Électrisation (approche clinique)

De Wikimedica
Électrisation
Approche clinique

Figure de Lichtenberg chez un patient ayant été touché par la foudre
Caractéristiques
Examens paracliniques Formule sanguine complète, Radiographie pulmonaire, ECG, Créatininémie, Gaz capillaire, Troponines, CK, Tomodensitométrie cérébrale, Tomodensitométrie thoracique, Électrolytes sanguins, ... [+]
Drapeaux rouges
Grossesse, Coma, Méléna, Dyspnée (symptôme), Convulsion, Syncope (symptôme), Douleur thoracique (symptôme), Douleur pleurétique (symptôme), Arrêt cardiaque, Douleur abdominale, ... [+]
Informations
Autres noms Électrocution, blessure électrique
Spécialités Orthopédie, Médecine d'urgence, Chirurgie plastique, Cardiologie, Soins intensifs, Chirurgie générale

Page non révisée

Les blessures électriques représentent une forme relativement courante de traumatisme mécanique. En outre, le terme électrisation signifie qu'il y a passage d'un courant électrique à travers le corps alors que le terme électrocution rapporte plutôt à une mort par électrisation.

Épidémiologie

Aux États-Unis, environ 1 000 décès par an sont rapportés à la suite de blessures électriques. Parmi ceux-ci, environ 400 décès sont dûs à des blessures électriques à haute tension, tandis que la foudre en cause entre 50 et 300. De plus, plus de 30 000 accidents par électrisation annuellement ne mèneront pas au décès. Chaque année, environ 5% des admissions dans les unités de grands brûlés aux États-Unis sont reliées à des blessures électriques. Chez les adultes, ces blessures surviennent principalement en milieu de travail et constituent la quatrième cause professionnelle de décès traumatique. Pratiquement toutes les blessures électriques sont accidentelles et donc, évitables.[1]

Étiologies

Une personne peut subir une électrisation (par exemple, un simple choc électrique) via un contact avec un appareil ménager, une rallonge, une prise murale via des circuits domestiques ou industriels.

Plus de 50% des électrocutions se produisant dans un milieu professionnel sont secondaires à un contact avec des lignes électriques, alors qu’environ un quart se produisent à la suite d’un contact avec des machines ou des outils électriques. Un courant électrique à basse tension, tout comme le courant à haute tension, peut entraîner des blessures graves. Les conséquences d'un tel choc dépendent de la durée d'exposition (par exemple, s'il y a tétanie musculaire prolongée), de la taille de l'individu et de l’aire en contact avec la source électrique.[2][3][4][5]

Pour donner une idée d'ordre de grandeur, un téléphone possède un courant AC de 12 volts, le courant au domicile est 120 volts à l'exception de certains appareils (cuisinières, sécheuses et plinthes électriques, etc qui sont à 240 volts AC). Quant à elles, les lignes de distribution d'Hydro-Québec varient entre 2400 à 40 000 volts AC selon leur situation dans le réseau de distribution. [6]

Physiopathologie

Notions de base en électricité

Le flux d'électrons à travers un matériau conducteur se dirige de la plus haute concentration vers la plus faible concentration. Ainsi, le flux suit son gradient de potentiel, le tout générant l'électricité.[1]

Le degré de blessure électrique subie par un individu peut être prédit par les facteurs de Kouwenhoven tels que le type de courant, l'intensité du courant, la durée de l'exposition, la résistance corporelle et la voie empruntée par le courant dans le corps et l'intensité du champ électrique.[1]

La réprésentation mathématique suivante permet l'évaluation de la chaleur produite par une électrisation : J (chaleur en joules) = I2 x R x T où I est le courant, R la résistance et T le temps en secondes[7]

