AVC (programme d'exercices)

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AVC (programme d'exercices)
Programme d'exercices

AVC au TDM
Programme d'exercices
Système Neurveux central
Indications
Accident vasculaire cérébral
Contre-indications absolues
Troubles neurocognitifs, Agitation, Patients médicalement instables
Informations
Autres noms AVC et activité physique
Spécialités Kinésiologie, Neurologie


La pratique d'activités physiques chez une clientèle ayant subi un AVC comporte de nombreux bénéfices. Cette page traite des particularités en lien avec cette clientèle.

Contexte

L’accident vasculaire cérébral (AVC) se définit comme la perte soudaine des fonctions cérébrales. L’AVC peut être causé par l’interruption du flux sanguin cérébral (AVC ischémique) ou par une rupture de vaisseaux sanguins cérébraux (AVC hémorragique).[1] L’AVC ischémique, le plus commun (≃ 87%), est provoqué par le blocage d’une artère cérébrale par un thrombus ou une embolie. De son côté, l’AVC hémorragique, le moins commun (≃ 13%), est provoqué par une hémorragie intracérébrale ou sous-arachnoïdienne.[2] Actuellement, l’AVC est la troisième cause de décès au Canada et la deuxième cause de décès mondialement.[3] Avec le vieillissement de la population, on prévoit une augmentation de la prévalence de cette maladie dans les prochaines années.[3] La place de l’activité physique à la suite d’un AVC est un élément à ne pas négliger dans le processus de réadaptation. Cependant, avant de viser un retour complet aux activités physiques, plusieurs facteurs sont à considérer.

Indications

Tous les patients ayant subi un AVC doivent recevoir une réadaptation le plus tôt possible une fois qu'ils sont médicalement stables et capables de participer à une rééducation active.[3] Les survivants d'un AVC qui peuvent être à risque d'événements cardiovasculaires liés à l'effort devraient être considérés pour un test d'effort maximal ou limité par les symptômes avant de commencer un programme d'entraînement vigoureux.[4]

Contre-indications

Les critères d'exclusion généraux pour la réadaptation après un AVC sont [3]:

Chez les patients qui suivent une réadaptation en phase aiguë, une mobilisation précoce et prolongée dans les premiers jours suivant un AVC sévère n'est pas recommandée.[3]

Prescription recommandée

La rédaptation est divisée en trois phases.

Trois phases de la réadaptation post-AVC
Phase Temporalité Explications
Aiguë 24h à 2 semaines post-AVC
  • Le premier objectif associé à l’activité physique de la réadaptation vise la prévention des complications associées à l’inactivité physique (diminution du  débit cardiaque, une fonction immunitaire affaiblie, une perte de force musculaire, une intolérance orthostatique et des risque accru de contractures articulaire et de tromboembolie veineuse profonde).[4] Une mobilisation précoce peut être raisonnable pour certains patients ayant subi un AVC aigu (par exemple, AVC léger ou un accident ischémique transitoire), mais la prudence est recommandée et le jugement clinique doit être utilisé. [3]
Subaiguë 1 à 6 mois post-AVC
  • Cette phase vise l’initiation d’un programme d’exercice visant la récupération ou l’amélioration des niveaux d’activité pré-AVC. Il est recommandé que les interventions de récupération motrice comprennent des exercices cardiovasculaires et de renforcement.[4] L'initiation d'un exercice aérobie pendant la période subaiguë est sûre et efficace pour améliorer la capacité d'exercice et l'endurance à la marche.[5] Les individus font le plus de gains dans les 6 premiers mois suivant un AVC.[3]
Chronique 6 mois à 1 an post-AVC
  • Cette phase est conçue pour aider le survivant d'un AVC à développer et à maintenir un mode de vie actif qui répond aux directives d'activité physique et d'exercice recommandées pour la prévention des AVC récurrents et des événements cardiaques, ainsi que pour maintenir ou améliorer la capacité physique.[4]

Après un AVC, les objectifs d'activité physique et la prescription d'exercice pour le patient doivent être personnalisés en fonction des comorbidités du patient, de sa tolérance, de son stade de récupération, du soutien social disponible, de ses préférences en matière d'activité physique, de ses invalidités, de ses limitations et de ses restrictions.[4] Ainsi, la prescription recommandée ci-dessous est une cible visée devant être adaptée pour chaque patient. La fréquence, les durées, les intensités et les types d’entraînement devraient donc être progressivement augmentés afin d’atteindre éventuellement les recommandations.

