) dans la région sous-sternale irradiant vers le dos (particulièrement l'omoplate droite).
- La douleur est typiquement post-prandiale ou nocturne, ayant une durée d'au moins 30 minutes et atteignant un plateau de douleur en 1 heure. Celle-ci diminue progressivement par la suite, se résolvant généralement en moins de 4 à 6 heures[8].
- Une douleur évoluant sur plus de 4 à 6 heures évoque une cholécystite[8].
- Possiblement accompagnées d'une diaphorèse, des nausées et des vomissements.
Examen clinique
À l'examen clinique[1] :
- apparence générale: bonne, il n'y a pas d'ictère
- signes vitaux: normaux
- Une présence de fièvre évoque une cholécystiste ou une cholangite.
- Une hypotension et/ou une tachycardie évoquent un possible choc septique sur ces complications.
- examen de l'abdomen: une douleur à la palpation de l'hypochondre droit ou de l'épigastre (lors des crises).
- Il n'y a pas de signe de Murphy.
- Elle n'est pas exacerbée par le mouvement et n'est pas soulagée par la position accroupie, les flatulences ou le passage des selles[9].
Examens paracliniques
Laboratoires
Les laboratoires doivent inclure[8] :
- FSC: normale
- Une leucocytose pourrait indiquer une complication par inflammation.
- Créatinine et ions: normaux
- INR et TCA en vue d'une intervention chirurgicale
- Bilan hépatique: normal
- Si perturbé, suspecter une complication secondaire à une obstruction des voies biliaires[note 3].
- Lipase: normale
- Une lipase augmentée à 3 fois la normale oriente vers une pancréatite aiguë.
Imagerie
Modalité | Commentaires | Image |
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Échographie abdominale[Se: 90-95 %][8] |
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TDM abdominopelvien | ||
Radiographie abdominale |
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Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel inclut[1] :
- la cholécystite
- une cholédocholithiase
- une cholangite
- une pancréatite aiguë
- une hépatite
- une colique néphrétique
- de l'ischémie mésentérique aiguë ou chronique
- le syndrome de Fitz-Hugh-Curtis
- la dyskinésie biliaire
- la vésicule de Courvoisier (contexte d'obstruction chronique des voies biliaires sur néoplasie)
- une gastrite
- une bulboduodénite
- un ulcère gastrique ou une duodénal
- le cholangiocarcinome n'est généralement pas douloureux à ses débuts, mais peut le devenir en stade avancé; c'est surtout l'ictère et les symptômes affectant l'état général (fatigue, perte de poids, etc.) qui vont être identifés[11].
Approche clinique
L'algorithme suivant indique l'approche clinique de la colique biliaire[8] :
Traitement
Traitement | Indications | Commentaires |
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Symptomatique: |
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admission |
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cholécystectomie élective |
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Ursodiol 8-10 mg/kg/j ÷ BID-TID PO[12] |
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Suivi
Indiquer aux patients de consulter à nouveau si[note 6][8] :
- une récidive de douleur abdominale persistant pendant plus de 4 à 6 heures
- la fréquence des épisodes augmente
- il y a développement d'un ictère
- il y a présence de fièvre concomitante à la douleur.
Complications
Les complications de la colique biliaire sont issues de l'obstruction en aval de l'arbre biliaire et se développent chez 20 à 40 % des patients atteints de cholélithiases, avec une incidence annuelle de 1 à 3 %[13] :
- la cholécystite (10-15 %)[note 7]
- une cholédocholithiase (15-20 %)
- une cholangite
- une pancréatite aiguë.
Prévention
Pour éviter le risque de récidives ou de complications, un régime faible en gras est conseillé. Une perte de poids chez les patients obèses peut également être recommandée, bien qu'une perte de poids trop rapide puisse elle-même entraîner la formation de coliques biliaires[14].
Notes
- ↑ Il est rare que ce phénomène ne se fasse pas sans dommage collatéral tel une pancréatite lithiasique ou un incident de migration douloureux avec élévation transitoire des marqueurs choléstatiques.
- ↑ Ces patients ont besoin d'être admis et opérés rapidement.
- ↑ Une cholécystite peut se présenter avec un bilan hépatique normal, ou légère augmentation des AST, ALT, bilirubine. Une augmentation franche des marqueurs du bilan hépatique indique une perturbation cytolytique (AST, ALT) et cholestatique (GGT, PAL) retrouvée dans la cholédocholithiase et la cholangite.
- ↑ 60% des calculs ne sont pas radio-opaques.
- ↑ Moins de 15% des cholélithiases et cholédocholithiases sont radio-denses, donc peu visibles à la radiographie. Lorsque la radiographie est anormale, il s’agit de signes indirects et peu spécifiques, soit un iléus paralytique secondaire localisé ou diffus.
- ↑ Les symptômes décrits feraient suspecter une colique biliaire réfractaire, ou une complication lithiasique dans l'arbre biliaire. Une admission ou une chirurgie semi-urgente/urgente pourraient être indiquées.
- ↑ Il s'agit du pourcentage de prévalence chez les patients qui ont des symptômes liés à une complication lithiasique des voies biliaires.
Références
- Cette page a été modifiée ou créée le 2022/04/06 à partir de Biliary Colic (StatPearls / Biliary Colic (2021/08/06)), écrite par les contributeurs de StatPearls et partagée sous la licence CC-BY 4.0 international (jusqu'au 2022-12-08). Le contenu original est disponible à https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28613523 (livre).
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