Concept Notion théorique Corrélation clinique
Tension Le gradient de potentiel ou différence de potentiel est défini par la différence entre la plus haute et la plus basse concentration d’électrons ce qui représente le voltage (tension). Cette tension varie selon la source électrique et est exprimée en volts (V).[1] Les blessures électriques peuvent être divisés en deux catégories : bas voltage et haut voltage. Le seuil pour être considéré haut voltage est variable et se situe entre 500 à 1000 V. À titre de référence, l’électricité domestique aux États-Unis est à 110 V avec certains appareils à haute puissance qui peuvent être réglés jusqu'à 240 V. En comparaison, les lignes électriques industrielles et à haute tension peuvent être réglées à plus de 100 000 V.[1]
Courant Décrit la quantité d'énergie (volume d'électrons) circulant le long d'un gradient de potentiel et est mesuré en ampères (A).[1] Cela décrit la quantité d’énergie qui traverse le corps de l’individu affecté par une blessure électrique.[1]
Résistance La résistance (R), mesurée en ohms, est une mesure de la capacité d’un matériau à réduire la quantité de flux électrique qui le traverse.[1]
  • Dans le corps, la résistance varie entre les tissus, en fonction du contenu en eau et en électrolytes.
    • Un contenu plus élevé en électrolytes et en eau (et une plus faible résistance) se trouve dans les vaisseaux sanguins, les neurones et les muscles. Ce sont donc d’excellents conducteurs d’électricité.
    • Les os, la graisse et la peau sont, en revanche, de mauvais conducteurs d'électricité (avec une résistance élevée).
    • La résistance cutanée augmente également avec l'épaisseur, la sécheresse et la kératinisation.
    • Les muqueuses humides et les points d’entrée au niveau de la peau (perforations, lacérations ou abrasions) ont une résistance plus faible.
  • Les tissus avec résistance la plus élevée ont tendance à subir plus de dommage à la suite d'une blessure électrique.
    • En effet, une résistance cutanée élevée entraîne une plus grande dissipation d'énergie, causant des brûlures cutanées, et par le fait même, réduisant les dommages internes lié au peu de conduction s'ensuivant.
    • En comparaison, une faible résistance cutanée peut entraîner des lésions cutanées plus subtiles ou non apparentes et des dommages internes plus étendus dûs à l'énergie électrique transférée aux organes internes.
    • Pour cette raison, l'étendue des brûlures cutanées ne permet pas de prédire le niveau de dommages internes, pas plus que l'absence de brûlures externes ne permet de prédire l'absence de blessures électriques internes.
  • Dans le même ordre d’idées, la résistance des tissus internes détermine le niveau de dommage produit.[1]
Densité de courant Un facteur supplémentaire à considérer est la densité de courant qui est déterminée par l’aire d’une coupe transversale d'un tissu[1]
  • Par exemple, lorsque l'énergie électrique se déplace le long d'un bras qui est principalement composé de tissus à faible résistance comme les muscles, les nerfs, les vaisseaux sanguins, la densité de courant est relativement faible et constante partout.
  • Cela est vrai jusqu'à ce que l'énergie électrique atteigne les articulations (par exemple, le coude, le poignet, les doigts) où une plus grande proportion de l’aire transversale est composée de tissus avec une résistance plus élevée (par exemple, les os, les tendons) et de moins de tissus à faible résistance.
  • Par conséquent, au niveau des articulations, l'énergie électrique se concentre dans le peu de tissus à faible résistance présent.
  • Pour cette raison, c’est au niveau des articulations que les tissus à faible résistance subissent le plus de dommages.[1]
Mise à la terre D'autres déterminants de la gravité des blessures électriques sont la source (le point d'entrée) et la mise à la terre (le point de sortie) du courant.[1]
  • La source la plus courante est une main, suivie de la tête, tandis que la mise à la terre (le ground) la plus courante est généralement un pied.
  • Tout courant traversant la tête peut endommager le système nerveux central.
  • Le cœur est le plus souvent affecté si le courant se déplace d'une main à une jambe ou d'une main à l'autre à travers le torse, le tout pouvant entraîner une arythmie potentiellement mortelle.[1]
Type de courant Le type de courant fait référence au courant alternatif (AC) ou au courant continu (DC). AC, le courant dans les prises électriques domestiques (généralement de 50 Hz à 60 Hz; basse fréquence), change de direction de façon rythmée, tandis que DC, le courant que dans la plupart des piles, circule constamment dans une direction.[1]
Fréquence du courant Seul le courant AC possède une fréquence puisqu’il change de direction de façon rythmée. La notion de fréquence ne s’applique pas au courant DC puisque celui-ci est constant.[1]
  • Le courant alternatif est trois plus dévastateur que le courant continu de même tension.[8]
  • C'est principalement la fréquence du courant alternatif qui détermine l'effet qu'il aura sur le corps. Le courant alternatif à basse fréquence a tendance à provoquer une tétanie (contraction musculaire prolongée), rendant difficile de lâcher la prise à la source de courant et prolongeant ainsi la durée de l'exposition. Pour cette raison, le courant alternatif à basse fréquence provoque souvent plus de dommage que le courant alternatif haute fréquence.[1]
Intensité du champ électrique L'intensité du champ est déterminée en fonction de la quantité de tension rencontrée, en plus de la taille de la zone avec laquelle il entre en contact. Par exemple, une tension très élevée entrant en contact avec une grande surface peut avoir une intensité de champ égale ou peut-être même inférieure à une tension beaucoup plus petite entrant en contact avec une surface beaucoup plus petite. Pour cette raison, les blessures à basse tension (réparties sur une zone plus petite) peuvent souvent entraîner la même quantité de dommages que les blessures à haute tension (réparties sur une plus grande surface).[1]
  • L'intensité du champ électrique doit être prise en compte lors de la détermination du niveau de lésion tissulaire.
    • Un champ électrique de faible intensité est associé à une sensation immédiate et inconfortable («choc») qui n'entraînera aucune blessure significative.
    • Un champ électrique d'intensité élevée, en revanche, a tendance à entraîner des dommages électrochimiques ou thermiques aux tissus affectés avec un risque de provoquer la coagulation des protéines et la nécrose secondaire, l'hémolyse, la thrombose, l'avulsion musculaire ou tendineuse ou la déshydratation.
  • En plus de la blessure électrique elle-même, une électrisation dans un champ électrique à haute intensité peut entraîner un œdème tissulaire massif (secondaire à une thrombose, une congestion vasculaire et un œdème musculaire suite aux dommages), conduisant potentiellement à un syndrome du compartiment. Une déshydratation (associée à l'hypovolémie et l'hypotension) peut également survenir à la suite de cet œdème tissulaire. Des lésions musculaires graves peuvent entraîner la rhabdomyolyse, la myoglobinurie, l'insuffisance rénale aigue et des troubles électrolytiques supplémentaires. [1]
Arc électrique Un arc électrique est une forme de décharge électrique qui se produit entre deux électrodes lorsque le courant électrique ionise les gaz présents dans l'air. Ce type de courant, également appelé plasma, le courant qui traverse un milieu qui est normalement non conducteur, a la densité de courant la plus élevée et est souvent lumineux.