  • Pour l’entraînement cardiovasculaire, une fréquence de 2 à 3 fois par semaine devrait être visée. L’effort devrait atteindre une intensité faible à modérée, c’est-à-dire une perception de l’effort entre 2 et 5 sur 10 selon l’échelle de Borg modifiée (ou entre 40 et 70% de la fréquence cardiaque de réserve[note 1]). La durée de l’effort devrait progressivement augmenter de 20 jusqu’à 60 minutes par jour. Initialement, il faut cependant considérer l’accumulation de plusieurs sessions de 10 minutes. Les entraînements cardiovasculaires peuvent être effectués au moyen d’ergomètre. Le tapis roulant peut également être considéré si le patient a suffisamment d’équilibre et qu’il peut se déplacer sans assistance.[6]
    • L’entraînement à l'intervalle de haute intensité (HIIT) peut être une approche sécuritaire dans la phase chronique d’un AVC.[7] Le HIIT peut être effectué entre 2 et 5 fois par semaine pendant 2 à 4 semaines. De plus, ce type d’exercice vise l’atteinte de la vitesse de marche la plus rapide sécuritaire (pour les gains de mobilité) ou une intensité atteignant entre 85% à 95% de la fréquence de réserve. La durée des intervalles devrait être entre 30 secondes d’effort et 60 secondes de repos jusqu’à 3 minutes d’effort et 4 minutes de repos pour un total de 25 à 30 minutes par séance.[7]
  • Les exercices de renforcement musculaire devraient être effectués 2 jours non consécutifs par semaine. Entre 1 et 3 séries de 8 à 15 répétitions sous-maximales devraient être ciblées. L’intégration d’exercices permettant l’amélioration de la sécurité des patients présentant des déficits peut également être un élément pertinent de la prescription d’exercice (équilibre, coordination, renforcement, endurance, etc.).[6]
  • L'entraînement en flexibilité permettrait d’augmenter l'amplitude de mouvement des segments impliqués, de prévenir les contractures et d’augmenter les activités de la vie quotidienne.[4] Des étirements statiques maintenus pendant 10 à 30 secondes et effectués entre 2 et 3 jours par semaines devraient être introduits pour l’obtention de bienfaits.[6]

Exécution

Débuter toutes les activités physiques avec un échauffement d’une durée de 5 à 10 minutes à intensité faible, c’est-à-dire une perception de l’effort entre 0 et 2 sur 10 selon l’échelle de Borg modifiée. L’échauffement stimule la vasodilatation, augmente la perfusion musculaire locale et favorise l’amplitude de mouvements et la flexibilité avant une activité plus intense.[8] Celui-ci permet alors de préparer sécuritairement les différents systèmes à l’exercice.

Pour les activités cardiovasculaires, terminer l’entraînement avec un retour au calme d’une durée de 5 minutes à intensité faible, c’est-à-dire une perception de l’effort entre 0 et 2 sur 10 selon l’échelle de Borg modifiée. Cette récupération facilite une transition progressive vers l'arrêt de l'exercice, en modulant les effets de la vasodilatation et des catécholamines élevées. Ainsi, la fréquence cardiaque et la pression artérielle retournent progressivement à des niveaux préexercices, réduisant donc le risque d'hypotension.[8]

L’exécution du programme d’entraînement doit se faire en fonction des capacités du patients. Ainsi, il est possible qu’un entraînement aérobie suivi d’un entraînement musculaire ne soit pas possible. Il est alors suggéré de fractionner les séances dans la semaine.

Suivi

Éviter la manœuvre de Valsalva pendant les exercices afin d’éviter l’augmentation de la tension artérielle. [6] Se faisant, l’expiration devrait se faire dans la phase concentrique des mouvements et l’inspiration pendant la phase excentrique.

La fatigue musculaire localisée et la fatigue générale sont communes et devraient être considérées lorsqu’on ajuste la charge de travail et le taux de progression. [6]En ce sens, un participant ne devrait pas avoir une fatigue générale post séance limitant la pratique de ses activités de la vie quotidiennes et domestiques. Si tel est le cas, l’intensité de l’entraînement devrait être diminuée afin que le patient n’ait pas de répercussion limitant ses activités fonctionnelles.

