Bronchite aiguë

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Bronchite aiguë
Maladie

Inflammation de la paroi bronchique durant la bronchite aigüe
Caractéristiques
Signes Ronchi , Aucun signe clinique , Sibilances , Température corporelle élevée
Symptômes
Dyspnée , Infection des voies respiratoires supérieures, Expectorations, Douleur thoracique , Toux , Malaises , Température corporelle élevée
Diagnostic différentiel
Embolie pulmonaire, Insuffisance cardiaque, Maladie pulmonaire obstructive chronique, Asthme, Bronchiectasies, Bronchiolite, Coqueluche, Infection des voies respiratoires supérieures, COVID-19, Pneumonie acquise en communauté, ... [+]
Informations
Terme anglais Acute bronchitis, chest cold
Wikidata ID Q1900400
Spécialités Pneumologie, Médecine familiale, Médecine d'urgence


La bronchite aiguë est une maladie caractérisée par une inflammation aiguë des bronches et des bronchioles.[1]

Épidémiologie

La bronchite aigüe est l'un des diagnostics les plus communs dans le soins de première ligne[2]. Aux États-Unis, on estime que chaque année, 5 % de la population générale signale un épisode de bronchite aiguë, ce qui représente plus de 10 millions de visites par an[2]. En 2001, 6,2% des enfants de 0 à 14 ans auraient eu au moins un épisode par année[3]. En 2011, la bronchite aigüe représentait la cause la plus commune d'admission à l'hôpital des enfants de moins de 1 an[4]. On estime qu'il s'agit de la cinquième cause la plus commune de consultation chez le médecin de famille[5].

Comme la plupart des maladies virales des voies respiratoires, la bronchite aiguë est fréquente pendant la saison grippale, soit en automne et en hiver[6]. Elle est plus commune chez les enfants et les personnes âgées[3].

Chez les jeunes enfants, la bronchite aigüe est plus commune chez les garçons que chez les filles. Les garçons sont aussi plus souvent hospitalisés. Chez les adultes, la bronchite aigüe est aussi commune chez les deux sexes.[3]

Étiologies

Étiologies[7][8]
Catégorie Pathogène
Virale (> 90 %)
Bactérienne (< 10 %)
Autre[6]

Physiopathologie

La bronchite aiguë est le résultat d'une inflammation aiguë des bronches secondaire à divers déclencheurs, le plus souvent une infection virale. L'inflammation de la paroi bronchique entraîne un épaississement de la muqueuse, une desquamation des cellules épithéliales et une dénudation de la membrane basale[11]. Une obstruction de la circulation d'air et une hyperréactivité bronchique peuvent se développer, mais se résolvent généralement après 6 semaines[2].

Présentation clinique

Facteurs de risque

Les facteurs de risque sont[6] :

Questionnaire

Les symptômes de la bronchite aiguë sont[7][6] :

Une infection à B. pertussis (coqueluche) est possible en présence de ≥ 2 symptômes suivants[7] :

  • une toux coqueluchoïde (aboyante, chant de coq)
  • une toux durant > 3 semaines
  • des vomissements (causés par la toux)
  • une exposition à la coqueluche
  • un patient non vacciné contre la coqueluche (ou dont la vaccination n'est pas à jour).

Examen clinique

Chez la personne âgée, la pneumonie est à considérer malgré une absence de signes ou de symptômes.

L'examen clinique permet d'objectiver les signes suivants[7][10] :

Examens paracliniques

Aucun examen paraclinique n'est généralement recommandée pour diagnostiquer la bronchite aiguë[7].

Si des examens paracliniques sont demandés, les résultats suivants sont possibles :

Approche clinique

Le diagnostic de la bronchite aigüe se base principalement sur le questionnaire et l'examen physique. Il est associé à une toux de plus de 5 jours et des trouvailles potentielles à l'examen physique[12]. Durant les premiers jours et en présence d'une fonction pulmonaire normale, la bronchite aigüe ne peut pas être différenciée d'une infection des voies respiratoires supérieures[11].

La bronchite aigüe est une maladie fréquemment mal identifiée. Il est recommandé d'éliminer les diagnostics de pneumonie, d'IVRS/influenza, d'insuffisance cardiaque décompensée, d'asthme aigüe ou d'exacerbation de MPOC avant de faire celui de la bronchite aigüe. Une toux d'une durée de plus de 3 semaines suggère une autre cause[2].

La présence ou non d'expectorations ne permet pas de différencier avec justesse une infection bactérienne d'une infection virale[8]. De la même façon, cela ne permet pas de différencier la bronchite aigüe de la pneumonie[2]. Il ne s'agit donc pas d'un bon indicateur du traitement à choisir.

