AINS

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Chaque AINS (anti-inflammatoire non-stéroïdien) possède des caractéristiques différentes, dont leur demi-vie et leurs propriétés pharmacologiques, ce qui modulera notre choix de molécule en fonction de la pathologie à traiter.

Il est recommandé d'utiliser la dose efficace la plus faible possible et ce, pour la plus courte durée. L'association de deux AINS devrait être évitée en tout temps, pour minimiser les effets secondaires.

1 Mécanisme d'action des AINS[modifier | w]

Différents stimuli, tant mécaniques que chimiques, activent les enzymes phospholipases A2 contenues dans les membranes cellulaires. Cette activation entraîne la transformation des phospholipides membranaires en acide arachidonique. L'acide arachidonique sera ensuite métabolisée en prostaglandine (rôle dans les processus d'inflammation et de douleur) et en thromboxane A2 (rôle dans l'aggrégation plaquettaire) grâce à l'enzyme cyclo-oxygénase (COX).

Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (les AINS), agissent au niveau des COX en les inhibant. Avant 1990, on ne connaissait qu'une seule COX qui, lorsqu'inactivée par les AINS, entraînait l'inhibition de la synthèse des prostaglandines pro-inflammatoires, des prostaglandines cytoprotectrices de l'estomac et du rein, ainsi que des thromboxanes A2 (plaquettes).

On sait dorénavant qu'il existe deux isoformes COX.

  • COX-1 : Cette enzyme est présente dans la plupart des tissus. Elle est responsable des processus cellulaires normaux et bénéfiques, tels que la protection gastrique, l'homéostasie vasculaire, l'agrégation plaquettaire et la fonction rénale.
  • COX-2: Cet isoforme est surtout présente au niveau du cerveau, des reins, des os et de l'appareil reproducteur féminin. Toutefois, son expression est augmentée au niveau d'autres sites lors d'états inflammatoires.

Au niveau des reins, les AINS provoquent une vasoconstriction de l'artère afférente au glomérule, se traduisant par une diminution du débit de filtration glomérulaire.

2 Voie d'administration[modifier | w]

Le plus souvent, les anti-inflammatoires sont administrés per os. Ils passent donc par le système digestif pour être absorbés dans la circulation veineuse, et seront ensuite métabolisés selon leurs propriétés individuelles, par le foie ou par les reins.

Ils peuvent également être administrés sous forme topique ou par injections intramusculaires (IM).

3 AINS non sélectifs[modifier | w]

En absence de troubles gastro-intestinaux identifiables, les AINS non sélectifs sont un choix à privilégier. Ils ont une efficacité comparable aux inhibiteurs sélectifs de la COX-2 (es Coxibs), mais sont généralement moins dispendieux.

3.1 Noms génériques[modifier | w]

Acide acétylsalicilique AAS (Aspirine)

Diclofénac (Voltaren)

Ibuprofène

Indométhacine

Naproxène

3.2 Effets[modifier | w]

Ils agissent sur la COX-1 et sur le COX-2. Ainsi, ils procurent à la fois des effets bénéfiques (effet anti-inflammatoire, analgésique, antipyrétique et anti-agrégation plaquettaire) et des effets délétères particulièrement au niveau de l'estomac, des reins et du système cardio-vasculaire.

3.3 Effets secondaires indésirables[modifier | w]

Risque gastro-intestinal :

  • Dyspepsie
  • Gastralgie
  • Nausées/ Vomissements
  • Ulcères, hémorragies et perforation

Risque cardiovasculaire :

  • Augmentation moyenne de la tension artérielle de 4 mmHg. Cette augmentation a un effet très modéré chez le sujet normal, mais assez important chez le sujet déjà hypertendu.
  • Insuffisance cardiaque par rétention hydrosodée.

Risque rénale :

  • Oedèmes et hypertension artérielle, par rétention hydrosodée
  • Insuffisance rénale : pré-rénale d'origine hémodynamique, ou rénale avec développement de néphrite interstitielle.

L'atteinte rénale est surtout observée chez les personnes âgées, ou chez les patients déshydratés (utilisation concomitante de diurétiques, sudation intense, vomissements, diarrhée profuse).

Les effets indésirables des AINS sont plus fréquents lors d'une utilisation chronique que ponctuelle.

4 Inhibiteur sélectif de la COX-2[modifier | w]

4.1 Noms génériques[modifier | w]

Célécoxib

Rofécoxib (Ils ont été retirés du marché canadien en 2004. Depuis, il existe qu'un seul inhibiteur COX-2)

4.2 Effets[modifier | w]

Ils ont un effet ciblé sur l'isoforme COX-2, sans inactivé l'isoforme COX-1. Ainsi, ils engendrent une diminution de l'inflammation, tout en minimisant la toxicité et les effets indésirables retrouvés avec les AINS non sélectifs.

Il faut se souvenir que certains patients utilisent de l'AAS dans leurs ordonnances habituelles. Puisque les avantages pharmacologiques du Célécoxib sont annulés par l'utilisation concomitante d'AAS, l'ajout de Célécoxib augmentera leur risque de maladie peptique.

5 Évaluation du risque gastro-intestinal[modifier | w]

Risque gastro-intestinal Traitement
Risque faible Absence de facteur de risque identifiable AINS non sélectif
Risque modéré
  • > 65 ans, mais < 75 ans
  • ATCD ulcus non compliqué des voies digestives hautes
  • Comorbidités (prédispose le patient à une exacerbation de sa condition clinique suite à la prise d'un AINS)
  • Médicaments concomitants (Clopidogrel, Stéroïdes per os, ISRS)
  • Utilisation de plus d’un AINS   
AINS non sélectif + gastroprotection**

(Ou COXIB)

Risque élevé
  • >75 ans
  • ATCD d’ulcus compliqué d’une hémorragie digestive ou d’une perforation
  • Prise de Warfarine (Surveiller l’INR)
COXIB + gastroprotection**

5.1 ** Gastroprotection[modifier | w]

On utilisera un IPP DIE ou du Misoprostol à une dose quotidienne minimale de 800 mcg. Ces médicaments ont démontrés une protection contre les ulcères peptiques et duodénaux associés à l'utilisation d'AINS. C'est pourquoi on privilégie leur usage.

Les anti-histaminiques anti-H2, tels que la Ranitidine et la Famotidine, ont seulement démontré une efficacité dans la protection des ulcères duodénaux. Puisque les AINS ont tendance à induire davantage d'ulcère gastrique que duodénaux, l'intérêt à utilisation des anti-H2 dans cette condition est plutôt limitée.