Bénéfice anticipé

Lors d'un test d'effort progressif, les personnes ayant subi un AVC atteignent une charge de travail, une fréquence cardiaque et une pression artérielle maximale nettement plus faibles que les sujets sains. De plus, les survivants d'un AVC consomment plus d’oxygène pour une même charge de travail sous-maximale comparativement aux individus sains. Ceci peut être expliqué par l'efficacité mécanique réduite chez ceux-ci, l'effets de la spasticité ou les deux.[4] Ceci signifie donc que la tolérance à l’effort des individus ayant eu un AVC est diminuée comparativement à celle des sujets sains. Il est cependant bien établi par la littérature que les exercices aérobies initiés au stade chronique de la récupération post-AVC permettent des améliorations de la réponse de la pression artérielle, une réduction des dépenses énergétiques à la marche et amélioration de la capacité cardiorespiratoire. La tolérance et l'endurance sous-maximales à l'exercice sont améliorées et, par conséquent, la capacité d'exécuter les activités de la vie quotidienne l'est aussi.[4] De plus, l'entraînement cardiorespiratoire impliquant la marche, avec ou sans entraînement en résistance, améliore la vitesse et l’efficacité à la marche.[9][10] Ainsi, l’entraînement cardiovasculaire devrait d’abord miser sur l’augmentation de la vitesse de marche et, ensuite, sur l’augmentation de la pente. Si la marche n’est pas une option envisageable pour certains patients (ex. : troubles d’équilibre ou de coordination), l’utilisation d’un ergomètre est également envisageable.

D’un point de vue métabolique, l'exercice aérobie après un AVC permettrait l’amélioration de certains facteurs de risque vasculaires, l’amélioration de l'intolérance au glucose, de la rigidité vasculaire, de la pression artérielle élevée au repos et d’un taux de cholestérol total élevé.[5] De plus, un nombre croissant d’études suggèrent qu'il est probable que l'amélioration de la condition cardiorespiratoire et que la pratique d'une activité physique régulière après un AVC ont de larges avantages pour la santé en favorisant, entre autres, la stabilité de la plaque d’athérosclérose et en engendrant des changements favorables de la fonction de la paroi vasculaire.[4] L'AVC partage de nombreux facteurs de risque avec d'autres formes de maladies cardiovasculaires (hypertension, tabagisme, dyslipidémie et sédentarité) sur lesquels l’activité physique a une influence.[5] Se faisant, il est possible de croire que l’amélioration de la condition cardiorespiratoire pourrait avoir un effet sur la réduction du risque d'événements secondaires.[9]

Au-delà des bienfaits sur le système cardiorespiratoire, l'exercice aérobie affecterait positivement la santé osseuse, la fatigue, la mémoire, les symptômes dépressifs et le bien-être émotionnel.[5] D’abord, la fatigue est un symptôme post-AVC dommageable affectant entre 38% et 77% des individus.[10] Une condition physique réduite post-AVC signifie que l’effort requis pour effectuer une activité physique est plus important et donc plus fatiguant. Ceci peut donc amener les individus à éviter ou diminuer leurs activités physiques, ce qui amplifie donc leur déconditionnement.

Les troubles de la fonction cognitive sont communs (64%) chez les individus ayant subi un AVC.[5] Bien que peu d'études aient étudiées l'impact de l'entraînement sur la cognition et l'humeur suivant un AVC, un entraînement comprenant de l'exercice aérobie et musculaire permettrait des améliorations de la cognition globale, de l'attention et de la concentration.[4] L’exercice permettrait d’améliorer la fonction cognitive chez les adultes âgés de 65 ans et plus.[10]

L’entraînement à l'intervalle de haute intensité HIIT s'est avéré efficace pour améliorer la récupération fonctionnelle, la capacité cardiorespiratoire, et les paramètres de marche chez les survivants d'un AVC. Aussi, ce type d’entraînement a le potentiel de contribuer à l'amélioration de la neuroplasticité et de la récupération motrice après l'AVC. En effet, des intensités d'exercice plus élevées sont nécessaires pour améliorer l'expression des neurotrophines qui augmentent les processus de réparation neuronale.[7] Se faisant, l’entraînement HIIT semble être une option intéressante pour les individus en mesure de le faire. Malgré tout, il est important de souligner que des essais cliniques randomisés avec un plus grand échantillon restent nécessaires pour confirmer les résultats préalables ainsi que pour établir des recommandations précises par rapport au FITT de l'entraînement par intervalles.

