Céphalée (approche clinique)
Approche clinique | |
![]() Métastase cérébrale d'un cancer du poumon, une cause secondaire potentielle de céphalée | |
Caractéristiques | |
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Drapeaux rouges | Mal de tête subaigu avec accroissement de la fréquence et de l’intensité de la douleur, Céphalée + fièvre + raideur méningée + No/Vo, Première céphalée chez un sujet porteur de néoplasme ou séropositif, Mal de tête avec œdème de la papille ou altérations des fonctions cognitives |
Informations | |
Terme anglais | Headache |
Autres noms | Mal de tête |
Spécialité | Neurologie |
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Céphalée (39)
La céphalée est une douleur ressentie à la tête ou à la nuque.[1]
1 Épidémiologie[modifier | w]
La céphalée est une raison de consultation très fréquente. On divise ses étiologies en deux groupes, les primaires, généralement bénignes et représentant 90% des causes et les secondaires, plus sérieuses, mais se limitant à 10%.
Migraine | Céphalée de tension | Cluster |
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F > M | F = M | M >> F |
12% des adultes | 38 % des adultes | moins de 0.1% |
chronique (20% avec aura et 80% sans) | épisodique ou chronique | chroniques |
2 Étiologies[modifier | w]
On divise les étiologies de la céphalée en causes primaires et secondaires. Une céphalée primaire signifie que le mal de tête lui-même est le problème du patient et qu’il n’y a pas de lésion démontrable à l’examen physique ou lors des investigations. Cela ne veut pas dire que les symptômes de ces céphalées sont moins débilitants, mais plutôt qu’elles sont de nature bénignes. En revanche, les céphalées secondaires sont plutôt le symptôme d’une pathologie démontrable. Cette pathologie peut être bénigne ou grave. Statistiquement, environ 1% des patients se présentant en cabinet auront une cause secondaire de céphalée. À l’urgence, il s’agira plutôt de 3,8% des patients avec céphalées qui souffriront d’une cause secondaire. Les céphalées secondaires se divisent ensuite en deux catégories, selon s'il y a atteinte structurale des structures douloureuses de la tête, où si l'atteinte n'est pas structurale.
Primaire |
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Secondaire | Atteinte structurale | Infectieuse |
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Lésion occupant de l’espace (LOE) | |||
Vasculaire | |||
Origine dentaire et ORL | |||
Origine cervicale | |||
Origine oculaire | |||
Inflammatoire | |||
Névralgie crânienne | |||
Céphalée post ponction lombaire[note 1] | |||
Atteinte non-structurale | Céphalée post traumatisme crânio-cérébral | ||
Toxique et métabolique |
3 Physiopathologie[modifier | w]
Ce ne sont pas toutes les zones de la tête qui sont sensibles aux stimuli douloureux. Voici une liste des régions pouvant causer de la douleur :
- La peau, les tissus sous-cutanés, les muscles, les artères extracrâniennes, le périoste externe du crâne
- Les yeux, les oreilles, le nez, les sinus
- Les sinus veineux intracrâniens
- Certaines parties de la dure-mère à la base du cerveau, les artères dans la dure-mère, particulièrement les parties proximales des artères cérébrales antérieures et moyenne, ainsi que la partie intracrânienne de la carotide interne
- Les trois premiers nerfs crâniens quand ils traversent la dure-mère
La douleur qui provient de la distension de l’artère méningée moyenne sera projetée derrière l’œil et la région temporale. Le segment intracrânien de la carotide interne produira de la douleur dans l’œil et la région orbitotemporale. La douleur provenant des structures supratentorielles sera ressentie dans les régions innervées par les 2 premières branches du nerf trijumeaux, c’est-à-dire les deux-tiers antérieures de la tête. La région infratentorielle produira plutôt de la douleur au niveau du vertex, derrière la tête et au cou. Le fait que le nerf trijumeaux et que les nerfs sensitif cervicaux convergent au niveau de C2 fait en sorte qu’une douleur du cou ou derrière la tête peut être référée au niveau frontal et qu’une douleur frontale peut être ressentie au niveau occipital. Le 7e, 9e et 10e nerf crânien réfèrent la douleur dans la région naso-orbitale, l’oreille et la gorge.