Bien que dans la nature, les arcs électriques se présentent sous forme d'éclair, il s'agit également d'un type de courant électrique qui peut être utilisé industriellement (par exemple, soudage, coupage au plasma, éclairage fluorescent).

Des arcs indésirables peuvent également se produire en raison de disjoncteurs, interrupteurs ou points de contact électrique mal installés. Si une personne subit une brûlure par arc électrique, des lésions cutanées seront visisbles au point de source et au(x) point(s) de contact avec le sol. [2]

Les blessures par arc électrique sont moins communes, mais sont dévastatrices. L'électricité peut traverse 2- cm par 10 000V et voyager 10 pieds ou plus vers sa cible. Les températures aux points de contact peuvent atteindre 2000-4000°C, menant à des dommages tissulaires sévères.[7]

  • Ces lésions présentent un centre sec caractéristique semblable à du papier parchemin entouré d'un rebord de congestion.
  • En fonction de l'emplacement de ces blessures, on peut déterminer le chemin probable de l'arc à travers le corps. Les arcs peuvent également provoquer des brûlures électrothermiques, par flash ou par flamme en plus des brûlures électriques; par conséquent, une variété de plaies peuvent être observées chez les personnes touchées.[2]
Courant de relâchement Le courant de relâchement fait référence à la quantité de courant (ampérage) qui permettra encore à un individu de lâcher la source, même si une contraction musculaire est induite.
  • La plupart des humains peuvent percevoir l'énergie électrique, au toucher, à un courant de 1 mA. La quantité d'ampérage tolérée par individu (courant de relâchement) varie en fonction de sa taille (c'est-à-dire de sa masse musculaire et de son poids). Un homme moyen de 70 kg, par exemple, aura un courant de relâchement d'environ 75 mA pour du courant continu et 15 mA pour du courant alternatif.
  • La plupart des enfants peuvent tolérer un courant de relâchement de 3 mA à 5 mA, ce qui est beaucoup plus faible que le courant généré par la plupart des disjoncteurs (l'interrupteur électrique conçu pour interrompre un flux électrique lorsqu'il y a un excès de courant électrique dans la maison).[1]

Courant alternatif à basse vs haute tension

Courant alternatif à basse tension Courant alternatif à haute tension[7]
  • Brûlures superficielles (peuvent être la seule conséquence)
  • Blessures importantes si contact prolongé/tétanie musculaire[note 1]
  • Arythmies
  • Arrêt cardio-respiratoire
  • Convulsions
  • Brûlures thermiques graves
  • Perte tissulaire massive
  • Brûlures par allumage des vêtements
  • Asystolie et mort subite
  • Morbidité plus élevée
  • Mortalité plus élevée