L'entraînement en résistance est recommandé pour accroître l'autonomie dans les activités de la vie quotidienne.[4] Celui-ci permet, entre autres, d’améliorer les indices d’équilibre et ainsi que de prévenir les risques de chutes.[9] En effet, jusqu'à 70% des personnes ayant subi un AVC tombe au cours des 6 premiers mois suivants leur sortie de l'hôpital ou de l'établissement de réadaptation. Considérant que les accidents vasculaires cérébraux sont associés à une perte de densité minérale osseuse, les taux de fractures de la hanche à la suite d’une chute sont plus élevés pour les personnes ayant subi un AVC.[5] Les exercices en résistance sont alors d’un intérêt particulier chez cette clientèle.

Notes

  1. La fréquence cardiaque de réserve correspond à la fréquence cardiaque maximale à laquelle il faut soustraire la fréquence cardiaque de repos.

Références

  1. Agence de la santé publique du Canada. (2017). Accidents vasculaires cérébraux au Canada : Faits saillants du système canadien de surveillance des maladies chroniques [PDF]. https://www.canada.ca/content/dam/phac-aspc/documents/services/publications/diseases-conditions/stroke-vasculaires/stroke-vasculaires-canada-fra.pdf
  2. Virani, S. S., Alonso, A., Benjamin, E. J., Bittencourt, M. S., Callaway, C. W., Carson, A. P., ... & American Heart Association Council on Epidemiology and Prevention Statistics Committee and Stroke Statistics Subcommittee. (2020). Heart disease and stroke statistics—2020 update: a report from the American Heart Association. Circulation, 141(9), e139-e596.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5 et 3,6 Teasell, R., Salbach, N. M., Foley, N., Mountain, A., Cameron, J. I., Jong, A. D., ... & Lindsay, M. P. (2020). Canadian stroke best practice recommendations: rehabilitation, recovery, and community participation following stroke. Part one: rehabilitation and recovery following stroke; Update 2019. International Journal of Stroke, 15(7), 763-788.
  4. 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05 4,06 4,07 4,08 4,09 et 4,10 Billinger, S. A., Arena, R., Bernhardt, J., Eng, J. J., Franklin, B. A., Johnson, C. M., ... & Tang, A. (2014). Physical activity and exercise recommendations for stroke survivors: a statement for healthcare professionals from the American Heart Association/American Stroke Association. Stroke, 45(8), 2532-2553.
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 et 5,5 Winstein, C. J., Stein, J., Arena, R., Bates, B., Cherney, L. R., Cramer, S. C., ... & Zorowitz, R. D. (2016). Guidelines for adult stroke rehabilitation and recovery: a guideline for healthcare professionals from the American Heart Association/American Stroke Association. Stroke, 47(6), e98-e169.
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 et 6,4 American College of Sports Medicine. (2018). ACSM's guidelines for exercise testing and prescription. Lippincott Williams & Wilkins.
  7. 7,0 7,1 et 7,2 Crozier, J., Roig, M., Eng, J. J., MacKay-Lyons, M., Fung, J., Ploughman, M., ... & Tang, A. (2018). High-intensity interval training after stroke: an opportunity to promote functional recovery, cardiovascular health, and neuroplasticity. Neurorehabilitation and neural repair, 32(6-7), 543-556.
  8. 8,0 et 8,1 Fletcher, G. F., Ades, P. A., Kligfield, P., Arena, R., Balady, G. J., Bittner, V. A., ... & Williams, M. A. (2013). Exercise standards for testing and training: a scientific statement from the American Heart Association. Circulation, 128(8), 873-934.
  9. 9,0 9,1 et 9,2 Saunders, D. H., Sanderson, M., Hayes, S., Johnson, L., Kramer, S., Carter, D. D., ... & Mead, G. E. (2020). Physical fitness training for stroke patients. Cochrane Database of systematic reviews, (3).
  10. 10,0 10,1 et 10,2 Saunders, D. H., Greig, C. A., & Mead, G. E. (2014). Physical activity and exercise after stroke: review of multiple meaningful benefits. Stroke, 45(12), 3742-3747.
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