4 Histoire[modifier | w]
Il y a plusieurs éléments clés qu’il faut rechercher lors de l’histoire de la maladie actuelle du patient lorsque celui-ci se plaint d’une céphalée. Le questionnaire permet d’éliminer les causes de céphalée pouvant mettre la vie du patient en danger, en plus de fournir les informations importantes pouvant permettre l’identification d’une cause mineure de céphalée.
Il est important de recueillir les informations concernant la durée de la céphalée, la vitesse d’apparition, la région de la tête ou la céphalée se présente et le type de douleur. Par exemple, une douleur pulsatile guidera le clinicien vers une migraine, tandis qu’un bandeau serratif fera plutôt penser à une céphalée de tension. La présence de drapeaux rouges fera soupçonner une cause secondaire de céphalée, tandis que leur absence mène vers une céphalée primaire. La notion de temporalité est très importante au questionnaire : une céphalée d'apparition récente ou une céphalée de longue date nous dirige vers des pathologies complètement différentes.
Temporalité | |
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Durée | Penser à ... |
Minutes | Céphalée de nature vasculaire |
Jours | Cause infectieuse |
Semaines/mois | Causes inflammatoires, néoplasiques
Il sera à ce moment critique d'exécuter un examen neurologique complet. |
Trouvaille au questionnaire de la céphalée | Diagnostic différentiel |
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↑ ou provoquée par activité physique | intolérance = migraine probable
vasculaire, HTIC, tumeur/LOE |
↑ ou provoquée par relations sexuelles | vasculaire, HTIC, tumeur / LOE, post-coïtale |
↑ ou provoquée toux, valsalva | vasculaire, malformation, perte liquidienne cérébrospinal, HTIC, tumeur/LOE |
↑ ou provoquée par prise d'analgésie | rebond probable |
cycle menstruel, prise de contraceptif oral | vasculaire |
après consommation alcool, aliments contenant des nitrites (charcuterie), phényléthylamine (chocolat), tyramine (fromage) | migraine possible |
↑ ou provoquée mastication / parle | névralgie du trijumeau |
↑ ou provoquée rotation de la tête | tumeur, dysfonction cervico-spinale |
composante posturale | pire en position couchée = HTIC
pire debout = post ponction lombaire |
↓ par repos, retrait dans une pièce sombre et silencieuse | migraine |
pulsatile | migraine |
pression, serrative, en bandeau | céphalée de tension |
comme un choc électrique | névralgie du trijumeau |
coup de tonnerre | vasculaire |
unilatérale | migraine, Horton, artérite temporale |
bilatérale | céphalée de tension |
toute la tête, en bandeau | céphalée de tension |
Symptômes pertinents à questionner |
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en lien avec céphalée primaire |
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en lien avec céphalée secondaire |
Généraux |
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Neurologiques |
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ORL |
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inflammatoire (artérite temporale) |
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Infectieux |
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Trijumeau |
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Autres |
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5 Examen physique[modifier | w]
Test | Trouvaille | Penser à... | Précisions |
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Apparence générale | |||
État d'éveil | Confusion, somnolence |
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Poids, morphologie visage et langue | Obésité, rétrognatie, macroglossie | Apnée du sommeil | |
Signes vitaux | |||
Température | Fièvre | Causes infectieuses | |
Fréquence cardiaque | Bradycardie | Hypertension intracrânienne | Triade de Cushing |
Fréquence respiratoire | Bradypnée | Hypertension intracrânienne | Triade de Cushing |
Tension artérielle | Hypertension | Hypertension intracrânienne | Triade de Cushing |
Examen neurologique | |||
Flexion nuque | Raideur de nuque |
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-Signe d'irritation méningée