Classification

Il existe quatre principaux types de blessures électriques :

  1. Les blessures par flash : Elles sont causées par un arc flash et sont généralement associées à des brûlures superficielles, car aucun courant électrique ne traverse la peau.
  2. Les blessures causées par flamme : Elles se produisent lorsqu'un arc flash enflamme les vêtements d'un individu. Un courant électrique peut ou non passer la peau dans ces cas.
  3. Les blessures causées par la foudre : Elles impliquent une énergie électrique extrêmement courte, mais à très haut voltage. Elles sont associées à un courant électrique traversant tout le corps de l’individu touché. Elles causent une dépolarisation de tout le myocarde qui reprend spontanément un rythme et une circulation spontanée chez 70% des blessés. Elles provoquent une relâche des cathécholamines circulantes. L'arrêt respiratoire associé à un arrêt des centres respiratoires, une tétanie et une paralysie prolongée des muscles respiratoires est la principale cause de mortalité par arrêt cardiaque anoxique de ce type de blessure. Chez les survivants, elles peuvent être responsables de dommage neurocognitif à long terme avec douleur chronique appelé le syndrome post-choc électrique.[9] Elles représentent environ 50 à 100 décès par année aux États-Unis.[8]
  4. Les blessures électriques vraies : Elles impliquent qu'une personne fasse partie d'un circuit électrique. Dans ces cas, un site d'entrée et de sortie est généralement trouvé.[1]

Approche clinique

Questionnaire

L'élément primordial à obtenir au questionnaire est de caractériser l'exposition au courant électrique :

  • le voltage
  • l'ampérage
  • le type de courant (alternatif ou continu)
  • la fréquence du courant
  • la durée d'exposition au courant électrique.

Par la suite, il faut rechercher les symptômes en lien avec les complications de l'électrisation.

Symptômes en fonction de la complication recherchée
Système Symptômes à rechercher Complications recherchées
Cardiaque
  • Arythmies : tachycardies sinusales, troubles du rythme supraventriculaires, tachycardie et fibrillation ventriculaire
  • Troubles de la conduction: blocs de branches, allongement du QT
  • Atteintes myocardiques directes ou secondaires
  • Infarctus du myocarde
  • Arrêt cardiaque via asystolie, fibrillation ventriculaire ou anoxie[10]
  • Aggravation d'une cardiopathie pré-existante[6]
Pulmonaire
  • Arrêt respiratoire via atteinte centrale ou tétanisation des muscles respiratoires[10]
  • Lésions pleurales
  • Hydrothorax
  • Lésions du parenchyme pulmonaire : atélectasies, infarctus
  • Ruptures des bronches, rupture alvéolaires[10]
  • Asphyxie (oèdeme aigu du poumon)[6]
  • Pneumothorax
  • Blocage de l'épiglotte[6]
  • Laryngospasme [6]
Gastro-intestinal
  • Hémorragie digestive
  • Perforation d'organe creux
  • Iléus paralytique
  • Ulcération gatro-intestinales
  • Fistules
  • Nécrose ou perforation de la vésicule bilaire
  • Pancréatite aigue
  • Nécrose hépatique[10]
Rénal
  • Nécrose parenchymateuse
  • Lésions vasculaires
  • IRA (secondaire à sy du compartiment entrainant rhabdomyolyse et une NTA)
  • Néphropathie tubulo-interstitielle[10]
Neurologique Apparition immédiate après l'incident ou différée jusqu'à plusieurs mois/ année après l'insulte initale.
  • Décès/coma profond par atteinte partielle ou totale du cerveau/cervelet ou tronc
  • Encéphalopathie anoxique après un arrêt cardiaque
  • Infarctus
  • Oedème cérébral
  • Saignements intracraniaux
  • Neuropahties périphériques
  • Atteinte médullaire
  • Atteinte du système neurveux végétatif
  • Troubles cognitifs et psychoogique[10]
  • Commotion [6]
Musculosquelettique
  • Fractures et luxations
  • Lésions musculaire électrochimiques, électriques ou ischémiques (nécrose)[10]
  • Syndrome du compartiment
Cutanées
  • Brûlures
Ophtalmologiques
  • Kératoconjonctivite
  • Brûlures cornéennes
  • Cataractes d'apparition retardées
  • Uvéite
  • Décollement de la rétine
  • Hémorragie du vitré
  • Atteinte du nerf optique[10]
Obstétricales

