Cancer du sein masculin

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Cancer du sein masculin
Maladie

Cancer du sein localement envahissant chez l'homme
Caractéristiques
Signes Cachexie, Masse mammaire, Lymphadénopathie (approche clinique), Écoulement mammaire , Desquamation, Ulcération cutanée , Douleur à la palpation du sein, Rétraction mamelonnaire
Symptômes
Douleur osseuse, Masse mammaire, Dyspnée , Fatigue , Symptômes neurologiques focaux , Écoulement mammaire , Douleur mammaire, Masse axillaire
Diagnostic différentiel
Abcès, Gynécomastie, Métastase, Lipome, Sarcome, Mastite péricanalaire
Informations
Terme anglais Male Breast Cancer
Wikidata ID Q6742919
Spécialités Chirurgie générale, Oncologie


Le cancer du sein est une maladie qui touche généralement les femmes, mais aussi les hommes. Effectivement, les hommes ont des tissus mammaires glandulaires qui sont susceptibles de subir une transformation maligne.

Épidémiologie

Le cancer du sein chez l'homme est rare, il ne correspond qu'à 1% de tous les cancers du sein. Cependant, il est très important de le connaître puisque les hommes atteints sont souvent diagnostiqués tardivement et ont une mortalité plus élevée que les femmes.[1] En effet, environ 40 % de tous les cancers du sein chez l'homme sont des maladies de stade III ou IV au moment du diagnostic initial.[2] Stade pour stade, le pronostic est toutefois le même.

Le cancer du sein représente environ 0,5 % de tous les diagnostics de cancer chez les hommes. Il semblerait même y avoir une augmentation de l'incidence dans les dernières décennies.[2]

Étiologies

L'étiologie exacte du cancer du sein chez l'homme est souvent inconnue. Il s'agit le plus souvent d'une combinaison de facteurs de risque qui déclenche la néoplasie.

Présentation clinique

Facteurs de risque

Plusieurs facteurs semblent avoir un impact sur la prédisposition à développer un cancer du sein[3][4][5][6][7] :

Questionnaire

Les principaux symptômes sont:

Examen clinique

L'examen clinique peut permettre d'objectiver les signes suivants :

Examens paracliniques

Mammographie : cancer du sein bilatéral occulte chez un homme avec testicule non descendu

Évaluation diagnostique

Après l'examen mammaire, l'évaluation du cancer du sein chez l'homme comporte les modalités diagnostiques suivantes :

  1. la mammographie diagnostique[Se: 92 %][Sp: 90 %] (modalité qui peut être limitée par la petite taille des seins)
  2. l'échographie mammaire
  3. la biopsie au trocart guidée par échographie au sein et des adénopathies
  4. une imagerie complémentaire ciblée selon la revue des systèmes
    1. la scintigraphie osseuse dans le cas de nouvelles douleurs osseuses
    2. la IRM cérébrale dans le cas de symptômes neurologiques centraux
    3. une TDM thoraco-abdomino-pelvien C+ pour le bilan d'extension.

Étant donné que les hommes qui ont un cancer du sein sont plus à risque d'avoir une mutation du gène BRCA, il est conseillé de tous les référer à un spécialiste pour faire les tests génétiques.[8]

Histopathologie

Le type histologique de cancer du sein chez l'homme le plus fréquemment observé est le carcinome canalaire infiltrant. Effectivement, il représente environ 90 % de tous les cancers du sein masculins.[9] Les autres types histologiques impliqués sont les carcinomes papillaires, mucineux et lobulaires. Encore plus rarement, il pourrait s'agit d'un lymphome.[8]

En général, en comparaison avec le cancer du sein chez la femme, le cancer du sein chez l'homme a plus de chance d'être positif aux récepteurs de l'oestrogène et négatif aux récepteurs 2 du facteur de croissance épidermique humain (HER2).[8] Certaines études montrent qu'environ 90 % de ces cancers expriment le récepteur des œstrogènes (ER) et 81 % expriment le récepteur de la progestérone.[9] Ainsi, le traitement adjuvant est généralement dirigé vers l'inhibition de ces récepteurs.[4]

Diagnostic

Les stades du cancer du sein chez l'homme sont les mêmes que ceux du cancer du sein chez la femme. Le stade est déterminé à partir du système TNM.[10]

Stades anatomiques / groupes pronostiques
Stade 0 Tis N0 M0
Stade IA T1 N0 M0
Stade IB T0 N1mi M0
T1 N1mi M0
Stade IIA T0 N1 M0
T1 N1 M0
T2 N0 M0
Stade IIB T2 N1 M0
T3 N0 M0
Stade IIIA T0 N2 M0
T1 N2 M0
T2 N2 M0
T3 N1 M0
T3 N2 M0
Stade IIIB T4 N0 M0
T4 N1 M0
T4 N2 M0
Stade IIIC Any T N3 M0
Stade IV Any T Any N M1

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel du cancer du sein chez les hommes comprend [5][4]:

Traitement

De manière générale, le traitement et la prise en charge du cancer du sein chez l'homme vont suivre les lignes directrices du cancer du sein chez la femme. C'est en partie expliqué par le fait qu'il y a moins de recherche sur le cancer du sein chez l'homme étant donné sa rareté.

Oncologie chirurgicale

Mastectomie

La mastectomie simple avec échantillonnage ganglionnaire est l'intervention chirurgicale préconisée pour les cancers T1, T2. et T3[4].