-Éliminer raideur d'origine musculosquelettique en faisant flexion latérale ou rotation de la nuque. |
Signe de Kernig | Flexion de la nuque à la flexion des genoux |
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Signe d'irritation méningée |
Signe de Brudzinski | Flexion des genoux/hanches à la flexion de la nuque |
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Signe d'irritation méningée |
Nerf crânien III | Anisocorie (myosis), ptose, déviation |
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Pour l'HSA, typique lorsque rupture d'anévrysme de l'a. cérébrale antérieure moyenne |
Examen neuro en général | Toute anomalie focale (NC II à XII, signes pyramidaux, sensitifs et cérébelleux) |
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Selon la lésion, l'emplacement et la sévérité |
Examen ORL | |||
Examen gorge | Écoulement rétro-pharyngé | Sinusite | |
Examen ophtalmologique | |||
Fond d'oeil | Papilloedème | Hypertension intracrânienne | |
Autres | |||
Palpation artères temporales | Douleur, induration | Artérite temporale |
6 Investigation[modifier | w]
Tests | Indications | Résultats évocaters |
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FSC | Recherche de signes infectieux | leucocytose |
TDM cérébral | Suspicion de céphalée secondaire | Évidence radiologique d'une pathologie entraînant une céphalée secondaire |
IRM | *Gold standard*
Suspicion de céphalée secondaire |
Évidence radiologique d'une pathologie entraînant une céphalée secondaire |
angio-imagerie (TDM ou IRM) | Suspicion de céphalée secondaire d'origine vasculaire | Évidence radiologique d'une pathologie entraînant une céphalée secondaire d'origine vasculaire |
Ponction lombaire | Suspicion d'HSA si TDM négatif.
Suspicion d'une étiologie infectieuse, inflammatoire ou néoplasique. Suspicion HTIC idiopathique (pseudotumor cerebri) |
Dans le LCR: recherche de globules rouges, polynucléaires, lymphocytes, glucose, protéines, cellules anormales.
Mesure de pression de sortie du LCR |
7 Prise en charge[modifier | w]
- Selon la cause suspectée, investiguer et débuter les traitements qui s'y rattachent.
- S'il s'agit d'une céphalée primaire, rassurer et donner des explications en plus de débuter un traitement si possible.
8 Complications[modifier | w]
- Variables selon l'étiologie.
- Considérer les répercussions psychosociales
9 Drapeaux rouges[modifier | w]
Les drapeaux rouges:
- signes et symptômes neurologiques focaux (altération de l'état mental, faiblesse, diplopie, papilloedème...)
- augmentation lors de la toux ou du Valsalva
- immunosuppression
- ATCD de cancer
- méningisme
- céphalée de novo > 50 ans
- « thunderclap » (apparition subite et intense / en coup de tonnerre)
- symptômes d'artérite à cellules géantes (troubles visuels, claudication de la mâchoire, fièvre, perte de poids, sensibilité temporale, myalgies proximales)
- symptômes systémiques (fièvre, perte de poids)
- changement du pattern de la céphalée (qui ne va pas en s'améliorant)
- yeux rouges
- halos lumineux.
Drapeaux rouges | Causes sérieuses possibles |
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mal de tête subaigu avec accroissement de la fréquence et de l’intensité de la douleur |
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céphalée + fièvre + raideur méningée + No/Vo |
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première céphalée chez un sujet porteur de néoplasme ou séropositif |
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mal de tête avec œdème de la papille ou altérations des fonctions cognitives |
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10 Particularités[modifier | w]
10.1 Gériatrie[modifier | w]
Une céphalée débutant de novo après l'âge de 50 ans doit être considérée secondaire jusqu'à preuve du contraire
11 Notes[modifier | w]
- ↑ Aussi appelée hypotension intracrânienne.
- ↑ L'alcool est connu pour donner des céphalées de sevrage.
- ↑ La nifédipine, la nitro, l'hydralazine, les contraceptifs oraux sont des médicaments pouvant causer des céphalées.
12 Références[modifier | w]
- ↑ « Céphalée », Wikipédia, (lire en ligne)
- ↑ (en) Tina Binesh Marvasti et Sydney McQueen, Toronto Notes 2018, 34e éd., FM32