Examen clinique

Signes à rechercher à l'examen physique en fonction des complications mentionnées ci-haut
Examen Signes à rechercher à l'examen physique
Cardiovasculaire
  • Rythme cardiaque irrégulier (arythmie)
  • Tachycardie
  • Bruits cardiaques anormaux
  • Pouls périphériques asymétriques
  • Hypotension
  • Pâleur
  • Froideur des extrémités
Pulmonaire
  • Auscultation pulmonaire anormale :
    • Bruits surajoutés (ex: crépitants)
    • Asymétrie de l'auscultation
    • Diminution du murmure vésiculaire
    • Stridor
Abdominal
  • Auscultation : bruits intestinaux diminuées
  • Percussion : matité ou tympanisme anormal
  • Palpation : douleur à la palpation superficielle ou profonde
  • Abdomen chirugical : défense involontaire, ressaut positif
Neurologique
  • Un examen neurologique complet et approfondi doit être réalisé et répéter afin de déceler toute anomalie neurologique comme de l'activité convulsive.
Ophtalmologique
  • Nystagmus
  • Rougeur oculaire [10]
Musculosquelettique
  • Déformation d'un membre
  • Oedème
  • Aspect tendu au niveau d'un membre à la palpation
  • Disparition des pouls périphériques
  • Pâleur d'une extrémité
  • Paralysie
  • Troubles neurologiques périphériques
  • Lésions cutanées[10]
Dermatologique
  • Brûlure
  • Point d'entrée et point de sortie
  • Figure de Lichtenberg

Drapeaux rouges

Les principaux drapeaux rouges à rechercher sont :

Examens paracliniques

Laboratoires

Des tests de laboratoire devraient être envisagées chez tout patient subissant une lésion électrique et comprennent :

Imagerie

Des imageries peuvent également être envisagées, selon le type de blessure et les plaintes associées.

  • Une radiographie pulmonaire est justifiée pour tout patient qui présente un arrêt cardiaque ou respiratoire, une douleur thoracique, une dyspnée, une hypoxie, une chute ou un traumatisme contondant ou qui a nécessité d’une réanimation cardio-pulmonaire.
  • Une tomodensitométrie cérébrale est justifiée pour tout patient présentant un état de conscience altéré, un traumatisme crânien à l’histoire, une perte de conscience, une convulsion ou tout déficit neurologique focal. De plus, ces patients doivent être immobilisés au niveau du rachis cervical, et une imagerie du rachis cervical devrait également être envisagée (pourrait ne pas être justifiée chez un patient sans déficit neurologique focal, sans changement d'état mental ou sans blessure significative).[1]

La gravité d’une blessure électrique n’est pas liée à l’étendue des brûlures externes, de sorte que l’absence de brûlure externe ne prédit pas l’absence de dommage interne. En fonction du contexte, certains patients peuvent nécessiter :

ECG et monitoring cardiaque

Dans les urgences du Québec, la prise en charge est basée sur un algorithme de traitement. En effet, une surveillance par télémétrie pour 24 heures est recommandée dans les cas suivants :

  • une arythmie en période préhospitalière
  • une perte de conscience
  • un voltage à plus de 750 volts
  • une brûlure du troisième degré au point d'entrée
  • un ECG anormal[note 2].

Tous les patients qui subissent une électrisation devrait avoir un ECG.

  • Les patients avec un ECG normal peuvent retourner à la maison en toute sécurité après un examen physique approfondi. La plupart des patients qui ne présentent aucune lésion ou anomalie cardiaque significative lors de l'évaluation initiale sont peu susceptibles de développer des anomalies cardiaques après 24 à 48 heures.[11][12][13][14]
  • Les enfants subissant une exposition électrique à un courant domestique à basse tension sans blessure significative ni antécédent cardiaque préexistant peuvent aussi être retournés à la maison après un examen physique approfondi.[1]
  • Les femmes enceintes représentent une population particulière, ainsi même avec un ECG normal, il est indiqué d'évaluer l'activité utérine et foetale par un profil biophysique.[6]

Avec un ECG normal et si le patient ne remplit aucun des critères dictant la nécessité d'une surveillance prolongée, le patient pourra être congédié.

Traitement

Généralités

Contenu TopMédecine
  • Prise en charge des patients électrisés (MU)

Les victimes de blessures électriques doivent être considérées à la fois comme des polytraumatisés et des patients avec atteintes cardiaques.

Le diagnostic et la gestion des blessures électriques sont idéalement effectués avec une équipe interprofessionnelle qui comprend un médecin du service des urgences, un chirurgien, un traumatologue, un anesthésiste et un spécialiste des brûlures.