Pour la maladie à un stade précoce (T1-T2-T3, N0-N1), la mastectomie totale avec fasciectomie pectorale est un bon choix. Il n'y aurait pas de bénéfice à procéder à une mastectomie radicale modifiée (avec évidemment ganglionnaire) pour la maladie de stade précoce (sans atteinte clinique ganglionnaire (N2-N3) ou envahissement pectoral ou de la peau (T4)[11] Des biopsies de ganglions lymphatiques axillaires par la technique du ganglion sentinelle également faites pour leur valeur pronostique comme chez la femme. Contrairement à l'approche chirurgicale chez la femme, les approches conservatrices du sein sont rarement envisagées chez les hommes en raison de la quantité moindre de tissu mammaire et l'absence de bénéfice au niveau esthétique.[4]

Radio-oncologie

La radiothérapie est généralement proposée aux hommes ayant un stade tumoral T3 ou supérieur, des marges chirurgicales positives ou la présence de ganglions lymphatiques positifs.[4]

Les indications de la radiothérapie pour le cancer du sein chez l'homme sont semblables à celles des femmes :[11]

  • une résection mammaire conservatrice
  • une maladie avancée (T3 ou T4) même-ci elles ont eu une mastectomie radicale.

Cependant, il y a peu de donnés probantes montrant un bénéfice de la radiothérapie chez les hommes touchés par le cancer du sein.[5][4]

Oncologie médicale

C'est le tamoxifène qui est le traitement adjuvant le plus utilisé.[4] Étant donné que la majorité des cancers du sein chez l'homme sont positifs pour les récepteurs aux œstrogènes, l'hormonothérapie est un traitement de choix. Il est utilisé pour 5 à 10 ans. Il y aurait un bénéfice à l'utiliser au niveau de la survie.[8]

D'autre part, les inhibiteurs de l'aromatase ont un taux d'efficacité moins clair chez les hommes : des hommes ayant été traités avec des inhibiteurs de l'aromatase auraient un taux de survie inférieur à ceux ayant reçu du tamoxifène. Il y a également des études montrant l'efficacité de l'utilisation d'un analogue de la GnRH seul ou avec un inhibiteur de l'aromatase.[8]

Les données sont également limitées concernant l'efficacité de la chimiothérapie adjuvante : l'hormonothérapie serait plus efficace que la chimiothérapie pour les cancers du sein de stade avancé chez les hommes.[5] Les données probantes étant limités, les indications de chimiothérapie sont les mêmes que chez les femmes :

  • un ganglion positif
  • des récepteurs hormonaux négatifs
  • un Her2 positif
  • une tumeur avec caractéristique biochimique aggressive (haut grade, envahissement lymphovasculaire, Ki 67 élevé, etc.)

Selon certaines sources, les oncologues envisageraient donc la chimiothérapie seulement en cas d'échec de l'hormothérapie.[12][4]

Suivi

Une surveillance à long terme est nécessaire, car les hommes présentent un risque accru de développer une seconde lésion mammaire primaire.[4] Le risque absolu est d'un peu moins de 2 %.[8] Pour les hommes ayant eu recours à une mastectomie partielle, une mammographie ipsilatérale pourrait être proposée annuellement si elle est techniquement faisable selon l'American Society of Clinical Oncology.[13] Ces derniers proposent aussi de demander une mammographie controlatérale annuelle pour les patients ayant des antécédents de cancer du sein et une mutation génétique prédisposante.[13]

Concernant les hormonothérapies, un suivi est pertinent. Les patients utilisant un analogue de la GnRH sont à risque d'ostéoporose. Il est alors conseillé de leur faire passer un test de densité osseuse aux 2 ans. De plus, le tamoxifène entre autre a plusieurs effets secondaires dont certains qui peuvent être pris en charge. Un suivi est donc bénéfique pour augmenter les chances que les patients soient observant à leur traitement d'hormonothérapie pendant au moins 5 ans.

Complications

Les complications de cette maladie sont récidive d'un cancer du sein ou un cancer du sein métastatique.

Évolution

En raison du retard de diagnostic couramment observé dans le cancer du sein masculin, la survie globale à 5 ans est d'environ 40 % à 65 %. Lorsqu'ils sont stratifiés, le stade I est de 75 % à 100 %, le stade II est de 50 % à 80 %, le stade III est de 30 % à 60 % et le stade IV est de 20 % à 30 %.[9] Malgré ces résultats, lorsqu'ils sont associés à divers pronostics des facteurs tels que l'âge, le stade de la maladie et le grade, la mortalité des hommes atteints d'un cancer du sein ne s'est pas avérée significativement plus élevée que celle des femmes atteintes d'un cancer du sein.[9][4]

Prévention

Le dépistage systématique des hommes atteints d'un cancer du sein n'est pas établi en raison de la rareté des cas. Pourtant, les hommes devraient être informés des facteurs de risque potentiels et être conseillés sur le point de vue génétique s'ils ont des antécédents familiaux de cancer du sein. En effet, plusieurs cancers dont celui du sein peut être déclenchés par une anomalie des gènes BRCA.[14][4]

Notes

  1. En augmentant le taux d'oestrogène ou en diminuant le niveau d'androgène circulant.
  2. L'œstrogène, qui stimule le développement canalaire dans les seins, a également été impliqué comme facteur de risque potentiel de cancer du sein chez les hommes comme chez les femmes.
  3. Le syndrome de Klinefelter peut augmenter le risque de néoplasie mammaire par stimulation excessive des œstrogènes.

Références

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  2. 2,0 et 2,1 Raina M. Ferzoco et Kathryn J. Ruddy, « The Epidemiology of Male Breast Cancer », Current Oncology Reports, vol. 18, no 1,‎ , p. 1 (ISSN 1534-6269, PMID 26694922, DOI 10.1007/s11912-015-0487-4, lire en ligne)
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  4. 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05 4,06 4,07 4,08 4,09 4,10 et 4,11 Ahmed Khattab, Sarang Kashyap et Dulabh K. Monga, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 30252292, lire en ligne)
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