Une infection à Bordetella pertussis peut être évoquée en cas de lien avec un cas confirmé, de toux paroxystique accompagné d'un son caractéristique et de vomissements. Des épidémies de bronchite peuvent suggérer la présence de Mycoplasma pneumoniae ou Chlamydia pneumoniae.[2]

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel de la maladie est[10] :

Traitement

Traitement symptomatique

Traitement symptomatique de la bronchite aiguë[7]
Classe Médicament Commentaires
Analgésiques / antipyrétiques
  • Recommandés pour le traitement de la fièvre et des douleurs en lien avec la bronchite.
Antitussifs[10]
  • Effet bénéfique modeste sur la fréquence de la toux (diminution de 19 à 36%).
  • Efficacité modeste (mais peu établie).
  • Codéine sirop (10mg / 5 mL)  30-60 mg PO q4-6h ou codéine sirop (25mg / 5 mL)  25-50 mg PO q4-6h
  • Morphine
  • Non recommandés, risque élevé d’effets indésirables[13].
  • Peuvent être utilisés en cas d'altération du fonctionnement ou du sommeil.
    • Limiter à DIE ou HS pour une durée restreinte.
Expectorants[10]
  • Peut être utilisé avec une faible efficacité en cas de toux avec expectoration.
Bronchodilatateurs à courte action
  • Non recommandé[10].
  • La durée de la toux peut être réduite chez les patients présentant des limitations dans leur fonction respiratoire (p. ex. sibilances) ou une MPOC/asthme sous-jacente.
Corticostéroïdes (inhalés ou oraux)
  • Non recommandé (sauf dans l'asthme).

Antibiotiques

Contenu TopMédecine
  • Bronchites et antibiotiques : réellement un bon choix ? (MU) (MF)
Le traitement antibiotique n’est généralement pas recommandé pour un individu en santé atteint de bronchite aiguë.

Les antibiotiques ne sont généralement par recommandés[7][10][13], car en comparaison au traitement placebo ils permettent:

  • une diminution moyenne de[note 6][14]:
    • 0,5 jour de la durée de la toux
    • 0,5 jour d’activité perdu
  • un NNH de 5 pour les effets secondaires.

Ils sont suggérés dans les contextes suivants[7] :

  • des comorbidités majeures
  • une persistance de la toux (> 3 semaines)
  • un âge ≥ 75 ans.

Les antibiotiques possibles sont[7]:

En saison d'influenza, penser à tester et à traiter avec de l'oseltamivir (Tamiflu®).

Consulation en pneumologie

Diriger le patient vers le pneumologue s’il y a[7] :

  • persistance de la toux au-delà de 6 semaines et après l'essai d'au moins une thérapie
  • plus de 3 bronchites aiguës dans l’année
  • suspicion d'une autre cause de toux chronique, mais distincte de la rhinorrhée postérieure.

Complications

Les complications potentielles sont :

Suivi

Si les symptômes du patient durent > 3 semaines ou s'il y a une aggravation des symptômes, une réévaluation est nécessaire.[7]

Évolution

La bronchite aiguë est généralement bénigne et résulte rarement en une hospitalisation[18]. Les jeunes garçons sont toutefois plus à risque d'être hospitalisés[3]. Elle se guérit généralement en moins de 4 semaines[7]. La durée médiane des symptômes est de 18 jours[10]. La toux peut persister jusqu'à 6 semaines[7].

Un premier épisode de bronchite aigüe pourrait être associé à des symptômes récurrents ou persistants et le développement d'une condition chronique.[11][19][note 8]

Prévention

La prévention passe par :

  • l'hygiène régulière des mains et étiquette respiratoire[7]
  • la vaccination annuelle contre l’influenza[7]
  • la vaccination contre la coqueluche selon les recommandations en vigueur[7]
  • la vaccination contre les infections à pneumocoque[6]
  • la cessation tabagique[6]
  • l'évitement d'allergènes et de polluants[6].

Notes

  1. Bordetella pertussis est responsable de 10% des infections de patients avec une toux d'une durée de 2 semaines et plus. Sa présence est plus commune chez l'enfant, mais elle demeure une cause rare de bronchite.
  2. Leur présence chez des individus atteints de maladie pulmonaire obstructive chronique pourrait nécessiter un traitement pour une EAMPOC.
  3. Une toux répétitive peut occasionner des douleurs thoraciques.
  4. La présentation des pneumonies peut être plus frustre dans cette population.
  5. 33% des patients avec une exacerbation d'asthme vont avoir comme diagnostic un bronchite aiguë
  6. Une méta-analyse a démontré un NNT de 5,6 pour la toux au suivi mais pas d'amélioration de la capacité fonctionnelle. Le NNH était de 16,7 pour les effets secondaires de l'antibiotique.
  7. Un risque significativement plus bas d’émergences de résistance aux macrolides lors de l’usage de la clarithromycine en comparaison avec l’azithromycine.
  8. Une étude prospective a démontré que 34% des adultes ayant un épisode de bronchite aigüe présentent des symptômes de bronchite chronique ou d'asthme 3 ans après la présentation initiale.