De plus, lors de la prise ne charge, le clinicien doit garder un haut niveau de suspicion pour de possibles blessures inapparentes.[15]

Évaluation primaire et réanimation initiale

À leur arrivée à l’urgence, les patients ayant subi une électrisation devraient être stabilisés et recevoir un support respiratoire et circulatoire au besoin (selon les protocoles ACLS et ATLS). Ainsi, l'ABC doit être effectué rapidement et des manoeuvres de réanimation agressives et prolongées devraient être effectuées chez tous les patients avec blessures électriques dans les premières heures. En outre, selon le type de traumatisme ou de blessure subi, le patient peut nécessiter une immobilisation cervicale. [1] Tous les patients devraient être considérés comme ayant des dommages multisystémiques, incluant des fractures du rachis cervical, jusqu'à preuve du contraire. Une évaluation primaire évaluant les blessures traumatiques (exemple : pneumothorax, fractures) doit être effectuée dès que possible.[1]

L'électrisation peut engendrer de graves conséquences au niveau hémodynamique via d'intenses dommages tissulaires. Par conséquent, l'aspect le plus important est la réanimation liquidienne et elle ne doit pas être sous-estimée.[15] La formule de Parkland peut s'avérer utile afin de calculer les besoins liquidiens sur une période de 24h des patients ayant subi des brûlures.

Prise en charge des patients ayant subis une électrisation
Intervention Indications
Monitoring cardiaque
  • Une blessure plus importante qu'une brûlure mineure à basse tension.[1]
Admission
  • Arrêt cardiaque ou respiratoire
  • Une perte de conscience
  • Des douleurs thoraciques
  • Une hypoxie
  • Une arythmie
  • Un traumatisme
  • Des brûlures importantes
  • Anomalies à l'ECG
Voies IV
  • Tous les patients adultes qui ont subi une blessure électrique.
    • Un accès IV central doit être envisagé lors de trauma significatif associé, d’un arrêt cardiorespiratoire ou d’une perte de conscience.[1]
Mesure de la saturation en O2
  • Tous les patients
Protection des voies respiratoires (ventilation, intubation ou cricothyroïdotomie) et oxygène
  • Brûlures au visage ou à la bouche
  • Une hypoxie
  • Une détresse respiratoire
  • Une perte de conscience
  • Autres problèmes entraînant des difficultés à protéger les voies respiratoires [1]
Réanimation liquidienne
  • Brûlures importantes
  • Suspicion de rhabdomyolyse (myoglobinurie avec urines couleur coca)[16]
  • Une solution saline isotonique comme le lactate ringer peut être utilisée.[15]
Sonde urinaire
  • Afin de suivre le débit urinaire (objectif de débit urinaire de 0.5ml/kg/h s'il n'y a pas de signes de myoglobinurie et plus de 1ml/kg/h si cette dernière est présente).[15]
  • Surveiller la présence d'hématurie ou d'urines foncées (éléments qui pourraient suggérer une nécrose tubulaire aigue secondaire à la myoglobinurie.[15])
Vaccination pour le tétanos
  • Tous les patients dont le vaccin antitétanique n'est pas à jour (> 10 ans) et qui ont des brûlures ou des lacérations
Débridement chirurgical
  • En fonction du contexte clinique pour les patients avec des brûlures importantes
Fasciotomie[15]
  • En cas de syndrome du compartiment
  • La reconnaissance et le traitement précoce des syndrome de compartiment sont critique pour maximiser la préservation des extrémités et la fonction à long terme.

Suivi

Avant le congé, les patients doivent être informés des sources potentielles d'exposition à la maison et au travail, en plus de tout effet potentiel à long terme de leurs blessures électriques (par exemple, neurologiques, psychologiques ou physiques). Un suivi doit être organisé en cas de besoin.[1] Le suivi dépend grandement de la nature et de l'étendue des blessures subites initalement.[15]

Complications

Complications possibles en fonction du système atteint[6][1][7][8]
Système Complication
Musculosquelettique
Vasculaire
Dermatologique
Cardiaque[note 4]
Pulmonaire[note 8]
Neuropsychiatrique
Autre

Pédiatrie

Environ 20% de toutes les blessures électriques surviennent chez les enfants. Ces accidents se produisent surtout à domicile. L'incidence est la plus élevée chez les tout-petits et les adolescents.[1]

Les enfants peuvent subir des blessures électriques à basse tension en mordant ou en mâchant un fil électrique.[2][3][4][5]

Les patients pédiatriques peuvent présenter des brûlures buccales dues à la morsure ou à la succion d'un fil électrique ou d'un appareil.[1]

Un arc électrique se forme souvent d'un côté à l'autre de la bouche, ce qui peut entraîner une atteinte du muscle orbiculaire ou une déformation potentielle de la lèvre si la brûlure traverse la commissure buccale. Il peut y avoir une quantité importante d'œdème associé, ainsi qu'une formation d'escarres deux à trois jours suivant la blessure. Si l'escarre touche l'artère labiale, il peut y avoir des saignements sévères lorsque l'escarre tombe après deux à trois semaines. Ces patients doivent donc être étroitement surveillés et bénéficier d'un suivi adéquat avec des spécialistes des brûlures et des chirurgiens bucco-dentaires ou plasticiens.

Notes

  1. Le courant à haute tension (supérieur à 500 V à 1000 V) entraînera généralement des brûlures profondes, tandis que le courant à basse tension (110 V à 120 V) est plus susceptible d'entraîner de la tétanie. La tétanie musculaire se produit généralement en réponse à une stimulation électrique à une fréquence de 40 Hz à 110 Hz (plage dans laquelle se trouve la plupart des courants domestiques). Si cette contraction musculaire se produit dans la main, la contraction des fléchisseurs amènera l'individu affecté à saisir la source et à prolonger le contact avec la source électrique.
  2. Toute anomalie incluant par exemple une tachycardie ou une bradycardie sinusale, une ou des extrasystoles ventriculaires ou un ECG qui diffère d’un ECG antérieur.
  3. Les lésions cutanées secondaires aux blessures électriques sont souvent les plus dévastatrices après les complications cardiaques. Les brûlures externes peuvent sembler mineures malgré des blessures internes importantes (par exemple avec les brûlures électrothermiques à haute tension) et peuvent nécessiter des interventions chirurgicales (amputation, fasciotomie, débridement, greffes, etc). Les brûlures sont généralement plus graves au point de contact de la source (entrée) et à la mise à la terre (sortie). La gravité des autres dommages dépend fortement de l'intensité et de la durée du contact avec la source.
  4. Les blessures électriques entraînant des séquelles cardiaques à long terme demeurent rares.
  5. Une induction retardée des arythmies est possible jusqu'à une à deux semaines après la blessure électrique.
  6. La fibrillation ventriculaire peut se produire ors d'une exposition à une tension aussi basse que 50 à 120 mA (c'est-à-dire inférieure au courant accessible le plus élevé dans la plupart des ménages).
  7. Aggravation d'une cardiopathie pré-existante ou des dommages directs au myocarde
  8. Contrairement aux myocytes cardiaques, le tissu pulmonaire est un mauvais conducteur, et subit donc rarement des blessures électriques directes.
  9. L'arrêt respiratoire peut également être causé par la dépression du centre de la respiration pouvant mener à l'arrêt cardiaque et au décès.
  10. La tétanisation de l'appareil respiratoire peut augmenter la pression dans les voies respiratoires et causer une rupture alvéolaire et un pneumothorax.