Références

  1. « Bronchite aiguë », Wikipédia,‎ (lire en ligne)
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 et 2,6 Sidney S. Braman, « Chronic cough due to acute bronchitis: ACCP evidence-based clinical practice guidelines », Chest, vol. 129, no 1 Suppl,‎ , p. 95S–103S (ISSN 0012-3692, PMID 16428698, Central PMCID 7094612, DOI 10.1378/chest.129.1_suppl.95S, lire en ligne)
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 et 3,5 (en) Douglas M Fleming et Alex J Elliot, « The management of acute bronchitis in children », Expert Opinion on Pharmacotherapy, vol. 8, no 4,‎ , p. 415–426 (ISSN 1465-6566 et 1744-7666, DOI 10.1517/14656566.8.4.415, lire en ligne)
  4. Audrey J. Weiss, Lauren M. Wier, Carol Stocks et Janice Blanchard, Overview of Emergency Department Visits in the United States, 2011, Agency for Healthcare Research and Quality (US), (PMID 25144109, lire en ligne)
  5. R. A. Meza, C. Bridges-Webb, G. P. Sayer et D. A. Miles, « The management of acute bronchitis in general practice: results from the Australian Morbidity and Treatment Survey, 1990-1991 », Australian Family Physician, vol. 23, no 8,‎ , p. 1550–1553 (ISSN 0300-8495, PMID 7980155, lire en ligne)
  6. 6,00 6,01 6,02 6,03 6,04 6,05 6,06 6,07 6,08 6,09 6,10 et 6,11 Anumeha Singh, Akshay Avula et Elise Zahn, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28846312, lire en ligne)
  7. 7,00 7,01 7,02 7,03 7,04 7,05 7,06 7,07 7,08 7,09 7,10 7,11 7,12 7,13 7,14 7,15 7,16 7,17 et 7,18 « Bronchite aiguë », sur INESSS, (consulté le 6 juin 2022)
  8. 8,0 et 8,1 (en-US) Ross H. Albert, « Diagnosis and Treatment of Acute Bronchitis », American Family Physician, vol. 82, no 11,‎ , p. 1345–1350 (lire en ligne)
  9. 9,0 9,1 9,2 et 9,3 (en) Graham Worrall, « Acute bronchitis », Canadian Family Physician, vol. 54, no 2,‎ , p. 238–239 (ISSN 0008-350X et 1715-5258, PMID 18272643, lire en ligne)
  10. 10,0 10,1 10,2 10,3 10,4 10,5 10,6 10,7 10,8 et 10,9 (en-US) Scott Kinkade et Natalie A. Long, « Acute Bronchitis », American Family Physician, vol. 94, no 7,‎ , p. 560–565 (lire en ligne)
  11. 11,0 11,1 11,2 11,3 11,4 11,5 et 11,6 Richard P. Wenzel et Alpha A. Fowler, « Clinical practice. Acute bronchitis », The New England Journal of Medicine, vol. 355, no 20,‎ , p. 2125–2130 (ISSN 1533-4406, PMID 17108344, DOI 10.1056/NEJMcp061493, lire en ligne)
  12. (en) « Acute Bronchitis - Pulmonary Disorders », sur Merck Manuals Professional Edition (consulté le 31 juillet 2023)
  13. 13,0 13,1 et 13,2 (en-US) Julia Fashner, Kevin Ericson et Sarah Werner, « Treatment of the Common Cold in Children and Adults », American Family Physician, vol. 86, no 2,‎ , p. 153–159 (lire en ligne)
  14. J. J. Smucny, L. A. Becker, R. H. Glazier et W. McIsaac, « Are antibiotics effective treatment for acute bronchitis? A meta-analysis », The Journal of Family Practice, vol. 47, no 6,‎ , p. 453–460 (ISSN 0094-3509, PMID 9866671, lire en ligne)
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  16. Opinion d'expert (Utilisateur:Antoine Mercier-Linteau) [2022-12-26] Basé sur mon expérience clinique
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  18. Peter Wark, « Bronchitis (acute) », BMJ clinical evidence, vol. 2015,‎ , p. 1508 (ISSN 1752-8526, PMID 26186368, Central PMCID 4505629, lire en ligne)
  19. Peter Wark, « Bronchitis (acute) », BMJ clinical evidence, vol. 2015,‎ , p. 1508 (ISSN 1752-8526, PMID 26186368, Central PMCID 4505629, lire en ligne)
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