Références

__NOVEDELETE__
  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 1,14 1,15 1,16 1,17 1,18 1,19 1,20 1,21 1,22 1,23 1,24 1,25 1,26 1,27 1,28 1,29 et 1,30 Michael R. Zemaitis, Lisa A. Foris, Richard A. Lopez et Martin R. Huecker, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28846317, lire en ligne)
  2. 2,0 2,1 2,2 et 2,3 Tarak K. Trivedi, Charles Liu, Anna Liza M. Antonio et Natasha Wheaton, « Injuries Associated With Standing Electric Scooter Use », JAMA Network Open, vol. 2, no 1,‎ (ISSN 2574-3805, PMID 30681711, Central PMCID 6484536, DOI 10.1001/jamanetworkopen.2018.7381, lire en ligne)
  3. 3,0 et 3,1 Yaakov Daskal, Alexander Beicker, Mickey Dudkiewicz et Boris Kessel, « [HIGH VOLTAGE ELECTRIC INJURY: MECHANISM OF INJURY, CLINICAL FEATURES AND INITIAL EVALUATION.] », Harefuah, vol. 158, no 1,‎ , p. 65–69 (ISSN 0017-7768, PMID 30663297, lire en ligne)
  4. 4,0 et 4,1 M. E. Bailey, H. K. R. Sagiraju, S. R. Mashreky et H. Alamgir, « Epidemiology and outcomes of burn injuries at a tertiary burn care center in Bangladesh », Burns: Journal of the International Society for Burn Injuries, vol. 45, no 4,‎ , p. 957–963 (ISSN 1879-1409, PMID 30612889, DOI 10.1016/j.burns.2018.12.011, lire en ligne)
  5. 5,0 et 5,1 S. Von Caues, C. I. Herbst et S. A. Wadee, « A retrospective review of fatal electrocution cases at Tygerberg Forensic Pathology Services, Cape Town, South Africa, over the 5-year period 1 January 2008 - 31 December 2012 », South African Medical Journal = Suid-Afrikaanse Tydskrif Vir Geneeskunde, vol. 108, no 12,‎ , p. 1042–1045 (ISSN 0256-9574, PMID 30606289, DOI 10.7196/SAMJ.2018.v108i12.13131, lire en ligne)
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 6,4 6,5 6,6 6,7 et 6,8 « Électrisation.pdf ». Consulté le 22 décembre 2020. http://www.urgencehsj.ca/wp-content/uploads/%C3%89lectrisation.pdf.
  7. 7,0 7,1 7,2 et 7,3 Gabrielli, Andrea., Layon, A. Joseph., Yu, Mihae. et Civetta, Joseph M., Civetta, Taylor, & Kirby's critical care, Lippincott Williams & Wilkins, (ISBN 978-0-7817-6869-6 et 0-7817-6869-1, OCLC 253189100, lire en ligne)
  8. 8,0 8,1 et 8,2 Albert, Richard K., Clinical critical care medicine, Mosby-Elsevier, (ISBN 978-0-323-07033-1 et 0-323-07033-7, OCLC 324998130, lire en ligne)
  9. Sinz, Elizabeth,, Navarro, Kenneth, et American Heart Association,, ACLS for experienced providers : manual and resource text (ISBN 978-1-61669-313-8 et 1-61669-313-4, OCLC 856653014, lire en ligne)
  10. 10,00 10,01 10,02 10,03 10,04 10,05 10,06 10,07 10,08 10,09 10,10 10,11 10,12 et 10,13 Losser, Marie-Reine, et Carole Chahine. « Accidents dus à l’électricité ». EMC Pathologie Professionnelle et de l’environnement 16-515-A-10 (1 janvier 2009).
  11. Andrea M. Pawlik, Alina Lampart, Frank P. Stephan et Roland Bingisser, « Outcomes of electrical injuries in the emergency department: a 10-year retrospective study », European Journal of Emergency Medicine: Official Journal of the European Society for Emergency Medicine, vol. 23, no 6,‎ , p. 448–454 (ISSN 1473-5695, PMID 25969345, DOI 10.1097/MEJ.0000000000000283, lire en ligne)
  12. Chris Davis, Anna Engeln, Eric L. Johnson et Scott E. McIntosh, « Wilderness Medical Society practice guidelines for the prevention and treatment of lightning injuries: 2014 update », Wilderness & Environmental Medicine, vol. 25, no 4 Suppl,‎ , S86–95 (ISSN 1545-1534, PMID 25498265, DOI 10.1016/j.wem.2014.08.011, lire en ligne)
  13. Joshua Gentges et Christoph Schieche, « Electrical injuries in the emergency department: an evidence-based review », Emergency Medicine Practice, vol. 20, no 11,‎ , p. 1–20 (ISSN 1559-3908, PMID 30358379, lire en ligne)
  14. Donald H. Lee, Mihir J. Desai et Erich M. Gauger, « Electrical Injuries of the Hand and Upper Extremity », The Journal of the American Academy of Orthopaedic Surgeons, vol. 27, no 1,‎ , e1–e8 (ISSN 1940-5480, PMID 30278017, DOI 10.5435/JAAOS-D-17-00833, lire en ligne)
  15. 15,0 15,1 15,2 15,3 15,4 15,5 et 15,6 « Electrical Injuries Treatment & Management: Medical Therapy, Surgical Therapy, Preoperative Details », 18 novembre 2019. https://emedicine.medscape.com/article/433682-treatment#d15.
  16. Hall, Jesse B., Schmidt, Gregory A., Wood, Lawrence D. H. et Abella, Benjamin S., Principles of critical care (ISBN 0-07-147947-3, 978-0-07-147947-9 et 1-280-45709-0, OCLC 313470822, lire en ligne)
Les sections suivantes sont remplies automatiquement et se peupleront d'éléments à mesure que des pages sont crées sur la plateforme. Pour participer à l'effort, allez sur la page Gestion:Contribuer. Pour comprendre comment fonctionne cette section, voir Aide:Fonctions sémantiques.